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Messages recommandés

Tu y prends gout :P

"Oh, Monsieur et maître, la misère est grande. Les fantômes que j'ai conjurés, je ne vais plus pouvoir m'en dépêtrer"

 

Goethe.

 

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Invité Skynet

Je suis intrigué j'avoue ^^, il me semble qu'il y a le même acteur en plus ! Si j'aime son film je continuerai dans le genre, mais j'me suis renseigné un peu et faut toujours rester ouvert en regardant ses films donc j'mattends à des trucs bien spéciaux. Un peu comme pour Twin peaks quoi ^^

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C'est bien avec Kyle MacLachlan ;)

"Oh, Monsieur et maître, la misère est grande. Les fantômes que j'ai conjurés, je ne vais plus pouvoir m'en dépêtrer"

 

Goethe.

 

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Blue Velvet c'est l'un de ses films les plus abordables, donc pour entrer dans sa filmo, c'est un bon point d'ancrage. Personnellement j'ai vu tous ses films, mis à part Twin Peaks, fire walk with me que je me réserve pour plus tard. Je te conseille vraiment le trio Blue Velvet, Lost Highway, et Mulholland Drive. Après il a fait de très beaux films en dehors de ça, Elephant Man, Sailor et Lula, et Une histoire vraie, c'est top aussi. Quant à Dune c'est spécial et la plupart n'aiment pas (Lynch lui-même déteste). Personnellement j'ai trouvé ça inégal mais génial par moments (et parfois ridicule). Enfin, son premier film, Eraserhead, et son dernier, Inland Empire, sont les moins abordables. Je ne suis pas trop fan du premier, qui m'a beaucoup perturbé sans pour autant que je sois à fond dedans. Pour Inland Empire je ne cesse de défendre et vanter les mérites de ce film, car l'art lynchéen y est à mon sens poussé à son paroxysme. Bref, une très, très belle filmographie. ;)

 

Donnie Darko c'est de la bombe, dans mon top 10.

Modifié par Best_07

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Invité Skynet

Donnie darko : belle claque. Très très bon film. ça fait longtemps que j'ai pas vu un aussi bon film p*****, je commençais à être déçu.

 

Par contre il y a une énorme incohérence avec le reacteur, même si l'explication seconde pourrait differer de la premiere.

 

Modifié par Skynet
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Mulholland Drive :wub:

Nettement mon préféré dans ceux que j'ai vu.

 

Si je t'agace à l'avenir, tu n'as qu'à écrire "silencio" et je me tairais volontiers. :wub:

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Mulholland Drive :wub:

Nettement mon préféré dans ceux que j'ai vu.

Dans mon top 3, à égalité avec Lost Highway qui est plus trash, mais extraordinaire également.

"Oh, Monsieur et maître, la misère est grande. Les fantômes que j'ai conjurés, je ne vais plus pouvoir m'en dépêtrer"

 

Goethe.

 

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Invité Skynet

pj je te conseille vivement Donnie darko si tu n'as pas encore vu. Un très bon film.

Là je m'attaque à blue velvet, et après si ça me plait je regarderai Mulholland Drive alors.

 

 

Inland Empire j'en ai entendu parlé comme d'un délire pro Lynch, d'un film qui correspond qu'à lui. Ca m'interesse et ça me fait peur en même temps.

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Skynet : je te conseille, effectivement, de te faire la plupart de sa filmographie avant de voir Inland Empire. Ça t'aidera à mieux appréhender ce film, qui ne peut pas être regardé sans avoir un minimum conscience du travail de David Lynch (d'ailleurs des extraits du film sont tirés d'une autre de ses séries télé).

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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J'ai vu Funny Games, l'original.

Quelques petites différences qui me font préférer le remake : Le montage est légèrement moins bon, la photographie aussi. Et surtout, le duo de parents est beaucoup moins fort que Naomi Watts/Tim Roth. Même le gosse en rajoute trop. En revanche, le duo de golfeurs est très bon, surtout l'acteur qui jouait déjà dans Benny's Video.

 

Et demain on va tous au cinéma pour voir Naomi Watts se faire prendre ! :)

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Allez tous voir EFFETS SECONDAIRES au cinéma. Du très grand Soderbergh.

Puis p*****, Mara-Zeta-Jones, god damnit !

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Critiques de films sortis récemment en salles, si ça peut vous convaincre de les voir (ou pas).

 

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Warm Bodies : PAS TERRIBLE

 

 

Après avoir humanisé le vampire à travers une saga vaguement célèbre, le cinéma se met aujourd'hui à humaniser l'impensable : le mort-vivant. Cela passe évidemment par un beau gosse de service, Nicholas Hoult, qui fera fondre le cœur des spectatrices aux ovaires fraîchement naissantes comme il fait fondre Teresa Palmer, sorte de Kristen Stewart blonde (en plus sexy). Ce zombie errant, « R » pour les intimes (pour tout le monde en fait), passe ses journées à se dégourdir les jambes dans un aéroport en compagnie de ses amis tout aussi lent et grognard que lui.

 

Cet aéroport, vestige d'une humanité passée, représente la fracture qui s'est opérée et qui a condamné l'ensemble de la population, aujourd'hui en grande majorité morte-vivante, malgré une poche de résistance où quelques humains vivent encore plus ou moins en paix, bien que plongés dans une psychose constante. Le film ne reviendra jamais sur les causes de la catastrophe, laissant aux spectateurs la possibilité de choisir parmi tout l'imaginaire zombiesque qu'il possède. Nous entrons donc dans le film par l'intermédiaire de R, dont la voix-off distille les premières informations essentielles à la bonne compréhension de l'histoire.

 

Très vite nous trouvons ça tout à fait normal de nous prendre de compassion pour un mort-vivant, et l'humour qui est utilisé, certes plutôt limité, s'avère efficace. On joue clairement sur les caractéristiques du zombie pour mieux les tourner en dérision et faire de cet objet de « terreur » un être ô combien maladroit et attachant. Ça n'est pas si étonnant en soi car le zombie a toujours été le monstre du « ridicule », celui avec lequel on s'amuse le plus. Un zombie c'est « fun », alors pourquoi ne pas en faire carrément un héros ?

 

Cette tentative, plutôt rafraîchissante, et loin d'être désagréable, ne fera pas non plus date dans cette année cinématographique, et malgré l'œil attendri qu'on pourra avoir à l'égard de cette œuvre généreuse, il n'y a pas de quoi crier au génie. Elle devrait cependant fonctionner auprès du public-cible, celui des adolescents qui, en grand nombre dans ma salle, semblent être tombés sous le charme. Le film est léger et optimiste et là où il est vraiment intéressant, c'est qu'en réponse à la plus grande question posée par toutes les histoires de zombies : comment les terminer ? (question qui hante littéralement les scénaristes), Jonathan Levine apporte une réponse à laquelle peu de monde aurait pensé, tant nous sommes pour la plupart englués dans une optique contamination/remède. Cette réponse c'est l'amour, qui va justifier cette amourette improbable, faisant vraisemblablement partie du cahier des charges.

 

En effet, R va rencontrer la fille de ses rêves en... mangeant le cerveau de son petit ami. Fait suite à cette rencontre pas comme les autres une prise de conscience mutuelle (tu peux aimer / je peux aimer) qui va partir de la cellule intimiste (toi et moi) pour générer une « révolution », pour se répandre (comme un remède) à la cellule universelle (vous et nous). La solution de facilité pour rendre cette rencontre, cette reconnexion entre morts et vivants, possible, va être la présence de morts-vivants en quelque sorte plus hauts gradés, qu'on appellera les « osseux ». En dépit du fait qu'ils soient très mal faits et pas terrorisants pour un sou, j'ai eu un peu de mal avec ce côté « troisième espèce » car, quelque part, ça empêche la véritable confrontation entre morts-vivants et humains, leur offrant une issue de secours trop facile.

 

Dans l'ensemble le film possède donc tous les atouts d'une comédie romantique originale, mais aussi tous les défauts d'un film pour teenagers : réalisation clipesque, chansons incessantes, personnages peu (ou pas) creusés, photographie artificielle etc. Néanmoins, le message du film, même si évidemment niais, a des vertus certaines. Reprendre du Romeo et Juliette en changeant volontairement la fin pour donner un peu d'espoir, un peu de « vie », à un public attendant impatiemment le printemps, ce n'est pas aussi repoussant que ça et ça mérite bien une légère sympathie de ma part.

 

Bien sûr on grimacera sur du Outro et on tirera la gueule devant la manière dont John Malkovich et Analeigh Tipton sont sous-exploités, mais le réalisateur du raté 50/50, trouve peut-être un terrain de jeu où il est plus à l'aise et où il a moins de pression sur les épaules. Ce terrain-là, c'est celui du teen movie, et aussi miné soit-il, ça ne fait jamais de mal de s'y perdre de temps à autres, tant qu'on met les pieds au bon endroit.

 

 

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La Religieuse : PAS MAL

 

 

Alors que le regretté Claude Miller adaptait, en novembre dernier, un roman de François Mauriac, afin de dresser le portrait d'une femme emprisonnée par un mariage arrangé, Guillaume Nicloux adapte, quant à lui, un roman de Diderot, qui traite d'un emprisonnement d'une toute autre nature mais au moins aussi dérangeant : la religion. Pauline Étienne incarne cette adolescente qui, cadette d'une famille de trois enfants, est contrainte par ses parents à la situation financière en péril de rejoindre un couvent. Ceci dans l'intention de les délester d'un poids, d'une charge, devenue trop encombrante.

 

D'abord passive, comme l'était Thérèse, elle va finir par se rebeller, comme l'a fait Thérèse, et agir telle une révoltée, qui en essayant de faire valoir ses droits (ici, le droit de vivre, d'aimer, d'être libre) va aussi contribuer à faire bien plus, donnant l'impression d'être presque la voix d'une révolution féminine (je préfère ce mot au « féminisme », à mon sens détestable). Quand on sait que l'action se situe (temporellement) à quelques années de la révolution française, un écho a forcément lieu, même si nous sommes très loin ne serait-ce que des prémisses du « renversement d'ordre » ; et ce n'est de toute façon pas le propos. Mais le côté « je ne me laisserai pas abattre et je finirai un jour par relever la tête », a évidemment un penchant très révolutionnaire qui ne laisse pas indifférent.

 

Car pour en subir des épreuves, jusqu'à laisser penser qu'elle ne se relèvera jamais, ça, Pauline, elle en subit. C'est d'ailleurs ce qui peut rendre le film difficile à suivre, car on est finalement face à une lente torture, qui se transmet de figure dominante (Louise Bourgoin) en figure dominante (Isabelle Hupert). Ressort par ailleurs de toute l'esthétique du film ce côté austère, froid, qui part des murs du convent et traverse l'écran. Une ombre glaciale plane évidemment sur le film, sur la photographie, et le générique d'ouverture n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui d'Amour, de Michael Haneke. Cette photographie et cette esthétique réfrigérantes, bien que pesantes au bout d'un certain temps, restent tout à fait magistrales et certains plans et passages sont de véritables merveilles.

 

Moi qui n'ai jamais été vraiment attiré par la religion et qui ai toujours trouvé cela beaucoup trop obscur, voir dérangeant (attention, je précise : je respecte la foi, ce sont les coutumes religieuses et la déshumanisation de ceux qui y consacrent leur vie que je déplore), ce film me touche énormément, car il me met face à mes peurs. Tout ce qui est couvent, monastère, internat, orphelinat, sont autant de lieux envers lesquels j'ai laissé naître une certaine phobie. L'identification au personnage de Pauline Étienne, sœur malgré elle, fût par conséquent instantanée. La manière dont elle va progressivement devenir un objet détesté puis convoité, suscitant la haine démesurée puis l'amour fou – ou plutôt l'attirance folle, m'a maintenu dans un état de tension permanent, et j'ai ressenti – en grande partie grâce à la direction artistique – un malaise profond, à la limite du supportable.

 

En ce sens cette « Pauline Étienne à l'école des sorcières » porte le film sur ses épaules. On pourra revenir sur les prestations très convaincantes de Louise Bourgoin et Isabelle Hupert, mais c'est vraiment cette petite Pauline, bafouée, écrasée, mais toujours déterminée, qui est celle qui irradie ce film (même si le mot est mal choisi, tant de lumières éclatantes il n'y a pas). Déjà brillante dans Paradis perdu, elle dégage ici une puissance incommensurable et propose une prestation qui ne se contente pas d'être sincère mais qui devient tout simplement bouleversante. Quand le film perd un peu en intensité, quand certaines parties traînent trop en longueurs (de plus en plus fréquentes lors du dernier tiers) c'est elle qui préserve toute l'attention. Elle et son visage, qui joue un véritable rôle dans le film, et dont le jeu est constamment mis à rude épreuve. La petite s'en sort, et elle fait même plus que ça, elle livre une des prestations les plus réussies de l'année.

 

Autre chose appréciable, outre le casting et la direction artistique, c'est le propos, qui n'est pas unilatéral et qui ne donne pas l'impression de porter un regard dépréciateur sur la vie couventine au XVIIIème siècle. En effet, nous pourrions penser qu'à montrer les mères comme des dictatrices ou des profiteuses le film placerait son spectateur contre la religion, de nature, mais ce n'est pas le cas. Françoise Lebrun est celle qui, derrière sa bienveillance et sa sympathie, révèle la pluralité, l'absence de critique ou de condamnation du monde religieux. Moins que de critiquer la prison dont Pauline essaie de sortir, Guillaume Nicloux concentre toute son attention sur son personnage, s'intéressant davantage à elle et à elle seule, n'ajoutant ainsi que plus de relief à son film.

 

Ma note n'est pas plus élevée pour le seul fait que, malgré certains moments définitivement réussis (tous les moments musicaux, ou les silences prolongés) et une direction artistique bluffante, l'histoire finit par s'étirer, s'étirer et s'étirer encore, jusqu'à un final trop bref, dont il ne ressort une libération qu'éphémère, qui n'arrive pas entièrement à contrebalancer avec l'acharnement subit préalablement (peut-être est-ce aussi voulu, comme dans Thérèse Desqueyroux). La Religieuse reste néanmoins un de ces films français qui replongent dans notre histoire pour livrer des portraits intimistes de femmes en tout genre (Les Adieux à la Reine, Thérèse Desqueyroux etc.), bénéficiant d'une ampleur conséquente et d'un effet incontestable, qui sont parmi ce qui se fait de mieux au sein de notre hexagone cinématographique.

En définitive, tout ceci me laisse sans foi.

 

 

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Les Amants passagers : MOYEN

 

 

Pedro Almodovar est le seul réalisateur qui vient nous rappeler, de temps à autres, que l'Espagne existe encore (les grecs leur ont volé la vedette !). Non pas que le cinéma espagnol soit mauvais (il est même très bon) mais les films qui proviennent de la péninsule ibérique semblent toujours réduits à recevoir une distribution hasardeuse, qui en devient inévitablement désastreuse. Pedro n'en souffre pas vraiment puisque sa réputation est telle et son public si fidèle qu'il s'assure à chaque film de remplir les salles, sans à devoir véritablement lever le petit doigt. Il peut même se permettre de se faire des petits kiffes perso, mineurs et dispensables. Les Amants passagers est un de ces kiffes-là, qui moi, ne m'a pas vraiment fait kiffer.

 

Cette comédie aux ambitions lumineuses, aériennes, décoiffantes, n'est finalement que beaucoup trop lisse et moyennement drôle. Nous embarquant au sein d'un avion au personnel et passagers complètement surréalistes, qui partagent potentiellement les dernières heures de leurs vies, nous allons découvrir comment chacun appréhende le risque du crash et parvient à jongler entre les rencontres propres au huis-clos aérien et les « fantômes du passé ». Le film voudrait partir dans tous les sens et jouir d'un côté édulcoré et imprévisible, mais tout reste globalement ancrés sur des rails attendus, et le réalisateur de la « folie » a ici bien du mal à insuffler un rythme fou à son œuvre.

 

La réalisation s'autorise bien quelques ingéniosités, à base d'un montage souvent cocasse et de travellings qui essaient de tourner le dos à la rigidité d'un huis-clos, mais dans l'ensemble ça reste paresseux. Une paresse qui se transmet aussi à l'écriture, le film nous présentant davantage des situations que des personnages. Des petits gags les accompagnent de droite à gauche mais dans l'ensemble l'écriture s'avère particulièrement mollassonne, misant tout sur son idée de base : à savoir transformer la classe affaires en pays du sexe, de la drogue, et du rock'n'roll (si tant est que les Pointer Sisters ce soit du rock'n'roll). L'aspect absurde du film, qui passe à travers le décalage entre le sérieux de la situation et la réaction des personnages, va finir par nous paraître redondant.

 

Même dans son caractère décomplexé et son éloge du c** à toutes les sauces (littéralement) le film paraît beaucoup trop convenu. L'humour qui en dérive est logiquement inégal et peut même sembler forcé par moments : la séquence musicale, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, renforce cette impression que tout est trop préparé, trop minutieux, pour faire vraiment éclater la jouissance qu'on voudrait voir éclater. Malgré son trio de stewards gays, son casting pertinent, et sa photographie colorée, Les Amants passagers ne se dépêtre jamais de son caractère linéaire (nous sommes dans un avion de ligne mais quand même !) et ne parvient que trop rarement à faire vibrer son spectateur.

 

Le désir de marquer une transition avec sa filmographie, qui passe à travers l'apparition furtive de Penelope Cruz et Antonio Banderas, qu'on supprime immédiatement (afin de nous montrer que leur histoire, qui aurait pu faire un énième film dramatique, en réalité nous n'en avons rien à foutre), est un joli clin d'œil, sans plus. Ce sont d'ailleurs ces deux personnages qui sont la cause du problème mécanique rencontré par l'avion, comme si c'était eux (les films précédents de Pedro) qui étaient la raison même de ce film, sa cause originelle. Malheureusement, ce qu'on peut aussi en déduire, pour poursuivre sur l'analogie de circonstance, c'est qu'il ne s'agit de rien d'autre qu'un simple accident dans la filmographie d'Almodovar : un film mineur et nettement moins ambitieux que ses comédies des années quatre-vingt.

 

C'est un film qui nous fait sourire par intermittence, qui nous laisse penser que Blanca Suarez est la plus belle femme d'Espagne, et qui reste très très léger (et donc semi-agréable) sans pour autant parvenir à nous faire voir autre chose qu'un film qui ne vole pas bien haut.

 

 

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Shadow Dancer : MOYEN

 

 

Shadow Dancer fait partie de cette tranche de films toute particulière où se range, dans ma tête, tous les longs-métrages desquels je relève beaucoup plus de défauts que de qualités mais dont je n'arrive cependant pas à dire de mal, parce que quelque chose s'est produit durant le visionnage, de l'ordre de l'inexplicable, qui m'empêche de fustiger les films en question. Généralement ces films-là se tapent un 5 et une critique évasive, qui tourne autour du pot pour ne pas trop appuyer là où ça fait mal. Il ne me suffirait pourtant que de quelques mots pour détruire la faiblesse narrative de Shadow Dancer, souligner son anecdotisme profond à l'échelle d'une année cinématographique, et le classer dans la catégorie des « films canal + sans plus ».

 

Mais comme ce film possède une atmosphère bien à lui, pesante, très électrique (d'une électricité statique), ayant au niveau de sa photographie et de son côté pré-apocalyptique des airs à la Take Shelter (la comparaison est flatteuse), je vais essayer, ne serait-ce que dans un premier temps, d'expliquer en quoi il peut séduire.

 

Situé au sein d'une lignée de films d'espionnages (genre semble-t-il revenu à la mode) Shadow Dancer, bien que ne tirant pas son épingle du jeu, offre une partition pas forcément désagréable. On joue comme on s'y attend sur le faux-semblant derrière le faux-semblant, sur la paranoïa et le soupçon permanents, et même, à l'instar d'un Möbius, sur une potentielle romance. Sauf qu'ici l'illusion romantique ne sera que de courte durée et l'étreinte, qu'on attend (qu'on espère ?), qu'on sent arriver depuis le début, n'est montrée que pour mieux être avortée, situant Shadow Dancer très loin de l'espèce de romantisme naissant du film d'Éric Rochant.

 

C'est donc un couple d'acteurs qui va tenir le film : d'un côté Mac (Clive Owen), travaillant pour les services secrets anglais, et de l'autre Colette (Andrea Riseborough), jeune mère de famille et terroriste (vulnérable) de l'IRA. C'est à Londres que Mac va faire la connaissance de Colette, l'arrêtant au moment où elle s'apprête à poser une bombe dans le métro londonien. Une arrestation discrète qui a des raisons de l'être, puisque Mac a un marché à lui proposer : si elle se met à espionner ses frères, Gerry et Connor, deux membres de l'IRA, elle ne va pas en prison. Mac, dans l'ordre de réussir à convaincre la jeune femme, mise tout sur son côté mère de famille déterminée à préserver son fils auprès d'elle.

 

La séquence d'ouverture du film, brutale et dramatique, trouve donc son utilité dans la vulnérabilité qui va se créer chez Colette, et ce afin de justifier son choix d'accepter la proposition de Mac. Cette manière de faire est quand même peu convaincante, et la dramatisation exacerbée de cette première séquence me paraît, si on prend le film selon une vision d'ensemble, tout à fait artificielle. À l'inverse, par exemple, d'un film comme Au pays du sang et du miel, où le drame initial prenait tout son sens et s'accordait très clairement avec le reste du récit. Ici la façon dont on justifie son importance me semble limitée.

 

Néanmoins ce qui va être intéressant, c'est la façon dont les deux figures du film, Mac et Colette, sur lesquelles on se fait une idée très précise dès le début (lui c'est la force et elle c'est la faiblesse), vont avoir tendance à s'inverser. Et là j'en viendrais presque à parler de film-féministe car la trajectoire à laquelle on s'attend va être plus ou moins prise à contrepied jusqu'à ce twist final que je ne révélerai pas mais qui tend à ponctuer cette inversion progressive avec un certain brio. Non seulement une grande ambiguïté va ressortir des personnages, mais cette ambiguïté va avoir un vrai rôle et ainsi en devenir d'autant plus marquante. Puisque c'est finalement Mac qui va au fur et à mesure du film dévoiler sa vulnérabilité (au point de montrer clairement qu'il n'agit plus pour son service mais pour lui-même) tandis que Colette, sans dégager non plus une force incroyable, va se montrer plus résistante qu'on aurait pu le penser (son côté rachitique et sa propension à verser des larmes trop rapidement n'étant qu'un leurre pour le spectateur – et peut-être pour Mac lui-même).

 

À partir du moment où la « mission » de Colette commence l'ambiance pesante que j'évoquais plus haut va s'instaurer de manière définitive. Comme je l'ai déjà mentionné, la photographie est très réussie, évidemment froide mais pas que : elle laisse aussi transparaître une sorte de cataclysme à venir, comme si le temps et l'espace étaient suspendus dans l'attente d'un choc (le calme avant la tempête, en somme). La musique quant à elle, d'abord discrète, va aussi faire corps avec cette tension – plus ou moins – permanente et s'affirmer de plus en plus, au point de finir par rester ancrée dans notre inconscient auditif (oui, ça existe). Ce qui va nuire au film, finalement, c'est un manque. Un manque de plusieurs choses : d'abord d'enjeux. On suit le rôle de taupe de Colette sans trop savoir quoi attendre, quoi vouloir. On sait qu'on ne veut pas qu'elle meurt (puisqu'elle est tout de suite soupçonnée d'être une taupe par un membre de l'IRA), mais c'est à peu près tout. Tout le film va alors jouer sur la découverte ou non de son double-jeu. Ça ne peut pas tenir sur la durée et il manque un autre objectif clair (notamment pour Mac, qui va en fin de compte n'avoir qu'un objectif similaire à celui du spectateur : ne pas vouloir que Colette meurt, parce qu'elle est jolie et que ce serait dommage).

 

C'est évidemment insuffisant et les déambulations « inquiétantes » du membre de l'IRA aux soupçons prononcés finissent par devenir redondantes. Le dénouement ne parvenant pas à justifier le rythme lancinant sur lequel on reste campé tout le film (au point d'avoir davantage l'impression d'être devant le premier épisode d'une série télé). Le réalisateur a oublié le rythme, la tension est là, dans l'air, prête à éclater, mais il n'y a pas de fulgurance, aucun moment où cette tension perceptible n'explose vraiment. On finit par conséquent par n'être pas assez concerné par ce qui se passe à l'écran. Il y aurait eu pourtant beaucoup d'éléments à développer. Parmi eux, la tendresse maternelle de Colette, prête à à peu près tout et n'importe quoi pour son fils (qui fait forcément écho à son frère décédé). Mais même ce côté nous ne le creusons pas vraiment. C'est plus un prétexte qu'un thème fort. Alors que ça aurait pu en être un. C'est dommage et ça rend le film faible, trop faible.

 

Shadow Dancer c'est donc, avant tout, un film qui doit faire avec un scénario poussif et un discours inexistant. Ne s'en sortant que grâce à son traitement visuel, pas inintéressant, et à son montage qu'on peut qualifier de pertinent (la façon de jouer sur l'alternance lors du dernier quart est plutôt bien pensée, même si peu innovante). Les acteurs aussi, auxquels j'aurais eu tendance à ne pas vraiment croire au premier abord, arrivent à (finir par) jouer à contre-emploi, de manière plutôt convaincante. Je n'irais pas jusqu'à dire que le duo est bluffant, mais il y a quelque chose au niveau de l'ambiguïté de leurs personnages (et de leur relation) qui fonctionne (en tout cas qui a fonctionné sur moi). Autrement le film est quand même beaucoup trop rectiligne, manquant inévitablement de « virages », restant calé gentiment sur une seule et unique intrigue qui n'ira pas jusqu'à nous secouer. Je ne saurais donc ni le conseiller, ni le déconseiller. Tout ça pour vous dire qu'en gros, c'est à vous de voir.

 

 

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Antiviral : PAS MAL

 

 

Bien que je sois naturellement attiré par le cinéma de Cronenberg, j'ai la malchance (ou la chance, en l'occurrence) de n'avoir jamais pu observer en détail sa filmographie. Ainsi n'ai-je vu que ses tout premiers et ses tout derniers films. Si ces films-là, et ne serait-ce que les titres des autres, me donnent une idée assez précise de son univers : très maladif, génétique, infecté, et donc gage de corporalité ; je n'ai pas la tête pleine d'images au point d'appréhender de quelque manière que ce soit le premier long-métrage de son fils. J'ai donc surtout regardé Antiviral comme étant un film de Brandon et non de Cronenberg. Et une chose est sûre, en dépit de ses défauts incontestables, pour un premier film, ça a quand même sacrément de la gueule.

 

Partant de l'idée de pousser le culte de la célébrité à son paroxysme, dans un présent alternatif, Brandon nous livre une vision satirique et glaciale d'une modernité certes insensée, mais à laquelle on arrive pourtant beaucoup à se rattacher. La « star » est devenue tellement importante dans cette société imaginée par le réalisateur qu'on en vient à décrypter le moindre de ses mouvements, qu'un journal d'informations, semble-t-il diffusé en continu, délivre et commente pour satisfaire l'œil voyeur et obnubilé du téléspectateur. On fait de ces stars des divinités-humaines qui engendrent toutes les folies : le steak cellulaire fait rage dans tous les restaurants du monde (viande faite à partir des cellules de stars), mais surtout, un commerce aussi stupide qu'effrayant (vente des virus des célébrités) prospère sur le dos de cette fascination massive devenue stupéfiante, sans pour autant d'ailleurs qu'il n'y ait d'hystérie fanatique, ce qui en devient presque plus perturbant : comme si la starification exacerbée et son omniprésence dans le quotidien était un fait acquis, commun, immuable.

 

On se met alors à injecter les maladies contractées par les stars aux clients-fans, afin de contribuer à ce qu'ils se sentent encore plus proches de leurs idoles. Sans que ces virus ne puissent pour autant, grâce à un procédé ingénieux vaguement expliqué en début de film, contaminer qui que ce soit d'autre. Tout ça semble bien surréaliste mais quand on sait que des types sont prêts à s'arracher, pour des centaines de milliers d'euros, les cheveux de Lady Gaga, on se dit que tout est possible. Néanmoins, entre la folie ponctuelle et le phénomène de société, il y a un (énorme) pas que je ne franchirai pas. Mais peu importe, le film n'a pas la vocation d'être réaliste, et se présente aux yeux du spectateur davantage comme un cauchemar. Un cauchemar que Brandon aurait fait et qu'il essaie de retranscrire le plus fidèlement possible à l'écran.

 

Antiviral en devient donc une œuvre extrêmement sensorielle, qui arrive à rendre certains passages désagréables d'un point de vue physique (les souffrances épisodiques du personnage rappellent énormément celles de Pi, premier film de Darren Aronofsky). Le réalisateur s'appuie sur une esthétique très précise, que certains jugeront probablement grossière mais qui retranscrit au mieux ce « cauchemar sensoriel » auquel on nous convie. Elle est constituée d'un contraste entre le rouge et le blanc, entre la chair et le sang, une Sarah Gadon au « lipstick » légendaire (déjà pourvue d'une présence sublimement fantomatique dans Cosmopolis) incarne comme il se doit cette dualité colorée et corporelle qui cohabite (dans le même univers filmique, mais aussi dans la même peau). On pourrait presque parler d'esthétique cellulaire, comme si le corps n'était plus seulement l'objet du film mais aussi son contenant (le film donne l'impression de se dérouler à l'intérieur même d'un corps).

 

C'est ce qui rend l'expérience si dérangeante. Et je crois même que le film aurait gagné en puissance en se privant de certains tics de mise en scène propres à un premier film, tout comme il aurait sûrement gagné en puissance en essayant d'être moins explicatif, certains dialogues donnant l'impression de faire un « point » pour le spectateur, ce qui est inutile et pesant. Au sein de cette ambiance binaire se retrouve donc piégé – en quelque sorte – Syd March (Caleb Landry Jones), un acteur comme il a été dit un peu partout, cinégénique, mais qui en rajoute parfois trop dans ce rôle de personnage à l'agonie qui va crescendo. Malgré tout il dégage quelque chose, à l'image même du film, c'est indéniable. Une espèce de pâleur maladive, qui en viendrait presque à nous donner des frissons (l'univers est quand même sacrément repoussant).

 

Antiviral réussit donc surtout au niveau de son ambiance, et c'est pour ça que je n'ai pas encore abordé l'histoire qui, dans son contenu, est plutôt anecdotique. Cette histoire qui n'est évidemment pas à confondre avec le sujet. Le sujet en soi est fascinant et ultra-moderne : la viralité de la célébrité devenant un véritable virus, sorte d'incarnation concrète du voyeurisme sociétal et de son côté maladif. On peine malgré tout à étoffer cette idée, et on sent que le long-métrage est quelque peu forcé, composant avec une intrigue de « lutte laborantine » qu'on sort un peu du chapeau et qu'on peine à rendre captivante. Syd s'en prend plein la tronche, encore et toujours, et sa manière de s'en sortir, quand tout semble perdu, fait forcément tiquer (« oh, tu me tournes le dos, chouette, je vais pouvoir fuir ! »). Les machinations pour faire de l'argent sur la star, la démesure de ceux qui en sont les instigateurs etc. c'est moyennement enthousiasmant. Cela dit le final est très percutant mais, avec une telle ambiance et un tel potentiel, on reste dans l'ensemble limité dans le traitement de l'intrigue.

 

En quelque sorte c'est un premier film à double tranchant : il est ambitieux esthétiquement, ne ressemble à rien d'autre qu'à lui-même, et permet de prendre part à une expérience à part entière. En revanche, il ne creuse pas grand chose et s'avère plutôt timide dans son contenu, tenant in extremis sur la durée (laborieusement diront les plus sceptiques). Ainsi on ne criera pas à la naissance d'un génie. Mais d'un cinéaste qui a du talent à revendre, très certainement.

 

 

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Effets Secondaires : TRES BON

 

 

Un réalisateur qui s'égare n'est pas forcément un réalisateur qui fonce dans le mur. La preuve, Soderbergh, après avoir multiplié les (mauvais) films ces deux dernières années, accouche d'un thriller pharmaceutico-financier de haute volée. Rien ne laissait pourtant présager une telle réussite, tant le casting semblait correspondre aux films mineurs auxquels Soderbergh nous a trop habitué ces derniers temps. Mais force est de constater que, de la première à la dernière minute, ce réalisateur-monteur qui ne m'a personnellement jamais fait rêver, nous offre un bijou glacial, qui se présente presque comme une leçon de montage mise au service d'une réalisation et d'un scénario bétons.

 

Channing Tatum, Rooney Mara, Jude Law, et Catherine Zeta-Jones sont pourtant autant de têtes d'affiche qui m'ont laissé dubitatif quand j'ai entendu parler du film. Hormis le fait que la dernière citée ait enflammé mes nuits adolescentes, rêvant sous ma couette de ses jolies formes, je n'ai jamais considéré un seul de ces acteurs comme ne serait-ce que valable, les reléguant consciemment à cette vaste caste d'acteurs de seconde zone – ce qui est plus compréhensible pour la débutante Rooney Mara. Ce fût par conséquent une véritable surprise que de voir ce quator s'en sortir avec les honneurs. Sans pour autant que la qualité principale du film ne soit son casting, à aucun moment je n'ai eu à me complaire dans le rejet qu'ils m'inspirent habituellement, ce qui est plus qu'un très bon signe.

 

En réalité, ce qui fait vraiment la force du film, c'est non seulement sa narration, concise au possible, mais aussi sa manière d'être toujours là où on ne l'attend pas. Je n'ai pas vu la bande-annonce donc je ne saurais dire si ceux qui l'ont vu seront surpris ou non, mais il y a, à mon sens, un véritable soucis d'originalité, qui passe par une intrigue qui ne ressemble à aucune autre, abordant plusieurs thèmes, étant fouillée, intelligente, et s'assurant l'attention imperturbable du spectateur. Nous étions une poignée de personnes dans la salle et j'ai tout de suite senti le scénario accrocheur, haletant et dynamique. Autant de qualités qui nous exposent à un spectacle qui n'est pourtant jamais dans la démesure, sans cesse bien jaugé, n'ayant pas besoin de trop en faire pour plaire et convaincre (à l'inverse de Magic Mike par exemple, qui se vautrait dans une certaine exagération constante).

 

Le montage est bien sûr l'élément qui sert le plus ce rythme condensé, sans envolées grandiloquentes, mais toujours captivant, à l'instar de cette BO omniprésente, qui ne part jamais dans l'épique mais traduit au mieux l'ambiance du film. Soderbergh ne perd pas de temps, agence ses séquences avec une véritable maîtrise et donne un ton très expéditif à son film qui ne lui enlève pour autant aucune puissance, ce qui est un vrai exploit. Beaucoup de réalisateurs auraient vraisemblablement eu du mal à exploiter un tel scénario en moins de deux heures. Le réalisateur américain nous donne ainsi l'impression de maîtriser sur le bout des doigts son histoire, ce qui ne fait qu'accentuer notre satisfaction.

 

Une satisfaction accrue par l'aspect glacial du film, que j'évoquais plus haut, puisqu'il possède un côté très antipathique, qui se dégage de tous ses personnages. Même celui auquel on s'attache par la force des choses, Jude Law, n'est pas le héros irréprochable typique du thriller paranoïaque. Cette espèce de classe bourgeoise new-yorkaise obsédée par la richesse, le glamour, et le pouvoir, est assez exécrable en soi, et tous sans exception en font partie. Même ceux qui ont l'air les plus propres sur eux sont loin d'avoir toute notre sympathie, restant constamment ambigus, jusqu'au dernier instant. Car certes, Jude Law a tout du gentlemen en qui on pourrait avoir une confiance aveugle. Cela dit, un certain mystère entoure ce personnage : son passé, ses motivations, et son comportement. Tout n'est ni explicitement dit, ni explicitement montré, et comme nous sommes à des années lumières du film-omniscient, le doute demeure.

 

La glaciation du film, curieusement, ne passe pas par une esthétique froide, le bleu étant visiblement proscrit. Mais bien par ce rouge, un rouge pluriel : le sang, le rouge à lèvres, les pilules etc. qui fait état du côté dérangé du film. Même un rouge « onirique » si je puis dire, lors de ces brèves interludes tout à fait somptueuses, où les rêves de chacun sont entraperçus. Quelle couleur signifie le rêve mieux que le produit du mélange rouge/blanc (l'orange) : Aucune (cf Vanilla Sky). La dominante colorée du film va donc être la conséquence de ce mélange que j'évoque, un mélange qui renvoie tout de suite à l'ambivalence des comprimés, et aussi à la dualité des personnages : le blanc immaculé, leur côté propre sur eux, le rouge, leur « dark side ». Tout le film va être sur ce ton : sur l'ambiguïté, sur le double-jeu, sur la saleté qui se cache derrières les apparences. C'est là que le côté « yuppies » des années 2010 joue un rôle, tendant à conférer à l'ensemble des personnages une double-nature.

 

Pas étonnant alors que ce mélange et cette ambiguïté omniprésents créent une intrigue qui l'est tout autant, arrivant à rendre désuets tous les films d'espionnage de ce début d'année (Möbius, Shadow Dancer...). En révéler trop serait idiot et vous gâcherait un potentiel visionnage, mais une chose est sûre, nous ne sommes pas au bout de nos surprises devant ce film qui joue constamment sur la tromperie, nous trompant nous-mêmes dès son pitch. À en lire les grandes lignes, nous pourrions penser qu'il s'agit d'un film sur la dépression, sur la folie. Il n'en est rien, c'est une espèce de couverture qu'on va finir par ôter du film. En nous présentant ce personnage qui sort de prison – Channing Tatum – ayant été incarcéré pour magouilles financières, on s'aperçoit que c'est finalement ce point-là (la finance) qui va être le plus essentiel à l'histoire. Un peu à l'image du personnage de Jude Law nous nous apercevrons que la prétendue souffrance psychologique n'est qu'un leurre.

 

C'est évidemment ce qui rend le film si intéressant et si captivant. C'est ce qui justifie aussi que nous n'ayons pas pleinement accès à la psychologie des personnages. On pourrait penser ce film très psychologique, il l'est faussement au début, s'avérant être, à la place, paranoïaque. Une paranoïa qui nous suit jusqu'au bout où, alors même qu'on pourrait penser la fin convenue et cliché, elle fait au contraire persister le malaise, le spectateur n'en tirant pas la moindre satisfaction. La musique qui accompagne ces derniers plans couvre le tout et révèle ce décalage à l'encontre des faits et des images. Enfin, le dernier travelling, qui rejoint le premier de manière transversale, est une référence évidente au Poison de Billy Wilder, parachevant ainsi à travers cette petite touche subtile mon enthousiasme pour un film qui m'a littéralement étonné et scotché, de bout en bout.

 

Je ne l'ai pas dit mais c'est aussi un film extrêmement sensuel, une sensualité étrange, certes, mais qui trouve son point d'orgue avec une scène merveilleuse que je ne révélerai pas mais qui risque d'émouvoir toute l'audience masculine. Soderbergh, meilleur monteur que scénariste ou que réalisateur, parvient ici à tout faire fonctionner (grâce aussi à Scott Burns) au sein d'une triangulation géniale, contribuant à rendre cette expérience intensément jouissive. En allant voir ce film, le seul effet secondaire que vous risquez, c'est de prendre votre pied.

 

Modifié par Best_07

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Les chiens de garde. Un film à voir absolument, c'est vraiment bien monté, bien argumenté et c'est assez fou comme le monde du journalisme nous chie à la gueule. Sympa. (Merci Marvin)

 

Les nouveaux chiens de garde ^^

 

Les chiens de garde c'est le (tres bon) bouquin de Paul Nizan.


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Le monde fantastique d'OZ :wub: ça, c'est un film qui fait rêver !

On peut dire que vous avez une vision socialiste du football ?

 

Arrigo Sacchi : J'ai une vision correcte d'un sport d'équipe dont l'âme est le jeu. Voilà d'ou je pars.

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Sérieux ? J'ai pas aimé du tout; très très déçu même...

Trop calculé, trop prévisible, même les plan de caméra j'ai trouvé que c'est du déjà vu !

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Oui j'aime beaucoup ce genre de film même si c'est du déjà vu. Aprés j’étais avec ma copine donc c'est p'tete pour ça aussi que c'etait meilleur.

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Arrigo Sacchi : J'ai une vision correcte d'un sport d'équipe dont l'âme est le jeu. Voilà d'ou je pars.

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C'est sur que si t'as passé la moitié de la soirée à baver sur son décolleté j'comprend :D

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