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L’Euro 1984 demeure le symbole d’une équipe au zénith, portée par un milieu de terrain technique, atypique. Retour sur quatuor (Platini-Giresse-Fernandez-Tigana) royal. Bleu-blanc-rêve. Par Jean Julien Ezvan Juin 2016 Histoires de France. Le tennis a, dans le sillage, des Mousquetaires marqué les premières années de la Coupe Davis, le rugby et ses pionniers vainqueurs de Grands Chelems héroïques ont diffusé la magie de la «French Flair», les Bleus se sont au début des années 80 rappelé au bon souvenir de la planète foot avec un «carré magique.» Epris de jeu, d’espace, de liberté. Yannick Noah se souvient du contexte : Le Rubik’s cube a été inventé en 1974, la France va, elle, s’amuser avec les figures, le panache et l’inspiration de son carré magique. De 1981 (première pierre posée contre les Pays-Bas, dans un match couperet pour la qualification pour la Coupe du monde 1982 en Espagne avec trois n°10 au milieu de terrain avec Platini-Giresse-Genghini) à 1986 (le chef d’oeuvre de Guadalajara contre le Brésil étant la dernière rhapsodie de Platini-Giresse-Tigana-Fernandez), l’audace technique a ébloui les spectateurs du monde entier et laissé des fragrances d’absolu à ses acteurs les plus emblématiques(«Je m'étais juré de ne plus marquer un but en équipe de France, je voulais rester sur le but marqué le jour de mon anniversaire contre le Brésil», a, dans Complément d’enquête, raconté Michel Platini).«A cette époque, on ne gagnait jamais. Je pouvais juste me raccrocher aux Verts de Saint-Etienne, puis aux Bleus demi-finalistes au Mondial en 1982. Je me souviens d'un doute constant et d'un scepticisme ambiant. C'est quoi la motivation, si ce n'est la revanche, exister, l'amour ? Oui, il fallait prouver.» Un quatuor dans lequel les rôles pouvaient s’inverser, Platini s’amusant à raconter qu’il lui est arrivé de jouer «numéro 6.» Un milieu de terrain français inscrit comme l’archétype du beau jeu. La campagne 1984 durant le Championnat d’Europe s’incrustant, avec le premier titre d’une équipe de France, comme leur chef d’œuvre collectif. Celle du «Magic Square» comme disent les Anglais qui aiment ce chiffre composant souvent les groupes de rock. L’histoire de l’équipe de France comporte trois chapitres phares : 1958 avec l’empreinte rémoise (Robert Jonquet-Roger Piantoni-Just Fontaine complété par Raymond Kopa parti au Real Madrid), 1998-2000 un socle sans faille (entre 1996 et 2000, Lilian Thuram-Laurent Blanc-Marcel Desailly et Bixente Lizarazu, devant Fabien Barthez) disputé 28 matches sans en perdre aucun (21 victoires, 7 matches nuls) laissant le virtuose Zinédine Zidane s’épanouir et étourdir ses rivaux. L’équipe de France de 1958 (de gauche à droite : Robert Jonquet, Raymond Kopa, Roger Piantoni et Just Fontaine) Les champions du monde 98 (Laurent Blanc, Lilian Thuram, Marcel Desailly - Bixente Lizarazu, Fabien Barthez) Entre ces deux équipes de légende, la bande à Platini avait réussi à se hisser au sommet. En agitant avec le sourire. Retour sur une intuition et une ambition françaises. CHAPITRE 1 SEVILLE, UNE CICATRICE POUR ENTRER DANS LA COUR DES GRANDS 8 juillet 1982, Séville (stade Ramon Sanchez-Pizjuan). La beauté du diable. Un match parabole de la vie, mariant splendeur et laideur, saupoudrant ses coups de cœur et ses coups bas. Ses coups de baguette magique et ses coups de théâtre.«Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville», résuma Michel Platini. «Si elle nous a fait énormément de peine, cette défaite nous a aussi beaucoup fait du bien. C'est ce soir-là qu'on a compris qu'on avait le potentiel pour viser haut. C'est grâce à cette défaite qu'on a été champion d'Europe deux années plus tard. Quand je déborde au Vélodrome contre le Portugal, c'est pour éviter de revivre les tirs au but de Séville», racontera à Corse-Matin Jean Tigana, de longues années après. Sans avoir jamais revu une image de la rencontre. De peur de réveiller de vielles douleurs d’une défaite fondatrice. Sur une certitude, celle que tout était possible. Sans renier ses principes et idéaux. Flash-back à Séville écrasé de chaleur et de tension. 1-1 à la fin du temps réglementaire de la demi-finale de la Coupe du monde, la France vole durant la prolongation. Marius Trésor sur une reprise de volée d’avant-centre, puis Alain Giresse propulsent les Bleus dans une autre dimension. Thierry Roland s’égosille «la France est en finale». Mais il reste 22 minutes… Rummenigge et Fischer jettent la lune dans le caniveau, forcent l’équipe de Michel Hidalgo à passer par de cruels tirs au but qui laisseront les Français exsangues, battus par la solidité allemande, la morgue d’Harald Schumacher, le froid réalisme de ses attaquants. Le chancelier Helmut Schmidt adressera un télégramme à François Mitterrand : «Le jugement de Dieu qui, selon la mythologie classique, entre en jeu dans chaque combat entre deux peuples a voulu que cette chance échoie au camp allemand dans ce match. Nous sommes de tout cœur avec les Français qui méritaient d’aller de l’avant tout autant que nous.»Jean Tigana : «Tout le monde pleurait, les joueurs, le staff, les dirigeants. Moi j'ai pleuré sur le terrain, dans le vestiaire, dans le bus. C'est la seule fois où j'ai mouillé un terrain de football avec des sanglots.» Michel Platini racontera : «Mon meilleur souvenir est une défaite (Séville), mon pire souvenir une victoire (NDLR : le titre en finale de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1985 avec la Juventus Turin, lors du drame du Heysel).» Michel Hidalgo (lire ci-dessous) glissant, lui : «Séville, c’est le pire et le meilleur souvenir. Mais il faut accepter, ce n’est que du foot…» France-RFA, une rencontre définitivement classée parmi les plus grands matches de la Coupe du monde, avec Italie-RFA 1970, RFA-Pologne 1974, RFA-Hongrie 1954 et France-Brésil 1986. Après cet épisode, ces Bleus ne seront plus jamais les mêmes. La France a joué, fidèle à son idéal. Assise sur la créativité de son carré magique (Platini-Giresse-Tigana-Genghini qui, blessé laissera sa place en cours de match à Patrick Battiston qui sera victime d’une agression du gardien de but allemand). Elle se drape une dernière fois dans «la victoire dans la défaite» chère à Ernest Hemingway mais elle s’inscrit (avec 16 buts, elle a été l’équipe ayant inscrit le plus de buts dans ce Mondial) surtout comme une référence. Une douce source d’inspiration alliant efficacité et romantisme. Elle rêve de l’Euro 1984, Luis Fernandez ne va pas tarder à faire son apparition… CHAPITRE 2 MICHEL HIDALGO : «AVEC CE MILIEU, ON AVAIT UNE BELLE ÉQUIPE» LA GENESE «Je jouais en 4-3-3 mais quand vous n’avez plus 3 attaquants, un à droite, un à gauche et un au centre et que vos milieux marquent, il faut savoir s’adapter. C’est la raison pour laquelle nous sommes passés à 4 milieux de terrain et 2 attaquants. Il faut savoir tenter.» Cliquez sur le côté des images ou faites glisser la barre blanche avec votre souris pour comparer les photos. PHILOSOPHIE «L’essentiel n’est pas la vitesse mais la technique. Car quand on dispose de joueurs comme Platini et Giresse, il faut leur donner le ballon dans les pieds et tout est simple. Nul besoin de sortir de grandes écoles pour comprendre cela. De grands techniciens m’ont confié qu’ils auraient aimé avoir cette équipe. Avec ce milieu, on avait une belle qualité de jeu.» LA CLÉ DU SUCCÈS «Le goût des autres. J’aimais le jeu mais j’aimais surtout les hommes. Il y avait cela, l’aspect humain. Ce n’était pas seulement de grands joueurs mais aussi de grands hommes. Extraordinaires. Leur volonté n’était pas seulement de faire avancer le ballon mais de partager. J’ai été admiratif de ces joueurs. Je voyais ce qu’ils faisaient au quotidien et ce qu’ils donnaient sur le terrain.» 1984 «On était encore marqués par 1982. Il nous manquait des joueurs comme Marius Trésor. Et puis on était marqués par ce qui nous était arrivé en 1982. Sur la ligne de départ, il y avait l’Allemagne, l’Espagne… On se sentait capables de réussir quelque chose mais il y avait le poids de 1982. Nous étions sortis avec la satisfaction de ce que nous avions réalisé mais nous avions également pris un sérieux coup au moral. On ne savait pas comment les joueurs allaient réagir. En fin de compte à part le premier match tendu et la finale, nous avons bien joué, avec des joueurs spectaculaires Le match contre le Portugal ayant été le plus animé avec une fin de match exceptionnelle. On a pris le mental au fil des matches.» LA FINALE FRANCE-ESPAGNE. «On y croyait. Encore fallait-il gagner. On avait trouvé le style de l’équipe. Et on avait l’expérience. Une finale, il faut la gagner, pas seulement bien la jouer. Et on l’a gagnée. C’est le premier titre de l’histoire du foot français.» «1982, PLUS FORT QUE 1984» «Quand on me croise, la chose dont on me parle immédiatement c’est 1982. Depuis 1984, il y a eu d’autres titres, 1998 et 2000. Les gens se souviennent de cela, moins de 1984. Mais 1982, c’est resté profondément ancré. C’est même incroyable comme cela a marqué les gens. L’arbitre nous a tués. Ce qui manque toujours, c’est de ne pas avoir joué de finale de Coupe du monde. On était partis avec un désir immense de Coupe du monde…» QUE RESTE-T-IL DU CARRÉ MAGIQUE ? «Le plaisir. Celui diffusé par les souvenirs. Et celui toujours intact de se revoir. J’ai assisté à la rencontre OM-PSG (le 7 février 2016) avec Jean Tigana. On se retrouve toujours avec émotion. Les choses conservées ? On m’a demandé tellement de choses, il me reste des maillots, des chaussettes mais ce qui reste surtout ce sont les souvenirs…» DES REGRETS ? «J’ai fait une petite erreur. J’avais avec moi, Henri Michel, mon adjoint, un ami. Je lui avais dit qu’avec l’accord de la fédération, je lui laisserais l’équipe après 1984, cela faisait 8 ans que j’étais à la tête des Bleus. Mais avec le recul, avec les joueurs qu’on avait, avec les résultats qu’on avait, avec le système qu’on avait mis en place, j’aurais dû rester…» DE HIDALGO À DESCHAMPS «Je crois à la réussite des Bleus. L’équipe est relativement jeune et s’appuie sur des joueurs de qualité. Didier a suffisamment d’expérience pour savoir comment mener à bien ce tournoi. La seule chose que j’ai envie de lui dire c’est qu’il a une chance extraordinaire de vivre ce genre de rendez-vous à domicile. Qu’il le vive à fond.» ALAIN GIRESSE Date de naissance : 2 août 1952 Lieu de naissance : Langoiran Taille : 1m62 Poste : Milieu Nombre de sélections : 47 MICHEL PLATINI Date de naissance : le 21 juin 1955 Lieu de naissance : Joeuf Taille : 1m79 Poste : Milieu Nombre de sélections : 72 JEAN TIGANA Date de naissance : le 23 juin 1955 Lieu de naissance : Bamako (Mali) Taille : 1m72 Poste : Milieu Nombre de sélections : 52 LUIS FERNANDEZ Date de naissance : le 2 octobre 1959 Lieu de naissance : Tarifa (Espagne) Taille : 1m81 Poste : Défenseur / Milieu Nombre de sélections : 60 CHAPITRE 3 L’EURO EN 5 ACTES ET 9 BUTS DE PLATINI Le casting : 8 équipes, 2 groupes (France, Belgique, Yougoslavie, Danemark dans le A ; RFA, Espagne, Portugal, Roumanie dans le , 8 stades (Parc des Princes, stade Bollaert, stade de La Beaujoire, stade Gerland, stade Geoffroy Guichard, La Meinau, stade Vélodrome), 16 jours de compétition, 15 matches. Sur la ligne de départ figure notamment la RFA, tenante du titre et championne du monde. Acte 1, France-Danemark, Peur bleue et carton rouge 12 juin, Paris (Parc des Princes). La France ouvre SON Euro (le premier sur son sol depuis 1960) et se heurte longtemps au mur danois bâti devant Ole Qvist. Jusqu’à la 78e minute. Tigana tacle, récupère et trouve Giresse en profondeur qui cherche instantanément Lacombe dans la surface. Le ballon intercepté par un défenseur danois échoue sur Platini dont la frappe du droit à l’entrée de la surface, détournée par la tête d’un défenseur, trompe le gardien danois. Libéré le stratège fête son but et glisse sur le dos pour le plus grand plaisir du Parc. La partie est émaillée de deux fausses notes. Âpre, elle scelle la fin de carrière d’Allan Simonsen, Ballon d’Or 1977, sorti sur blessure après un choc violent avec Yvon Le Roux. Manuel Amoros, auteur d’un coup de tête sur Jan Lauritzen écope, lui, d’un carton rouge en toute fin de rencontre. Il écopera de 3 matches de suspension. France-Danemark 1-0. But : Platini (78e) pour la France. Acte 2, France-Belgique, inauguration en fanfare à La Beaujoire 16 juin, Nantes. Le cauchemar belge. Finaliste de l’édition 1980, la Belgique qui présente une équipe expérimentée (Jean-Marie Pfaff, Enzo Scifo, jan Ceulemans, Frank Vercauteren, Erwin Vnadenbergh…) cède rapidement (4e), Platini reprenant astucieusement du gauche à l’entrée de la surface un coup franc indirect de Battiston repoussé par la barre transversale. Le n°10 de l’équipe de France ajoutant un penalty frappé en force au centre, avant une tête smashée au point de penalty sur un coup franc de Giresse. Le stratège de Bordeaux (33e) et Fernandez (43e) inscrivant les autres buts d’une équipe de France en fête dans le stade de la Beaujoire qui vivait sa grande première. France-Belgique 5-0. Buts : Platini (4e, 74e, 89e, Giresse (33e), Fernandez (43e), pour la France. Acte 3, France-Yougoslavie, Platini revoit la vie en Vert 19 juin, Saint-Etienne. Face aux artistes yougoslaves (Nenad Stojkovic, Dragan Stojkovic, Mehmet Bazdarevic, Safet Susic, Zlatko Vujovic…), la France court après le score (Sestic 32e). Platini égalise sur coup franc (59e, en se décalant, avec vice d’un mètre, par rapport à l’endroit indiqué par l’arbitre pour frapper), puis donne l’avantage aux Bleus sur une splendide tête plongeante au point de penalty (62e) à la réception d’un centre tendu de Battiston, avant de donner plus d’ampleur au score en plaçant une frappe du gauche sur une ouverture en profondeur de Ferreri (78e). Le stratège qui a quitté Saint-Etienne à la fin de la saison 1981-82 n’a pas raté son retour à Saint-Etienne et l’œillade à se vertes années. Acte 4, France-Portugal, le rush de TiganaFrance-Yougoslavie 3-2. Buts : Platini (59e, 62e, 77e), pour la France ; Sestic (32e), Stojkovic (84e) pour la Youslavie. 23 juin, Marseille. 14 ans avant Lilian Thuram, un défenseur, Jean-François Domergue se mue en sauveur en demi-finales d’un tournoi international, en inscrivant ses deux seuls buts en bleu. Le Portugal joue bien dans le sillage de Chalana, s’appuie sur le réalisme de Jordao pour faire trembler la France qui deux ans après la demi-finale de la Coupe du monde perdue aux tirs au but contre la RFA voit se promener les fantômes de Séville… Au fond d’une prolongation arrachée in-extremis, Tigana d’un raid rageur troue la défense lusitanienne et trouve en retrait aux 6 m, Platini qui ne laisse aucune chance à Bento. Le capitaine des Bleus inscrit son 8e but dans l’Euro, se lance dans une course folle bras droit levé. Dans le stade Vélodrome en transe, Zinédine Zidane (12 ans), ramasseur de balles d’un soir, n’en perd pas une miette. 16 ans plus tard, en demi-finale, toujours contre le Portugal, une nouvelle fois (en prolongation), le meneur de jeu des Bleus effectuera la même course, dans un troublant mimétisme… Acte 5, France-Espagne, une «Arconada» propulse les Bleus dans l’histoireFrance-Portugal 3-2 après prolongation. Buts de Domergue (24e et 114e), Platini (119e), pour la France ; Jordao (74e et 93e) pour le Portugal. 27 juin, Parc des Princes. La rencontre est serrée, nouée. Une faute sur Lacombe, à l’entrée de la surface, offre aux Bleus un coup franc. Une occasion en or pour Michel Platini dans son jardin. Luis Arconada, pose sur des cuisses solides semble maîtriser la frappe mais s’allonge sur le ballon qui finalement lui échappe. Une bévue qui vient ternir la carrière fabuleuse du portier basque. Bellone (pour le seul but d’un attaquant dans cet Euro) clôt le score dans les arrêts de jeu. Les Bleus sont champions d’Europe. Platini a inscrit 9 buts. En visitant toute la panoplie du buteur (deux du droit, deux du gauche, deux de la tête, deux sur coup franc, un sur penalty). Certains observateurs placeront, plus tard, ce tournoi-référence et son influence au niveau de celles de Johan Cruyff (1974) et Diego Maradona (1986). Moins de deux mois plus tard, le fol été 1984 du foot français sera prolongé lors des JO de Los Angeles, devant plus de 100 .000 spectateurs au Rose Bowl de Pasadena, la France bat le Brésil 2-0 et se couvre d’or. France-Espagne 2-0. Buts : Platini (56e), Bellone (91e), pour la France. CHAPITRE 4 UN «CARRE» ET DES SOUVENIRS… LUIS FERNANDEZ«Ce carré jouait les yeux fermés» «Il est devenu magique parce qu’il était complémentaire. Qu’il jouait les yeux fermés. Chacun connaissait son rôle. Moi j’étais la sentinelle, qui reste bien en place et se charge de la récupération du ballon en freinant les attaques adversaires. Jeannot (Tigana) devait lui se projeter vers l’avant, avec sa faculté à éliminer les adversaires. Il avait plus de liberté pour attaquer. Alain (Giresse), avec sa technique, son intelligence et sa morphologie particulière, devait organiser le jeu. Et Michel (Platini), c’était le talent, un leader, un meneur d’hommes. C’était le numéro 10, qui pouvait être le numéro 9... Platini. Ce qui faisait la richesse de ce carré magique, c’était la qualité des uns et des autres, cet assemblage de personnalités et de talents. On s’entendait très bien tous les quatre. Il y avait une sacrée ambiance entre nous. A part ‘’Platoche’’ qui m’a pourri une fois contre le Brésil parce que j’avais perdu un ballon qui avait amené un penalty, que Zico a heureusement raté, on s’entendait très bien. On jouait aux cartes ensemble, à la belote, au poker. On était proches, on rigolait suffisamment. Jeannot était un bout en train, Platoche aussi, Gigi était un peu plus réservé. On était content de se retrouver, de jouer ensemble. On était solidaire et uni. Aujourd’hui encore, on est heureux de se voir. On sent qu’on a beaucoup de souvenirs ensemble et qu’on n’est pas près de nous les effacer. Le meilleur souvenir ? Le match contre le Brésil (en quarts de finale de la Coupe du monde 1986, les Bleus se qualifiant aux tirs au but), ce scénario… C’est une finale de Coupe du monde que l’on a joués.» MICHEL PLATINI«Michel Hidalgo a implanté sa philosophie du football. Son souhait était de jouer attractif, un football offensif basé sur une bonne technique et de bons joueurs. Il a créé un milieu de terrain avec quatre joueurs créatifs qui pourraient sortir une passe à tout moment. Il a bâti une équipe techniquement très forte et intelligente qui savait se placer, revenir et défendre, mais, surtout, ils ont une philosophie d'attaque. Un des grands mérites de Michel Hidalgo a été de trouver et de placer plusieurs numéros 10 au milieu de terrain.» (sur le site de l’Uefa)«Une philosophie d’attaque» DIDIER DESCHAMPS «Ce sont mes premiers souvenirs de football, même si j’en avais quelques-uns avant, comme la Coupe du monde 1982. J’étais dans une tranche d’âge où tous les matches n’étaient pas télévisés. C’est la première grande victoire collective du football français. J’étais à fond derrière les Bleus, déjà.» (L’Est Républicain).«Mes premiers souvenirs de football» EMMANUEL PETIT«La plus belle équipe à regarder» «Ce tournoi 1984 a été parfait pour l’équipe de France. Ils avaient le meilleur buteur. Cela a probablement été la plus belle équipe à regarder, probablement meilleure même que nous (en 1998) en termes de qualité de jeu et je pense également qu’ils étaient plus forts physiquement et mentalement. Je me souviens de la Coupe du monde en Espagne quand ils ont été battus en demi-finales, je pense que cette génération méritait de remporter la Coupe du monde.» (BBC). BERNARD GENGHINI«Platini était au dessus de tout le monde» «À l'Euro 84, il y avait Platini et tous ses buts. Il était au-dessus de tout le monde, même s'il y avait de bons joueurs à côté. Lui, il était au summum de ce qu'il savait faire (…) Le jeu était plus ouvert, plus technique, plus tourné vers l'avant.» (So Foot) CHAPITRE 5 QUE SONT-ILS DEVENUS ? Joël BatsEntraîneur des gardiens de but de l’Olympique lyonnais Philippe BergerooEntraîneur de l’équipe de France féminine Albert RustEntraîneur des gardiens de but de l’équipe de France féminine. Manuel AmorosAncien consultant et animateur pour OM TV Patrick BattistonResponsable de l’équipe de CFA des Girondins de Bordeaux. Maxime BossisPrésident de la commission de la Coupe de France, consultant pour beIN Sports. Jean-François DomergueDirecteur du développement du football à l’UEFA. Yvon Le RouxSpécialiste dans la location de terrains et d'autres biens immobiliers à Plabennec. Thierry TusseauAgent commercial en Gironde pour les champagnes Lanson et de nombreux domaines viticoles. Luis FernandezSélectionneur de la Guinée, animateur sur RMC. Jean-Marc FerreriConsultant sur M6, W9, RTL et OMTV Bernard GenghiniPrésident de l’AGIIR Florival, club né de la fusion des clubs de Guebwiller et Issenheim. Alain GiresseSélectionneur du Mali Michel PlatiniAncien président de l'UEFA, privé de toute activité en relation avec le football jusqu'en 2024 Jean TiganaPropriétaire d’un domaine viticole à Cassis. Bruno BelloneConseiller technique au sport au Cannet Rocheville. Daniel BravoConsultant pour beIN Sports. Bernard LacombeConseiller du président Jean-Michel Aulas à l’Olympique Lyonnais. Dominique RocheteauVice-président du conseil de surveillance de l'AS Saint-Étienne. Didier SixEntraîneur au Maroc CHAPITRE 6 LES ASSOCIATIONS LÉGENDAIRES Gyula Grosics, Jozsef Bozsik, Sandor Kocsis, Ferenc Puskas (Hongrie, finalistes de la Coupe du monde 1954)Ils restent les acteurs marquants de celle qui demeure «l’équipe en or». Une Hongrie novatrice au niveau de la stratégie avec des lignes plus souples articulée autour d’un 4-2-4 qui fera des émules. Pelé-Tostao-Gerson-Rivelino (Brésil, vainqueurs de la Coupe du monde 1970)L’association de joueurs offensifs pensée et alignée par Mario Zagallo dans la sélection du capitaine Carlos Alberto étonne, intrigue, inquiète au Brésil. Rien ne leur résistera lors du Mondial 1970 au Mexique (6 victoires, 19 buts inscrits, dont 4 en finale contre l’ltalie courageuse, offensive mais balayée). Johan Cruyff - Johan Neeskens - Johnny Rep (Ajax Amsterdam, Pays-Bas, finalistes de la Coupe du monde 1974, vainqueurs de la Coupe d’Europe des clubs 1973).Rouflaquettes et cheveux longs, flèches oranges symboles du «football total» (pressing haut, polyvalence, inspiration), ils vivent et jouent comme un groupe de rock. Stars d’un système mis en place par Rinus Michels (qui fut désigné entraîneur du XXe siècle par la Fifa). Daniel Passarella-Osvaldo Ardiles-Mario Kempes (Argentine, champions du monde 1978)Un capitaine volcanique, un cerveau au sang-froid, un buteur sublimé, l’Argentine de Luis Cesar Menotti (qui s’était privée au dernier moment d’un prodige nommé Diego Maradona) réussit son pari de décrocher sa première Coupe du monde. Falcao-Cerezo-Zico-Socrates (Brésil, éliminés en quarts de finale du Mondial 1982)Ils avaient tout. L’élégance et l’efficacité. La puissance et le toucher. Le goût du beau et le sens du spectacle. Leur seul tort, l’absence de titre. Paolo Rossi faisant pleurer des millions de Brésiliens lors de la Coupe du monde en Espagne, en 1982. Rivaldo-Ronaldo-Ronaldinho (champions du monde 2002).Un stratège, un revenant, un artiste. Deux Ballons d’or (un, Ronaldinho, qui le serait plus tard), une éphémère associaiton de bienfaiteurs le temps d’un tournoi maîtrisé en Corée du Sud et au Japon. Iker Casillas-Xavi-Andres Inesta (Barcelone, Espagne, lauréats de l’Euro 2008 et 2012, du Mondial 2010) Le capitaine emblématique, les milieux relayeurs-créateurs, symboles d’altruisme, accompagnés de Villa ou Torres ont réconcilié l’Espagne avec son équipe nationale en trustant les titres à l’Euro (2008,2012) et au Mondial (2010). Neuer-Lahm-Schweinsteiger-Müller (Bayern Munich, Allemagne, vainqueurs de la Ligue des Champions 2013 et du Mondial 2014) Un gardien qui révolutionne le poste, un arrière d’aile infatigable, deux milieux de terrain solides et inspirés. Le Bayern Munich (lauréat de la Ligue des Champions 2013) pose ses pièces maîtresses sur l’échiquier du football mondial 40 ans après Sepp Maier, Franz Beckenbauer, Paul Breitner et Gerd Muller, collectionneurs de titres avec le Bayern et la RFA. 24 ans après Andreas Brehme-Lothar Matthaüs-Jurgen Klismann (Inter Milan, Allemagne 1990) qui incarnaient un mélange de rigueur et d’expérience. http://sport24.lefigaro.fr/webdoc/platini-tigana-giresse-fernandez-le-carre-magique-des-bleus/
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COMMENT ANTONIO CONTE EST EN TRAIN DE RÉVOLUTIONNER CHELSEA y a un an de cela, Chelsea s’embourbait dans les bas-fond de Premier League et réalisait sa pire saison depuis la reprise du club par le milliardaire russe Roman Abramovitch. Depuis, le club londonien revit, et la raison de ce changement se nomme Antonio Conte. Après avoir brillamment ramené la Juventus Turin au sommet de la Serie A et réalisé un très bel Euro avec une Nazionale décimée par les blessures et les méformes individuelles, le technicien italien est en train de réussir son pari : refaire de Stamford Bridge une place forte du football anglais et européen. Le 4 avril dernier, par le biais de son compte twitter, Chelsea officialise l’arrivée du technicien italien. Choix logique tant il est réputé pour ses missions reconstructions. Après des débuts sur la pointe des pieds où l’ancien milieu de terrain a essayé différents systèmes (4-2-4 et 4-2-3-1 notamment) et n’était pas encore totalement fixé sur son onze de départ, il est par la suite assez rapidement devenu le capitaine du navire et a définitivement mis sa patte sur son équipe aujourd’hui. Le 3-4-3, un système de jeu qui a transformé l’équipe Les chiffres résument parfaitement la situation : depuis la passage au 3-4-3 Chelsea a enchainé 5 victoires de suite en marquant 16 fois et en ne prenant aucun but, avec des adversaires tel que Manchester United, Leicester et Everton. Mais comment ce système a t-il pu tant changer le visage de Chelsea ? En simplifiant l’idée : ce schéma tactique colle parfaitement aux forces de l’effectif et masque les faiblesses de certains cadres. En développant l’idée : – Une défense plus forte que jamais. Cette défense à 3 est un gros apport dans le but de combler les failles individuelles de Gary Cahill et David Luiz, en effet cela permet à Cahill de limiter son utilisation du ballon et simplement de se contenter de son apport dans les duels et le jeu aérien. Ainsi que ça offre à Luiz moins de responsabilités défensives étant donné les 2 soutiens à ses cotés que sont Azpilicueta et Cahill, lui qui n’est ni vraiment un milieu de terrain défensif ni un défenseur central très adapté aux responsabilités d’une défense à 4 : Conte a donc trouvé un très bon compris pour le Brésilien. C’est un très bon moyen de limiter l’impact de ses sauts de concentrations et de ses erreurs défensives. Le Brésilien peut cependant, et au contraire de Cahill, assurer beaucoup de travail dans la relance vu sa capacité à jouer long sur Diego Costa. – Un double pivot sobre et efficace. Le duo composé de N’Golo Kanté et Nemanja Matić offre à Chelsea beaucoup de sécurité dans la transition défensive, ces deux milieux de terrain travailleurs et au volume de jeu au dessus de la moyenne sont le socle de l’équipe. Kanté toujours en retrait lorsque son équipe a le ballon, prêt à couper toutes tentatives de contre-attaques et à relancer sans prendre de risques sur les créateurs devant lui. Matic quant-à lui, n’hésite pas à plus se projeter que son compère et à amener un surnombre dans les 30 derniers mètres, tout en ayant lui aussi un gros volume défensif. Ce duo colle parfaitement aux volontés de Conte, lui qui exige beaucoup de rigueur tactique et de dévouement à l’équipe de la part de ses joueurs. De plus, la défense à 3 limite leur responsabilité dans la relance, ce qui simplifie leur tâche. Chelsea sous Conte : 3-2-4-1 en phase offensive // 5-4-1 en phase défensive. – Des ailiers qui n’ont pas peur de faire le sale boulot. Marcos Alonso et Victor Moses, deux joueurs qui ont la lourde tâche d’animer les couloirs et qui ont la responsabilité d’enchainer les allers/retours sur le terrain pour assurer leur impact en défense comme en attaque. En défense ils jouent le rôle de latéraux classiques et en attaque celui d’ailiers pour offrir des solutions dans la largeur et tenter de déstabiliser la défense adverse. Si l’un d’eux se replie mal, l’équilibre collectif peut voler en éclat, ils ont donc une responsabilité énorme sur leurs (jeunes) épaules. Jusqu’ici, leur dévouement et leur impact dans le jeu est exemplaire. – Les leaders techniques que sont Hazard et Costa ont retrouvé leurs niveaux. Est-ce seulement grâce au 3-4-3 ? Non, il serait idéaliste de le penser, toutefois l’impact tactique et mental de Conte est indéniablement la raison de cette forme. L’un est virevoltant, déroutant par ses dribbles et ses courses pour une défense et il dispose du talent nécessaire pour faire basculer un match sur un geste. L’autre est un guerrier absolu, qui se battra jusqu’à la dernière seconde d’un match et ses talents de buteur, sa capacité à gagner les duels, son jeu dos au buts et sa justesse technique très sous-estimé en font un cauchemar pour les défenses anglaises. Avec deux joueurs aussi forts sur le front de l’attaque, accompagnés par Pedro qui lui aussi semble retrouver des couleurs cette saison, l’attaque de Chelsea n’a pas finit de martyriser la Premier League. Antonio Conte, faux cheveux mais vrai plan de jeu Globalement, ce choix tactique du 3-4-3 par le technicien italien est pour l’instant une immense réussite. L’équipe ne montre aucune faiblesse majeure et semble à l’aise que ce soit dans les transitions, les circuits de passes de son jeu de position ainsi que défensivement dans son ensemble. On dit souvent qu’un entraineur a besoin de temps, cette phrase est on ne peut plus vrai, cependant certaines exceptions arrivent à bousculer cette idée. En quelques mois seulement Antonio Conte a changé le visage d’une équipe, a redonné confiance à tout un effectif et lui a réapprit à triompher et à faire peur à l’adversaire. Le mois de mai est encore loin, mais plus les journées passent, plus la présence des hommes de Conte en hauts lieux de la Premier League sonne comme une évidence. https://theviews.fr/2016/11/06/comment-antonio-conte-est-en-train-de-revolutionner-chelsea/ Les sélections nationales Novembre 2012 L'Euro déjà archivé et à mi-chemin dans les éliminatoires pour la Coupe du Monde au Brésil, il est temps de dresser un bilan des performances de la France, l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne. Les deux finalistes, l'Espagne et l'Italie, ont somme toute réussi leur Euro. Quant à la France et à l'Allemagne, pourtant demi-finaliste, ont beaucoup déçu. Revue d'effectif. France L'arrivée de Didier Deschamps n'a pas entraîné de profondes modifications tactiques dans le jeu tricolore; elle a principalement permis de faire évoluer les mentalités et de faire le ménage, qu'ont favorisé certains déboires extra-sportifs. La France a donc entériné le 4-3-3, un schéma à la mode, et la nouveauté est le choix des joueurs. En défense, Dédé semble avoir enfin trouvé sa charnière centrale, avec Sakho et Koscielny, aux dépens de Mexés et Rami. Sur les côtés, Réveillère et Clichy laissent la place à Debuchy et Evra. Au milieu, M'Vila et Diarra ont disparu; en attaque, Malouda et Nasri n'entrent plus dans les calculs du sélectionneur. En choisissant d'évoluer avec un milieu récupérateur unique, au lieu de deux comme sous Domenech et Blanc, Dédé libère deux joueurs sur la droite et la gauche de celui-ci, chargés d'une double tâche défensive, quand ce milieu monte, et offensive dans le cas inverse. Mais, en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il n'y pas véritablement de différence entre les trois joueurs, à part la position horizontale, puisqu'il s'agit de travailleurs capables/autorisés à participer au jeu offensif. Plusieurs joueurs peuvent évoluer à ces postes. Citons pêle-mêle Gonalons, Capoue, Sissoko, Cabaye et Matuidi. La préférence semble aller pour l'instant au trio Capoue, Matuidi et Sissoko. En attaque, les solutions semblent par contre plus difficiles à trouver. La progression de Giroud en pointe risque de faire de l'ombre à Benzema; à gauche, Ribéry est intouchable, au déplaisir du talentueux mais inconstant Ménez. Enfin, au centre et à droite, les solutions se font rares. En l'état actuel, l'équipe joue avec la disposition suivante: Italie Prandelli jouit d'une forte cote de sympathie en Italie depuis ses années à la Fiorentina. Les raisons sont un jeu attrayant, des résultats honorables (champion de série B avec Hellas Vérone, trois fois 4e avec la Fiorentina entre 2006 et 2008) et une communication sobre. Prandelli s'est fait également une spécialité d'insérer des joueurs nouveaux. Il découvre Chiellini, Montolivo, Pazzini et valorise des joueurs tels que Toni (Soulier d'or 2006) et Melo. Le sélectionneur transalpin est donc bien placé pour découvrir des nouveaux talents et aider d'autres à s'épanouir. Il s'agit justement de la principale tâche qui attend la Squadra azzurra d'ici à 2014. La tactique évolue légèrement du 4-2-1-2 de l'Euro vers un 4-3-3, notamment dû au déclin de De Rossi. L'animation offensive du milieu est la principale concernée, la défense étant le point fort des Azzurri et Prandelli ayant définitivement pris le parti de titulariser de jeunes joueurs en attaque. La tactique proposée est ainsi assez inédite pour la sélection italienne car le format des vingt dernières années a plutôt été celui d'un pilier en attaque (Vieri 2002, Delvecchio 2004, Toni 2006), autour duquel gravitait un joueur plus rapide (Bettega 1978, Rossi 1982, Conti 1986, Squillaci 1990, Inzaghi 1998) ou technique (Baggio 1990, Mancini 1992, Del Piero 2004), soutenu par un playmaker ou numéro 10 (Tardelli 1982, Giannini 1988, Zola 1996 ou Totti 2006.) On a ainsi rarement trouvé 3 attaquants alignés simultanément. L'évolution dans le jeu continue aussi au milieu avec deux relayeurs, l'un sur la gauche et l'autre sur la droite, principalement inspirée par la Juve sous Conte. A la trappe donc les fameux milieux récupérateurs relayeurs uniques à l'italienne tels que De Napoli, Di Biagio, Conte ou encore Gattuso. Le jeu moderne demande désormais que les joueurs participent à la fois aux tâches défensives et offensives. Faute de mieux, Montolivo, plutôt habitué à distribuer le jeu, est chargé de remplir ce rôle en compagnie de Marchisio. Cela ne fonctionne pas très bien pour des raisons de mentalité mais aussi parce les joueurs capables d'occuper ce poste sont rares. En l'absence de De Rossi, il est encore plus difficile de se priver de la vision du jeu et de l'intelligence tactique de "l'Allemand". Au demeurant, Prandelli compense les lacunes de son relayeur en demandant à l'attaquant droit de reculer et occuper de fait deux positions. Comme on l'a évoqué, les nouveautés ne concernent pas l'arrière. Au milieu, Pirlo occupe sa position préférée depuis 7 saisons et l'arrivée de Verratti ne devrait pas changer la donne, à condition de pouvoir compter sur les fameux deux relayeurs. Derrière, on retrouve la traditionnelle défense à quatre qu'affectionnent tant les Italiens, avec Bonucci/Barzagli/Chiellini au centre, Maggio et Balzaretti sur les ailes. La tentation est grande de décaler Chiellini sur l'aile gauche, non pas pour soulager Marchisio, seul à ce poste cela dit, mais parce que ce choix stabiliserait le côté gauche, sérieusement porté vers l'avant avec El-Shaarawy. En l'état actuel, l'équipe joue avec la disposition suivante: Allemagne La Mannschaft a déçu durant l'Euro, non pas pour son jeu (2 buts par match), mais pour son nouvel échec (3è élimination en demi-finale depuis 2006.) L'Allemagne n'a donc toujours rien gagné depuis 1996, une éternité à l'échelle allemande. Mais c'est surtout la façon dont la sélection a été éliminée qui a frappé, pour la plupart tétanisés par l'enjeu, les joueurs de Low ont cédé sans vraiment lutter face à des équipes réalistes (Espagne en 2008 et 2010, Italie en 2012.) La leçon ne semble toutefois pas retenue, vu les résultats affichés depuis la fin de l'Euro. La Mannschaft a décidé de ne pas sacrifier son style offensif (5 matchs, 15 buts marqués, 6 encaissés), mais elle apparait encore fragile, comme l'a attesté l'écroulement en match amical face à la Suède, le 16 octobre 2012 (4 buts subis lors de la dernière demi-heure.) Quelles en sont les raisons? La faute peut encore être imputée à la jeunesse (26 ans de moyenne pour le onze de départ, contre 28,5 ans pour l'Italie), mais cela n'est plus une raison suffisante; d'une part parce que d'autres équipes telles que la France ont une moyenne générale similaire, d'autre part parce que la défense a le même âge (27 ans) que celle de l'Espagne, pourtant meilleure défense de l'Euro; elle comptabilise de plus 58 sélections en moyenne, contre 21 pour la France et 33 pour l'Italie. Nous voyons en fait deux principales raisons aux échecs successifs de la Mannschaft dès qu'il s'agit de franchir le dernier obstacle. Premièrement, l'absence d'un réel chef capable de secouer l'équipe voire de la porter à bout de bras. En l'espèce, Lahm ou Schweinteiger, mais aussi le sélectionneur Löw, sont loin d'avoir le charisme et l'emprise qu'ont pu avoir en d'autres temps Beckenbauer, Matthäus ou Sammer. Deuxièmement, la tactique de jeu est bien trop offensive, non pour la mentalité allemande, mais pour une équipe qui aspire gagner des titres. On ne le sait que trop bien, la victoire appartient aux équipes dotées d'une solide défense, et qu'importe la présence de redoutables attaquants en leur sein. Souvenons-nous du Brésil de 1994 qui a gagné la World Cup grâce à une défense de fer (2 buts encaissés en 7 matchs), et ce malgré la présence en attaque de Bebeto, Romario et d'un certain Ronaldo. A l'heure du football spectacle, l'Allemagne semble pour l'instant faire fausse route en privilégiant le beau jeu au résultat. Gageons néanmoins que le retour sur le devant de la scène du Bayern, en lieu et place du virevoltant Borussia Dortmund ramènera avec lui la culture de la solidité qui a fait la grandeur de la Mannschaft. Une solution serait de reculer Khedira ou remplacer Müller ou Reus par un autre joueur moins offensif pour faire du 4-2-4 plutôt un 4-3-3, voire un 4-4-2. Cela passerait peut-être par le sacrifice de Klose (ou Gomez) pour resserrer les deux autres attaquants ou le déplacement de cette pointe vers la gauche ou la droite du terrain. Espagne La Roja comme il est désormais coutume de l'appeler a connu une période de décompression après l'éclatante victoire en finale de l'Euro face à l'Italie. Rien de plus logique pour équipe jugée sur le déclin et qui a été critiquée avant et pendant l'Euro pour son jeu stérile. Le calendrier des clubs, la coupure estivale et l'absence de véritable enjeu ont conduit à perdre deux matchs, face au Japon (0-1) et le Honduras (0-1), concéder le nul face au Maroc (0-0) et remporter sur le fil le match contre Porto Rico (2-1.) L'attaque s'est ensuite réveillée, puisque les Espagnols ont marqué 16 buts lors de leurs 5 derniers matchs, en encaissant simplement deux buts. Tout semble aller pour le mieux, le fond de jeu demeure le même et Del Bosque peut préparer à construire l'avenir, le plus difficile étant de durer. Un an et demi avant la prochaine Coupe du Monde, l'Espagne doit réussir son évolution sans faire de révolution. Cela n'est pas chose simple. Pour l'instant, la relative faiblesse des adversaires dans son groupe éliminatoire, à l'exception de la France, et les matchs amicaux choisis pour des raisons politiques plus que sportives, sont l'occasion de tester des nouveaux joueurs. Contre le Panama, le 14 novembre dernier, le sélectionneur a ainsi titularisé des nouveaux venus (Beñat, Susaeta) et relancé des "anciens" (Mata.) Le jeu demeure identique: une possession de balle, des joueurs déployés sur toute la largeur du terrain et un pressing moyennement haut, au niveau du milieu du terrain. La tactique ne change pas trop non plus, avec toujours 4 défenseurs et trois milieux. Par contre, le jeu d'attaque ressemble davantage à ce que l'Espagne pouvait proposer avant l'Euro, soit un trio avec une pointe centrale, Villa principalement. Cela n'est ceci dit pas toujours vrai et Del Bosque semble tenir à son dispositif avec un milieu disposé en pointe lors des matchs importants. Ce fut le cas contre la France avec Fabregas en attaque le 16 octobre 2012. Toujours aussi critiques, nous persistons à penser que le vieillissement, la lassitude et la moindre intelligence tactique des nouvelles recrues sont autant d'arguments en défaveur de la Roja non durant les prochains mois, mais pour le Brésil 2014. A cette date, beaucoup de cadres auront allégrement dépassé la trentaine: Casillas (34 ans), Arbeloa (31 ans), Alonso (33 ans), Xavi (34 ans.) On le voit bien sur le schéma ci-dessous: la force de la Roja, le milieu, risque de céder face au poids de l'âge. Mai 2012 A l'approche de l'Euro 2012, il est intéressant de se pencher sur le style de jeu de quelques équipes européennes. Nous nous concentrerons sur l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie et la France. Après un aperçu de la tradition de jeu de ces sélections, nous verrons ensuite comment celles-ci ont décidé de jouer leurs derniers matchs de qualifications avant l'Euro. France 4-3-3 Le football français a longtemps été tourné vers l'offensive. La sélection de 1958 alignait 5 attaquants (Wisnieski, Kopa, Fontaine, Piantoni et Vincent) et l'équipe victorieuse de l'Euro 1984 jouait avec pas moins de 5 joueurs à vocation offensive (Platini, Giresse, Fernandez, Lacombe et Six.) Le football moderne a toutefois eu raison de l'enthousiasme offensif à la française et la priorité a été progressivement donnée à la maîtrise du ballon. Les sélections ont commencé à intégrer à partir de l'ère Platini-entraîneur des milieux de terrain athlétiques (Bravo, Deschamps, Karembeu, Petit, Vieira) et techniques (Pardo, Durand, puis Djorkaeff, Zidane, Pires), un choix à l'origine du sacre de 1998. L'attaque s'est quant à elle concentrée sur un travail de finition, ce qui nécessitait bien moins de joueurs. Les sélections ont pu souvent se présenter avec un seul attaquant en 1990-92 (Papin) ou en 1998 (Guivarc'h), avant de revenir pour peu de temps à deux attaquants (Anelka et Henry) sous l'ère Lemerre. Ce choix n'est pas d'ailleurs sans expliquer la difficulté pour tous les sélectionneurs des années 2000 de titulariser simultanément des joueurs de renom que furent Trézéguet, Wiltord et Henry. Si la sélection a certes vu passer d'autres joueurs en attaque tels que Vahirua, Cocard, Ginola ou Cantona, sans grande réussite d'ailleurs, la philosophie d'ensemble n'a pas été bouleversée car les deux premiers s'apparentaient plutôt à des super ailiers alors que les deux derniers, trop atypiques pour entrer dans un schéma, n'étaient ni des attaquants finisseurs, ni de stricts milieux offensifs. La sélection actuelle reste marquée par cette évolution, d'autant plus qu'elle est menée par un joueur (Blanc) qui a connu ce type de jeu. Ménez et Nasri héritent ainsi, toutes proportions gardées, des postes occupés par Zidane et Djorkaeff, pendant que Cabaye et M'Vila reprennent les zones occupées par Vieira ou Makélélé. Dans ce schéma, Ribéry ou Malouda ressemblent davantage à des dynamiteurs et à des pourvoyeurs de ballon à destination d'un seul attaquant finisseur, Rémy ou Gomis, plutôt qu'à des attaquants de type pur. Le risque d'un tel mode de jeu est de devoir "inventer" simultanément des milieux techniques, rapides et inventifs, or une telle configuration se réalise rarement dans l'histoire. Sans nier leur qualité, force est malgré tout de constater que ces joueurs, notamment les milieux offensifs, ont un niveau plutôt moyen qui ne peut pas leur permettre de remporter autant de succès que leurs prédécesseurs. Il ressort enfin que les joueurs évoluent donc dans un style forcé dicté par la tradition et le sélectionneur gagnerait sûrement à adapter sa tactique aux joueurs dont il dispose. En l'occurrence, nous proposons un 4-4-2 qui aurait le triple mérite de soulager Rémy, trop léger pour porter seul le poids de l'attaque, rendre le jeu moins dépendant d'un milieu créateur central aussi imprévisible que Ménez et, enfin, permettre de redécouvrir les vertus des défenseurs latéraux. A titre d'information, la dernière composition officielle contre la Bosnie (11.10.2011) était la suivante: Lloris – Réveillère, Rami, Abidal, Evra – M’Vila, Cabaye, Nasri – Ménez, Malouda – Rémy Italie 4-3-1-2 (ou 4-4-2) L'Italie a connu plusieurs périodes de succès, dont les principales furent 1934-38, 1968-70, 1982, 1994 et 2006. Contrairement à la France, l'évolution du football italien est plus difficile à résumer. Certes, la tradition veut que le football italien fasse la part belle à la défense, mais les choses sont bien plus complexes. L'équipe menée par le même entraîneur (Vittorio Pozzo) de 1928 à 1948 s'est d'abord fait remarquer par un jeu très défensif à l'origine du premier sacre en coupe du monde en 1934 (quatre buts en trois matchs qualificatifs, dont un dantesque quart de finale contre l'Espagne), avant d'évoluer vers un style bien plus offensif qui lui a permis de gagner les JO de Berlin et la coupe du monde de 1938 (9 buts lors des 3 derniers matchs, dont un 4-2 contre la Hongrie en finale.) Tout aussi déroutant est le cycle 1968-1970 ponctué par la seule victoire italienne à un championnat d'Europe des Nations et une finale de coupe du monde. Là encore, la sélection est passée d'un style de jeu fermé avant que Mazzola, Rivera et Riva réussissent à transformer la Squadra Azzurra à la Coupe du Monde 1970, notamment en quart de finale et en demi-finale (4-1 contre le Mexique et 4-3 contre la RFA.) Le constat est tout aussi mitigé pour les victorieuses campagnes 1980-82 et 2004-06 durant lesquelles ont brillé le milieu de terrain (Tardelli, Conti, Gattuso, Pirlo) et surtout la défense (2 buts encaissés en 2006), menée par Gentile et Scirea en 1982, par Nesta et Cannavaro, ballon d'or, en 2006. L'Italie a par deux fois proposé un jeu offensif intéressant alimenté par des attaquants remarquables (Rossi, Totti, Del Piero), mais celui-ci s'est révélé peu productif (1-0 en quarts, 0-0 à la fin du temps réglementaire en demis, 1-1 en finale.) Seule peut-être la période allant de 1990 à 1994 correspond parfaitement à l'image de solidité mais surtout de frilosité offensive qu'abhorre le commentateur. La sélection a ainsi terminé son Mondial de 1990 avec une moyenne de 1,4 buts marqués par match, dont trois victoires en 1-0, et elle a accédé en finale de la World Cup avec un compteur en attaque bloqué à 6 buts (0,85 but de moyenne) et une Baggio-dépendance criante (5 buts sur 6.) Connu pour son jeu rapide et enlevé, Prandelli a réussi à tourner la page Lippi et a rajeuni la sélection, tout en restant fidèle à la tradition du 4-4-2. Néanmoins, les succès de la Juventus, dont les joueurs forment traditionnellement l'ossature de la sélection, mais aussi les vicissitudes (maladie de Cassano) ont fait évoluer le module qui ressemble désormais plutôt à un 4-3-1-2, avec Montolivo en player-maker. En réalité, on risque de retrouver à l'Euro un jeu mené plutôt par Pirlo, flanqué de Marchisio et De Rossi, juste derrière Montolivo, à moins que Prandelli n'opte pour un 4-3-3 dont ferait les frais soit Marchisio soit De Rossi. Devant, l'incertitude continuera de dominer, vu le caractère d'un Balotelli, les habitudes de jeu de Di Natale et la relative faiblesse de Matri, Rossi ou Pazzini. Il ressort de cette analyse que l'Italie ne peut raisonnablement pas prétendre gagner l'Euro: la défense est friable voire tendre (Barzagli), l'attaque est trop légère et le milieu est miné par un problème de cohésion, sans parler de sa dépendance envers Pirlo, peut-être usé par sa belle saison à la Juve. A titre d'information, la dernière composition officielle, contre l'Irlande du Nord (11.10.2011) fut la suivante: Buffon; Cassani, Ranocchia, Chiellini, Balzaretti; Marchisio, Pirlo, De Rossi; Montolivo; Rossi, Cassano Allemagne 4-2-4 Il est difficile de retenir une période précise de succès pour l'Allemagne, vu sa régularité (12 demi finales et 3 titres en Coupe du Monde, 6 finales de Championnat d'Europe, dont 3 gagnées.) On peut toutefois identifier trois périodes, à savoir 1954-1974, 90-96 et 2006-11, qui correspondent à trois mentalités de jeu. A l'instar de l'Italie, les équipes d'Allemagne (RFA et RDA) ont souvent fait preuve de beaucoup de solidité en défense, que ce soit sous l'ère Helmut Schön (1964-78) ou sous Beckenbauer (1984-90.) Elles ont également démontré une vraie volonté de jouer et de fournir un jeu offensif de qualité. D'ailleurs, il y a bien une raison au fait que des attaquants tels que Seeler, Müller, Rummenigge ou Völler ont marqué de leur empreinte le football offensif mondial. Bien que victorieuse, la campagne lors de la Coupe du Monde en 1990 a fait entrer l'Allemagne dans une nouvelle ère, celle d'une relative austérité, à l'image de toute la société allemande de l'époque. Les années 1990 (mais on peut prolonger jusqu'en 2002) voient bien l'Allemagne accéder à trois finales pour en gagner deux (1990 et 1996) mais le jeu pratiqué est bien moins flamboyant qu'avant. La raison tient à la priorité accordée au milieu de terrain (Matthäeus est ballon d'or 1990) voire à la défense (Sammer est ballon d'or en 1996), au détriment ou du fait de l'absence d'attaquants de premier plan (tout au plus Klinsmann et Bierhoff.) Cela conduit au milieu des années 2000 à la révolution opérée par Klinsmann et Löw et qui peut être résumée par ces trois mots: vitesse, jeunesse et enthousiasme. Le jeu pratiqué par l'Allemagne est en effet devenu très divertissant et relativement gagnant. Certes, aucun titre n'a été gagné (1 finale de l'Euro 2008 et deux demi finales de coupe du monde en 2006 et 2010), mais la priorité à l'attaque, le foisonnement de brillants attaquants, l'expérience de certains joueurs installés depuis 2004 (Schweinsteiger, Lahm, Mertesacker, Podolski, Klose) et le lent apprentissage des autres (Boateng, Özil, Khedira, Götze, Gomez) sont des solides atouts qui font de la Mannschaft l'équipe favorite pour les deux prochaines compétitions internationales. Le système inventé par Löw tranche avec le 4-4-2 traditionnel et encore plus avec le 5-3-2 de Vogts en 1994-96. Il laisse le rôle de relayeur à Schweinsteiger, un ancien meneur de jeu, et celui de distributeur à Özil. Toute l'équipe participe donc à l'attaque, non seulement les 4 attaquants, complémentaires, mais aussi les ailiers. De même, le schéma en 4-5-1 ne doit pas induire en erreur car au moins deux milieux sont en réalité des attaquants (Müller, Kroos.) A titre d'information, la dernière composition officielle, contre les Pays-Bas (15.11.2011) fut la suivante: Neuer, Mertesacker, Aogo, Boateng, Badstuber; Podolski, Özil, Khedira, Kroos, Müller, Klose Espagne 4-3-3 Malgré une tradition du beau jeu, la sélection n'a pas souvent brillé, à l'exception de la victoire à l'Euro 1964 et la finale de l'Euro 1984. Depuis 1934, elle a atteint deux fois seulement le dernier carré de Coupe du Monde en 18 éditions (1950 et 2010) et a été éliminée 4 fois au tour préliminaire et quatre fois au premier tour. La raison d'une telle inefficacité tient peut-être au pouvoir et à la rivalité du Real ou de Barcelone qui ont privé la sélection de la capacité à former un groupe solidaire, volontaire et conquérant. Il n'est dès lors pas étonnant que les succès espagnols correspondent à chaque fois à la surreprésentation de joueurs issus du club du moment. Pensons à la domination du Real "yéyé" des années 1960, à la Quinta del Buitre des années 1980 ou encore au Barça de l'ère Guardiola (7 joueurs dans le onze titulaire en finale de la Coupe du Monde 2010.) Parmi les autres pistes, on peut également penser au rôle joué par les clubs dans le recrutement de joueurs étrangers de premier plan au détriment des Espagnols. Les grandes vedettes de la Liga furent ainsi souvent étrangères, de l'Argentin Di Stefano (naturalisé en 1957), à son compatriote Messi, en passant par Puskas (Hongrie, naturalisé en 1960), Santamaria (Uruguay), Cruyf (Pays-Bas), Maradona (Argentine), Ronaldo (Brésil), Zidane (France) et C.Ronaldo (Portugal.) Le meilleur exemple est assurément la première moitié des années 2000 dominée par la figure des Galactiques et durant laquelle la Liga a vu arriver de nombreux joueurs étrangers. Pourtant, la sélection a durant cette période accumulé les résultats décevants, avec des éliminations au premier tour (Coupe du Monde 1998, Euro 2004), un huitième de finale (2006) et un quart de finale (2002.) Ce n'est que ces dernières années que l'Espagne semble entrée dans une autre dimension en gagnant consécutivement l'Euro 2008 et la Coupe du Monde 2010 et en égalant le record de 14 victoires d'affilée en matchs officiels détenu par la France et les Pays-Bas. Les raisons d'un tel succès sont là encore la prédominance des joueurs issus d'un club (Barcelone), le résultat d'une véritable politique de formation (24% des joueurs espagnols ont percé avec leur club de formation et 9 joueurs titulaires en 2010 évoluaient dans leur club d'origine), une équipe expérimentée (6 des 7 joueurs les plus capés de l'Histoire sont encore en activité) et enfin la présence d'un sélectionneur chevronné et charismatique, contrairement à ses trois prédécesseurs (Clemente, Camacho, Saez.) C'est aussi la consécration d'un jeu très technique organisé par Alonso, Xavi, Iniesta et Pedro, en support d'une seule pointe (Villa ou Torres.) Le jeu proposé par la Roja est ainsi relativement semblable au jeu du Barça, notamment en attaque. A titre d'information, la dernière composition officielle, contre le Costa Rica (15.11.2011), fut la suivante: Casillas, Ramos, Puyol, Arbeloa, Monreal, Xavi, Alonso, Fabregas, Iniesta, Mata, Villa http://tactiquesdefootball.blogspot.fr/p/les-selections-nationales.html
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Euro 2016 : l’Allemagne et l’art de la relance, par « Les Cahiers du football » Pauvre en occasions franches, le quart de finale entre l’Allemagne et l’Italie a mis en avant l’importance des défenseurs centraux dans la construction du jeu et dans l’identité d’une équipe. LE MONDE | 03.07.2016 à 10h59 • Mis à jour le 04.07.2016 à 08h59 | Par Les Cahiers du Football Christophe Kuchly et Raphaël Cosmidis, Les Cahiers du Football Et si le mot-clé de cet Euro 2016 était « la relance » ? Depuis le début de la compétition, c’est la capacité à construire proprement depuis l’arrière qui semble distinguer les bonnes équipes des autres. Samedi soir, à Bordeaux, le quart de finale entre l’Allemagne et l’Italie opposait deux formations douées dans ce domaine, fournies en pieds adroits et fidèles à une sortie de balle de qualité. D’où l’impression de maîtrise technique ressentie depuis les tribunes, même les systèmes et styles s’annulent. Euro 2016 : L’Allemagne face à sa bête noire, l’Italie devant son Everest Brillante face à l’Espagne en huitièmes de finale, l’Italie aura été l’une des surprises de l’Euro. Avec les blessures de Marco Verratti et Claudio Marchisio, les deux penseurs du milieu, Antonio Conte avait perdu la technique et la réflexion nécessaires pour pratiquer un jeu plus ambitieux et plus flamboyant. Très vite, le sélectionneur de la Nazionale, qui prendra les rênes de Chelsea dans quelques semaines, s’est adapté à ces absences : il a modifié le style de sa formation, devenu plus direct et plus aérien avec le duo Pellè-Eder, et a confié les responsabilités de création à des hommes pourtant très loin du but adverse : Giorgio Chiellini, Leonardo Bonucci et Andrea Barzagli. Surprenante Italie Partenaires en club, ils ont connu Antonio Conte à la Juventus entre 2011 et 2014. Vu comme un adepte du 4-2-4 avant de prendre la tête de la Vieille Dame, le technicien transalpin a su semontrer flexible quand il a récupéré l’effectif turinois. Plutôt que de mettre un grand défenseur central sur le banc, Conte les a associés et prôné un système de jeu en 3-5-2, dispositif qui a perduré malgré son départ, même si son successeur, Massimiliano Allegri, varie entre une ligne arrière à trois et une à quatre. En sélection comme à Turin, Leonardo Bonucci, très adroit sur le jeu long, est le relanceur principal de son équipe. L’hécatombe au milieu subie par l’Italie l’a amené à endosser un rôle encore plus essentiel qu’auparavant. Sans Pirlo ou Verratti pour le soulager, sans De Rossi ou Thiago Motta contre l’Allemagne, Bonucci a joué comme un 10 à distance. C’est de lui que sont venues les passes les plus verticales de l’Italie cet été. L’Allemagne l’avait parfaitement identifié. Mario Gomez, l’avant-centre de la Mannschaft, a été aussi important avec le ballon que sans. Au Matmut Atlantique, il a collé Bonucci, l’a forcé à jouer plus souvent sur son pied gauche et s’est attaché à fermer les angles de passes vers Pellè et son jeu de corps dos au but. Sur une des rares séquences où Bonucci a pu respirer et voir l’horizon offensif, il a envoyé Giaccherini dans la profondeur pour une des meilleures occasions italiennes. Comme les buteurs, les passeurs aussi doivent être surveillés de près. Même quand la dénomination de leur poste n’implique que l’aspect de protection de leur but. Côté allemand, on a changé son fusil d’épaule par rapport aux autres rencontres : exit le 4-2-3-1, place au 3-5-2. Une volonté de copier le modèle adverse sans doute un peu motivée par la mauvaise prestation espagnole - autre équipe de possession -, au tour précédent, mais également par le succès de la défense à trois lors d’un match amical face à l’Italie en mars (victoire 4-1). Les ajustements nécessités par ce changement, notamment pour les latéraux Kimmich et Hector, n’ont pas bouleversé le style de jeu allemand. Si Höwedes a été titularisé en défense centrale, prenant numériquement la place de l’ailier Draxler, il n’a pas pesé sur le jeu. Ciblé par les attaques italiennes, il a laissé ses deux compères se charger de l’animation, touchant beaucoup de ballons mais uniquement dans le but de vite leur rendre. L’Allemagne, une équipe paradoxale Car ses petits camarades se nomment Mats Hummels et Jérôme Boateng. Deux futurs coéquipiers au Bayern qui partagent un point commun : ce sont des excellents techniciens. Le premier, talent naturel, s’est distingué par une incroyable ouverture en profondeur de l’extérieur du pied et n’a pas hésité à tenter des dribbles dans le dernier tiers de terrain adverse. D’une de ses montées aurait d’ailleurs pu venir le but du 2-0 si Thomas Müller n’était pas maudit dans cet Euro. Le second, phénomène physique métamorphosé depuis que Guardiola l’a pris son aile, enchaîne les transversales parfaites comme il respire, et s’offre parfois quelques montées rageuses. La dernière, peu avant la séance de tirs au but, aurait pu être décisive. L’Allemagne est une équipe paradoxale. Contrairement à l’Italie, elle a les éléments pour faire le jeu et briller offensivement mais sa fluidité peut aussi la desservir. Puisque tout le monde est capable de donner des bons ballons, on fait parfois tourner à l’infini, jusqu’à se mettre en position de centre (26 dans cette rencontre). Un travers communément appelé « attaque en U », du nom de la forme du bloc offensif, qu’on pourrait renommer « attaque en Ü », Gomez et Müller se chargeant de jouer les « umlaut » à deux dans la surface. Rien à voir avec une équipe italienne forcée d’être directe et dont la défense basse a eu un double effet sur le duo Hummels-Boateng : le forcer à mener le jeu très haut à la place de Toni Kroos, mais aussi l’empêcher de trouver des passes en profondeur. Cette rencontre, finalement remportée plutôt logiquement par l’Allemagne aux tirs au but, a eu la physionomie attendue. Mais elle sert de confirmation, dont la force sera encore plus grande si l’Allemagne va au bout : un défenseur central moderne n’est pas obligé de savoir tout faire mais, à ce poste particulier où on peut être laborieux et réussir, pouvoir organiser le jeu et lancer des attaques permet de sublimer un collectif. Au point de rendre séduisante une équipe italienne qui, sans le talent de Bonucci, aurait peut-être été traitée de froide et cynique. http://www.lemonde.fr/euro-2016/article/2016/07/03/euro-2016-l-allemagne-et-l-art-de-la-relance-par-les-cahiers-du-football_4962785_4524739.html
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https://www.youtube.com/watch?v=Fh1p7pYu2Ik
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Un central/right back sous-côté du club... https://www.youtube.com/watch?v=n9ox7VnBPbM
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On a discuté de la philosophie Cruyff avec un expert tactique On a discuté avec Christophe Kuchly, journaliste pour les Cahiers du football et co-auteur de Comment regarder un match de foot mais surtout amoureux du beau jeu, fin analyste tactique et grand admirateur de Johan Cruyff. Tout d’abord, qu’est-ce que t’évoque personnellement Johan Cruyff ? Personnellement je suis jeune donc je ne l’ai pas connu comme joueur ni comme entraîneur. Quand j’ai commencé à suivre le foot il n’entraînait déjà plus mais dès le départ j’étais attiré par le football barcelonais, la manière de pratiquer le jeu. Forcément quand tu remontes le fil, si tu pars de Guardiola, tu arrives à Cruyff en tant qu’entraîneur puis en tant que joueur. A posteriori tu regardes ce qu’il a fait, ce qu’il a dit et tu te rends compte que même si c’était un très bon joueur, ce n’est peut-être pas le meilleur de tous les temps. Mais c’est le seul qui a réussi à être à la fois un grand joueur, un grand coach et un grand penseur du ballon. Même quand il n’était plus coach, il a réussi à transmettre quelque chose, à avoir des disciples et à continuer d’être regardé comme une figure tutélaire. C’est quelqu’un qui représente un certain courant de pensée dans le foot et une certaine manière de jouer qui est dominante aujourd’hui. Donc pour moi, c’est la personne la plus marquante de l’histoire du foot parce qu’il a brillé dans tous les domaines. Même s’il était moins en réussite dans sa carrière de dirigeant, de conseiller on va dire. Ça reste quelqu’un qui même sans avoir la balle au pied ou assis sur le banc a eu une influence marquante. Même quand il disait des banalités tout le monde l’écoutait, ça reste quelqu’un de mythique qui va rester dans l’histoire. Cruyff ça restera un nom qui parle même pour les gens qui comme moi ne l’ont jamais vu en direct et l’ont découvert après-coup. « Tous les joueurs de l’époque disent que c’était comme un deuxième coach. » Lequel du joueur ou de l’entraîneur t’a le plus marqué ? Ça va être une réponse un peu bizarre mais j’ai envie de retenir le joueur-entraîneur qu’il était. En gros le football total c’est Rinus Michels, son coach de l’Ajax, mais c’est lui aussi. Ils ont plus ou moins collaboré pour mettre ça en place dans le sens où Michels avait une idée et c’est Cruyff qui était son relais sur le terrain et pour le coup, il était beaucoup plus qu’un capitaine. C’était vraiment lui qui organisait toute la manoeuvre et qui a permis à une philosophie de prendre forme. Donc j’ai envie de te dire le joueur qu’il était à l’époque où il jouait l’Ajax. Pas au tout début mais sous Michels c’était vraiment un joueur-entraîneur et pour moi c’est cette période la plus marquante, quand l’Ajax fait le triplé de Coupe d’Europe. Ensuite à Barcelone c’est pas trop mal mais il ne gagne quasiment rien. Parce qu’il est trop au-dessus du lot dans une Liga qui est encore assez barbare et le Barca de l’époque n’est pas très très fort non plus donc il est un peu tout seul en star. C’est pareil quand il va aux États-Unis, il est beaucoup trop fort pour le reste de l’équipe. Mais à sa meilleure période de l’Ajax quand il commande le jeu sur le terrain, qu’il dirige la manoeuvre, il fait ce que fait un coach. Tous les joueurs de l’époque disent que c’était comme un deuxième coach, ils savaient que le mec allait devenir un bon entraîneur. Pour moi, c’est là qu’il est le meilleur. Au Barca c’est un bon coach mais il a aussi connu quelques revers et je crois qu’il gagne deux titres sur des échecs du Real à la dernière journée, alors que le Real était devant. Donc c’était une bonne équipe mais le palmarès est limite flatteur en comparaison de ce qu’était l’équipe. Tandis qu’il était un joueur dominant à la fois par le jeu mais également par son intelligence de jeu. D’ailleurs en fin analyste tactique, tu peux nous en dire un peu plus à propos de sa philosophie et de sa contribution au football d’aujourd’hui ? Entraîneur c’est un peu la continuité de son parcours de joueur puisqu’à la fin des années 80 et au début des années 90 à sa grande période du Barca, il y a eu une petite césure avec sa carrière de joueur. Personne n’a vraiment suivi le modèle de l’Ajax tandis qu’actuellement tout le monde veut copier Barcelone. À l’époque, tout le monde ne pouvait et ne voulait pas forcément copier l’Ajax, même s’il y a eu le Dynamo Kiev au moment où Cruyff devient entraîneur. Mais ça n’a pas forcément fait école. Quand il devient coach, il essaie de reprendre le football total là où il l’avait laissé en tant que joueur en essayant de l’adapter au foot moderne. Son truc, c’était de mettre les meilleurs joueurs dans les bonnes dispositions. C’est là sa grande opposition à Van Gaal, qui met le système au dessus de tout. C’est à dire que s’il joue en 4-3-3, il veut que tous les joueurs se plient à sa volonté. Par exemple, s’il dit que l’ailier droit doit faire le piston tout le match et faire tous les efforts défensifs, peu importe que ce soit un mec comme Dirk Kuyt qui en est capable, ou Cristiano Ronaldo qui ne veut pas le faire : il va lui dire de respecter sa consigne tout le match. L’objectif de Cruyff, c’était de mettre la balle dans les 25-30 derniers mètres adverses et ensuite les Romario, Stoichkov, Laudrup font leur truc. Il s’en foutait complètement qu’un Stoichkov tente tout le temps des dribbles, des frappes bizarres et des passes risquées. Quitte à perdre la balle, il se disait qu’il avait des joueurs de talent qui pouvaient faire la différence à tout moment. https://twitter.com/City_Watch/status/713079434576805889/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw Thierry Henry a dit que c’était un peu ce que leur demandait Guardiola au Barca. Le but c’est d’avoir la balle pour l’amener dans les 30 derniers mètres adverses et ensuite les Messi et autres se démerdent pour faire la différence. C’est ce qu’on voit aussi avec le Barca actuel où en gros, le plus dur, c’est d’arriver dans la zone de vérité adverse. Ensuite les mecs sont tellement forts qu’ils vont pouvoir marquer. « En gros si on fait tourner et qu’on est plus fort techniquement que l’adversaire, il peut faire ce qu’il veut, il ne va pas marquer de but. » L’objectif de Cruyff c’était de mettre les joueurs offensifs dans les meilleures dispositions et son autre truc c’est la possession. Dans notre livre, Christian Gourcuff dit que Guardiola anoblit la possession. C’est vrai mais c’est Cruyff qui en a fait quelque chose d’essentiel dès le départ. Il a toute une liste de phrases où il dit que quand tu as le ballon, tu ne prends pas de but, etc. C’est le premier à considérer la possession comme une arme offensive pour contrôler le tempo du match, mais aussi comme manière de défendre. En gros si on fait tourner et qu’on est plus fort techniquement que l’adversaire, il peut faire ce qu’il veut, il ne va pas marquer de but. Donc ça c’est quelque chose qui dévie du football total dans la mesure où même si le jeu est tourné vers l’offensif, c’est un peu plus conservateur. Il n’hésitait pas à retirer les défenseurs pour jouer avec plus d’attaquants. C’est aussi plus conservateur dans la mesure où les postes sont plus définis et les joueurs ont des rôles très spécifiques alors que quand Cruyff jouait, il était attaquant de couloir mais on pouvait le voir redescendre pour donner un coup de main à la défense centrale. C’est un truc que tu voyais beaucoup moins dans le Barca de Cruyff. C’est aussi lui qui a instauré le milieu récupérateur. Il avait Guardiola dans ce rôle, capable d’organiser le jeu. Pour caricaturer un peu, ce n’était pas un destructeur comme Makélélé l’a été plus tard. C’est le mec qui peut donner le tempo tout en étant à un poste où tu es censé protéger la défense. Là c’est l’ancêtre de Busquets, c’est pour ça que Guardiola joue toujours aujourd’hui avec un récupérateur capable d’organiser le jeu comme Busquets ou Xabi Alonso. C’est parce que lui était comme ça. C’est ce milieu récupérateur qui était le joueur le plus intelligent tactiquement de l’équipe, celui qui donne le rythme du match. Au-delà de Pep Guardiola qui est souvent considéré comme son digne successeur, d’autres coaches te semblent actuellement s’inspirer de sa philosophie ? C’est difficile de dire que des mecs font pareil. Vu la temporalité, on a tendance à penser qu’ils s’inspirent plus de Guardiola que de Cruyff dans le mesure où au Barca, on a appliqué cette philosophie à tous les étages. Mais derrière, ça n’a pas fait école après Cruyff comme ça le fait avec Guardiola. C’est surtout les succès de Guardiola qui popularise cela. L’idée de Cruyff c’est de faire la même chose de la formation aux professionnels. À 13 ans chez les petits du Barca, même si c’est plus brut, tu vois toujours le mec devant la défense, c’est un meneur de jeu reculé. Ça a été un peu copié çà et là mais parfois c’est une question d’opportunité. Comme Pirlo qui joue plus bas, c’est juste qu’Ancelotti avait besoin de cela mais ce n’est pas nécessairement copié sur Cruyff. « Il sait ce que c’est que d’être plus fort que les autres et d’avoir un coach qui joue pour que l’équipe vous fasse briller. » Après on peut dire qu’à chaque fois qu’on copie le Barca quelque part on copie Cruyff. Même si chaque entraîneur s’adapte, apporte sa touche. Luis Enrique joue plus direct que Guardiola mais tu as quand même une idée de jeu au sol, de maîtrise de la possession défensive et d’aller vers l’avant pour mettre plus de buts et offrir du spectacle. Ça a pas mal infusé au Pays-Bas sur la sélection nationale où on préfère presque perdre en jouant bien que gagner en jouant mal. On va dire que c’est une philosophie générale, ce n’est pas forcément dans le rôle des joueurs. C’est plus dans une certaine envie de pratiquer le foot. D’accord, donc ça va au-delà du système tactique brut ? Oui parce que si Cruyff jouait actuellement de la même manière qu’à l’époque, c’est possible qu’il se prenne une branlée tous les week-ends. Parce que ce ne serait pas faisable. Si tu enlèves les Romario et compagnie, je ne suis pas sûr que ça marche et qu’il aurait jouer de la même manière non plus. Il s’adaptait à son effectif. Lui c’était un joueur de talent, supérieur aux autres. Il sait ce que c’est que d’être plus fort que les autres et d’avoir un coach qui joue pour que l’équipe vous fasse briller. Du coup il faisait pareil, il se disait « j’ai des mecs plus doués que les autres, je sais ce que c’est donc je vais faire en sorte qu’ils s’amusent sur le terrain ». Chose que Van Gaal ne fait pas. Quand il était joueur et qu’il jouait contre Cruyff, je crois qu’il était milieu défensif, mais c’était un joueur… c’était un Jacques Abardonado quoi, c’était personne à l’échelle du championnat. Tandis que Cruyff, il fait bien jouer ses joueurs mais il n’est pas dans un 4-3-3 à tout prix. Il est plus vers l’avant à tout prix. C’est pour ça qu’il était plus pour l’Espagne que pour les Pays-Bas destructeurs en 2010. Alors qu’il y avait certains trucs en Espagne comme le faux numéro 9 qui n’avaient rien à voir avec ce que lui faisait lorsqu’il était coach. Tu penses que dans 10, 20, 30 ans il sera toujours une référence du football total ? Il y a un truc que Guardiola n’aura jamais, c’est le talent de joueur à ce point là. Parce qu’il était un très bon joueur mais plus reculé. Cruyff ça parle aux gens de la génération qui l’a vu jouer et cette même génération ou celle juste après a aussi vu jouer Guardiola. Pourtant il ne parle pas particulièrement aux foules plus que d’autres joueurs de cette équipe barcelonaise. L’accomplissement, Guardiola l’aura en tant qu’entraîneur mais en tant que joueur il n’aura pas marqué une génération. Ça restera un bon joueur mais si tu ne suivais pas le foot espagnol à l’époque, qui n’était d’ailleurs pas trop diffusé, ça ne te parle pas forcément alors que Cruyff ça va au-delà de son parcours en club. La Coupe du Monde 74 a fait de lui une idole. Et avec son look en plus, forcément c’est un nom qui va rester. Il y a des gens de notre génération qui lui rendent hommage, qui l’admirent mais qui n’ont peut-être vu que 2 minutes de compilation Youtube. On leur en a dit tellement, c’est tellement mythique que ça parait évident que c’était un mec au-dessus du lot en tant que joueur même s’ils ne connaissent pas forcément sa carrière de coach. Ça reste aussi une personnalité médiatique. Ça fait 15-20 ans qu’il ne fait plus rien à part donner son avis et donner des conseils à droite à gauche mais il avait une rubrique toutes les semaines dans un journal néerlandais. Il était consultant, c’était une voix très forte. Alors que Guardiola c’est un grand passionné mais ça reste un coach. Ses innovations restent des innovations de coach, il faut vraiment être dans le métier ou très fan pour apprécier quand Guardiola joue en 2-3-5 en phase offensive par exemple. C’est une certaine manière de voir le foot qui fait plus école maintenant puisqu’on est beaucoup plus sur l’aspect tactique. Aujourd’hui, tous les coaches ont une philosophie, un projet de jeu, beaucoup plus qu’à l’époque. Surtout dans les années 70 où on comptait sur les meilleurs joueurs pour faire le boulot. Maintenant t’es obligé d’avoir un entraîneur fort avec une vraie philosophie si tu veux réussir. Guardiola reste le coach le plus influent à l’heure actuelle sur la manière dont on joue au foot mais ce n’est pas Cruyff. Comme Maradona, qui était probablement un meilleur joueur mais qui n’a rien fait d’autre en dehors des terrains n’est pas Cruyff. Platini, qui était un très bon dirigeant avec des idées n’est pas Cruyff. Même Pelé qui était encore au-dessus, il n’a rien inspiré c’était juste un mec qui était plus doué sur le terrain alors que Cruyff a couru sur tellement de tableaux, il a fait tellement de trucs dans divers domaines que même ses échecs on les oublie. Sa carrière de joueurs dès 28-29 ans commençait à être très moyenne et même s’il a connu des échecs en tant que coach, il a trop fait donc on oublie ça et on garde l’image iconique du mec qui a fait la Dream Team et qui était énorme avec l’Ajax et les Pays-Bas. « Cruyff était un joueur décisif offensivement mais qui pouvait revenir façon Xavi ou Busquets pour organiser le jeu plus bas. » D’ailleurs, quel joueur se rapproche le plus du buteur qu’il était ? C’est difficile à dire parce que si on combine tout ce qu’il était ça ferait un joueur mutant qui serait beaucoup plus fort que le reste. Au niveau polyvalence, même si lui c’était plus haut, le seul qui me parait aussi polyvalent à l’heure actuelle c’est Alaba. Il part de la défense pour jouer milieu offensif en sélection alors que Cruyff était un milieu offensif/attaquant qui revenait parfois en défense. Actuellement il n’y a pas d’attaquants qui reviennent aussi bas pour organiser le jeu. Parfois tu as Messi mais c’est encore différent, il n’est pas à la base de la possession sur les 2-3 premières passes. Il jouait plutôt au poste de Messi, avec parfois des gestes à la Messi, mais quand même beaucoup moins fort individuellement. Ses meilleures saisons il marquait 15-20 buts donc il y a quand même un peu de Messi mais il organisait tellement le jeu que c’était aussi un genre de Xavi ou Busquets. Enfin tu réfléchis au joueur le plus intelligent tactiquement que tu vois au milieu de terrain pour organiser la manoeuvre et ça s’en rapproche. C’est difficile de trouver des équivalences pour tous les joueurs du football total puisque le latéral droit pouvait jouer milieu offensif. Ça permutait tellement qu’avec notre regard d’aujourd’hui ça parait totalement invraisemblable. Et je pense qu’une équipe qui jouerait comme ça maintenant n’aurait pas forcément la caisse pour faire suffisamment de retours défensifs et être performante pendant 90 minutes. Dans l’équipe de l’époque, les mecs étaient surpréparés physiquement, l’Ajax et les Pays-Bas étaient monstrueux, au-dessus dans l’endurance et le physique d’une manière générale. Maintenant ce serait compliqué de courir autant, c’est du foot en mouvement, ça court partout, ça bouge tout le temps. « Cruyff en gros, c’est du football plaisir. » À l’époque tu avais quand même de belles phases de temps morts et rarement du gros pressing. Tu pouvais limite marcher au milieu de terrain pour poser le ballon, voir ce qu’il se passe et organiser. Cruyff était un joueur décisif offensivement mais qui pouvait revenir façon Xavi ou Busquets pour organiser le jeu plus bas. Ça reste un joueur du football des années 70-80. Depuis Sacchi on ne peut plus faire ça à cette échelle ou alors il faut que les 10 autres joueurs jouent pour te protéger comme le font parfois ceux du Barca avec Messi. Mais c’est le reflet d’une époque difficilement transposable. Laquelle de ses punchlines caractérise le plus l’homme qu’il était ? J’en ai lues tellement que je ne les aies pas toutes en tête mais une qui me fait marrer, c’est quand il dit un truc du genre : « quand tu mènes 4 ou 5-0, c’est plus rigolo de tirer sur les poteaux que de marquer un but parce que ça divertit le public ». Là tu sens que le mec est un peu YOLO, dans une idée d’amusement même s’il veut gagner et qu’il l’a souvent fait, il relativise tout ce qui lui arrive. Il dit même que la défaite en finale de Coupe du Monde 74, ce n’est pas grave parce qu’au moins, ils ont fait plaisir au public. Même si je pense que le mec se ment un peu à lui-même, il est malgré tout dans une idée de spectacle. Cruyff en gros, c’est du football plaisir. « C’est juste un mec qui aime le foot au sens premier du terme. » Je pense sincèrement que le mec était parfois plus content de faire un bon match et de gagner 1-0 que de gagner 5-0 parce qu’il avait kiffé sur le bord du terrain. Il est quand même là pour se faire plaisir. Quand ça le saoule d’entraîner, il arrête, pareil quand ça le saoule de jouer. Il y a quand même une grosse idée de plaisir et de faire plaisir au gens. Pour lui, le foot est un spectacle. C’est une citation qui est assez peu évoquée, elle n’est pas trop tactique ni dans la philosophie de jeu pur. C’est juste un mec qui aime le foot au sens premier du terme. En tant que spectateur, il veut voir un beau match sinon ça le fait ch*** et il zappe. C’est pareil en tant que joueur ou en tant que coach. S’il voit un match de m**** ça ne l’intéresse pas d’être coach. http://footballstories.konbini.com/entertainment/philosophie-cruyff-expert-tactique/
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Je ne sais pas. Cela fait un peu plus d'un an que je le suis, il fait son bonhomme de chemin et il continue tranquillement sa progression. Peut-être que d'ici deux ans il sera un peu moins feu-follet plus posé dans son football, ou au contraire va évoluer vers un profil plus offensif, mais je pense que c'est un joueur qui atterrira tôt ou tard dans un championnat supérieur. J'aimerai que ça soit en PL pour voir ou non s'il pourra s'imposer dans le championnat le plus musculaire des tops championnats.
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ENTRETIEN – MARKUS : « CE QUI EST INTÉRESSANT, C’EST LA COMPRÉHENSION DU JEU, PAS LA TACTIQUE » Entretien de Markus Kaufmann – Propos recueillis par Justin Teste (@TesteJustin) pour le site Papinade, en deux parties : Partie 1 et Partie 2 — Première partie de l’entretien — Qu’est ce qui t’a amené vers cette étude de la tactique ? En réalité, au moment de créer Faute Tactique avec Ruggero, on n’avait jamais pensé en faire un site spécialisé sur l’analyse tactique. L’ambition était de mettre des beaux mots sur le football et de le traiter comme une « noble passion enfantine ». Raconter des histoires autour du jeu, écrire toutes ces images cachées de notre enfance, des hommages pour les super héros années 90, avec quelques références littéraires mais aussi des reportages sur les ultras. Certains articles transpiraient quelques gouttes d’analyse tactique, parce qu’on a été élevé au football italien, mais ça n’était pas le sujet. D’ailleurs c’est un pur hasard que le nom du site contienne le mot « tactique ». Une faute tactique, c’est une initiative individuelle qui tâche de gommer un déséquilibre collectif, alors que quelque part la tactique vise l’inverse : mettre en place une initiative collective pour gommer les déséquilibres individuels. Finalement, c’est Pierre Maturana, rédacteur en chef de So Foot, qui m’a demandé de tenter l’analyse d’un match de l’équipe de France, juste avant l’Euro 2012, et j’ai adoré. C’était contre l’Islande, victoire 3-2 à Valenciennes. Blanc avait aligné Benzema, Ben Arfa, Ménez, Nasri et Gourcuff. Football champagne. L’Islande menait 2-0 à la mi-temps. J’ai commencé à écrire au moment de l’avènement de l’ère Guardiola-Mourinho. Au printemps 2009, avec cette ascension dévastatrice du tout premier Barça de Pep, on nous a jeté au visage une vision du jeu qui remettait toutes les autres en question, presque du jour au lendemain. Face aux conneries qu’on pouvait lire et écouter sur le jeu barcelonais – et surtout sur les autres – j’ai essayé de faire le tri et je me suis mis à étudier le jeu, ses schémas, ses mouvements. La différence entre le traitement de la presse française – Visca Barça, jetez le reste à la poubelle – et celui de la presse italienne était très révélateur, d’ailleurs, même si paradoxalement c’est le football italien qui s’est ensuite le plus nourri de l’influence espagnole. Tu parles de Laurent Blanc, avec du recul, comment tu interprètes son 3-5-2 ? Je pense que le 3-5-2 a réussi sa mission, qui était de renforcer la défense parisienne face à la vitesse d’Aguero et De Bruyne. Le vrai problème, c’était que c’était la mauvaise mission. Le PSG avait besoin de marquer à l’extérieur, d’accélérer dès la première minute, de mettre une grosse pression dans la surface de Hart et de faire trembler l’Etihad. Finalement, Paris a joué ce match comme un match aller : après 45 minutes de gestion défensive de la possession, il y avait encore 0-0, City avait accumulé de la confiance derrière et le 4-3-3 était composé d’une majorité de joueurs « replacés ». C’était trop tard pour jouer avec des certitudes et faire douter Pellegrini. C’est dommage parce qu’en demi Paris avait les armes pour faire chialer le Bernabéu. « Les médias français enverront des spécialistes décortiquer les méthodes Jardim quand il gagnera la Premier League » On se plaint souvent du niveau technique de la Ligue 1, mais globalement le niveau tactique est assez faible. L’analyse tactique en France traverse une période un peu étrange : en quelques années elle est passée d’une situation précaire – un sujet tabou, quasiment – à une couverture omniprésente, presque commerciale. Tout le monde en parle, mais pas pour les bonnes raisons, c’est parfois traité de manière forcée, presque parce qu’il faut en parler. Je suis convaincu qu’on fait une erreur quand on traite la tactique dans une rubrique spécialisée, comme un sujet « à part ». Je pense que la tactique ne représente qu’une seule partie du grand tableau du football, mais ce n’est pas un coin du tableau. Il faudrait plutôt l’imaginer telle une sorte de lumière qui saurait éclairer les couleurs et faire comprendre le sens de l’œuvre globale. Il faudrait la voir partout mais à petite dose, savoir l’intégrer dans notre discours footballistique comme les Italiens savent très bien le faire. Mais il faudra attendre un peu en France. Parce que ce qui est intéressant, ce n’est pas la tactique en soi, c’est la compréhension du jeu. Et c’est ça qui m’a poussé à m’y intéresser. C’est beau de parler des exploits individuels de Maradona au Mexique en 86, mais pour comprendre il faut étudier Bilardo, son 3-5-1-1, la tension avec la presse argentine, les limites de son milieu, l’élégance de Jorge Valdano et la volonté de mettre le ballon dans les pieds de Diego le plus aisément possible. Tu parles de l’analyse tactique en France, ne penses tu pas que notre pays a un retard tactique sur ses voisins européens ? Je pense surtout à la manière dont on a traité Ranieri, Ancelotti, Bielsa et même Jardim aujourd’hui… Oh non, ne me parle pas du traitement médiatique qu’a reçu Monsieur Bielsa… Je dis « Monsieur » parce que j’essaye de me mettre au niveau de son respect. Quel homme, quel niveau de dignité, quelle élégance… Cette occasion manquée, c’est un drame. Et ce n’est pas la première fois que le football français perd une occasion de grandir. On aime se plaindre de nos résultats européens et du spectacle local mais on ne peut s’en vouloir qu’à nous-mêmes. Je suis persuadé que le passage de Bielsa à Bilbao a transmis plus d’idées au foot espagnol que son passage à Marseille a donné au foot français, et ça ce n’est pas de la faute de sa glacière ou de son jogging : le foot français n’a pas su l’écouter. Et ce n’est pas le seul. Ancelotti a été critiqué lamentablement pour des bêtises. Le jour où Jardim sera champion d’Europe ou gagnera la Premier League, on enverra des envoyés spéciaux pour décrire ses « méthodes extraordinaires » alors qu’on se plaint de ses 1-0 quand il est sous nos yeux. « Manchester City passe en demi avec Aguero plus transparent qu’Ibra » Pourquoi ce retard ? Je n’ai pas la prétention de pouvoir te répondre. Je n’ai ni les connaissances ni l’expérience. Je regarde et j’écris beaucoup de foot, mais je ne suis pas entraîneur, je parle avec une posture d’observateur, pas de savant ou d’expert. Et c’est dangereux de faire des généralités et de parler de « football français » dans son ensemble : j’ai toujours l’espoir de me dire que ce traitement médiatique dont on parle comme s’il était une « forme humaine définie » n’est que le résultat de quelques mauvais articles publiés dans de grandes rédactions et qu’ils ne représentent absolument pas l’ensemble du foot français. Il faut plutôt oublier les éditos catastrophiques et mettre en lumière le super boulot de certains journalistes spécialisés, qui produisent des analyses précises, objectives, documentées, intelligentes, comme Florent Tonuitti, les Dé-Manager et un tas d’autres. Après, quand t’entends à la télé des anciens joueurs pro dire que « Zlatan n’a pas envie de courir », « Verratti se repose sur son talent », « Thiago Motta ne fait rien » ou « Ribéry est trop individualiste »… Bon. Oui, vu qu’il y a un manque d’analyse des mouvements collectifs, donc on s’attarde sur les individualités. T’as sans doute remarqué qu’après chaque élimination du PSG en C1, on préfère tout mettre sur le dos des soi-disant mauvaises performances d’Ibrahimovic ou Di María plutôt que de remettre en cause l’approche collective ou tactique du staff parisien, c’est triste. En face Manchester City passe en demi avec un Aguero plus transparent qu’Ibra. D’autre part, je trouve personnellement qu’on ne prend pas suffisamment la peine de raconter le jeu et ses mouvements. En lisant la presse et en écoutant la radio t’as souvent l’impression qu’en France le journaliste sportif adopte naturellement une posture de maître d’école. Il essaye d’expliquer au lieu de raconter, alors qu’il est très rarement armé d’une expertise suffisante pour se permettre d’expliquer. Tu m’étonnes que les meilleurs joueurs Français partent rapidement à l’étranger, que d’autres refusent de parler à la presse française et qu’il y ait si souvent des malaises autour des Bleus. En dehors du traitement de l’information, j’ai envie de croire que le rôle du journaliste sportif devrait plutôt être celui d’un conteur : savoir mettre des mots sur tous ces mouvements individuels et collectifs, décortiquer un flux d’actions sportives avec des formules littéraires, faciliter la compréhension du lecteur, le transporter dans l’action, et puis le faire voyager au-delà de la performance physique pour donner du sens à tous ces muscles qui courent après un ballon. Aujourd’hui j’ai plutôt l’impression qu’on suit les conclusions des résultats comme des moutons, et basta. Quand tu lis la prose de certains journalistes et écrivains italiens ou argentins, t’as envie d’aller réveiller Victor Hugo, Proust ou Romain Gary, les mettre devant quelques vidéos de roulettes de Zizou, accélérations de Djorkaeff et slaloms de Ribéry, et leur demander d’écrire ce qu’ils voient. « Avoir Griezmann en sélection c’est un luxe » Le retard français en termes d’analyse tactique ne vient-il pas du fait que nous sommes l’un des derniers pays « important » du foot à privilégier le résultat à la manière ? Mais qui aujourd’hui privilégie la manière au résultat ? Regarde l’Espagne qui s’autoproclame « terre du beau jeu » : il y a un mois, ce Barça était un candidat au titre de meilleure équipe de l’histoire, et après quatre défaites les médias espagnols parlent de crise et remettent en question le travail de Luis Enrique. Il me semble que les résultats dictent les analyses de tous les pays, en football, en politique, en économie, dans les arts. Tu pense qu’un politicien qui ferait augmenter le chômage avec la manière serait réélu ? C’est partout pareil. En Argentine l’enjeu dépasse largement le jeu, et ce weekend les Argentins ont connu l’une des plus tristes journées de l’histoire de leur football avec cette série de Clásicos morts à 0-0, parce que tout le monde a préféré ne pas essayer de gagner plutôt que de prendre le risque de perdre (Week-end du 23-24 Avril, ndlr). En Italie, une grande partie des médias aurait certainement viré Allegri en octobre. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas parce qu’il y a un défaut d’analyse en France que ce qui se fait chez nos voisins est bien plus avancé… Ce combat entre le résultat et la manière, Bilardo et Menotti, Simeone et Guardiola, Mourinho et Bielsa, j’adore ça au point de pouvoir en parler pendant des heures, mais ce ne sont que des discours. Tout le monde déteste perdre, tout le monde aime gagner, et tout le monde aime gagner avec style. L’enjeu qui se cache derrière tous ces grands mots, c’est de développer une vraie culture du travail. Reconnaître le travail même quand le résultat n’est pas à la clé, ça c’est le plus important. Savoir saluer le boulot de Paco Jémez au Rayo, même quand il prend un 10-0 au Bernabéu, ça c’est important. L’Athletic Bilbao de Bielsa n’a pas gagné un seul titre, mais peu d’équipes ont accompli autant sur la dernière décennie. Il faut le reconnaître. Pareil avec la Fiorentina de Montella, son 3-5-2 élastique, son Borja Valero et son Pizarro. Si Higuain avait marqué son pénalty et que le Chili s’était incliné face à l’Argentine en finale de Copa América en juillet dernier, ça n’aurait rien enlevé à l’immense boulot de Sampaoli et il aurait fallu le reconnaître. Le point commun de ces formations ? Le travail. Le foot a ses mystères et il faut savoir les apprécier, mais dans le foot comme partout ailleurs, ceux qui travaillent plus et surtout plus intelligemment sont ceux qui accomplissent le plus de choses. En parlant de gagne à tout prix, comment sens tu l’Euro avec Deschamps ? Son 4-3-3, l’absence de Benzema, le rôle de leader que devrait prendre Griezmann. Je le sens bien ! Griezmann a naturellement endossé ce rôle parce qu’il apporte à la fois de la fluidité entre les lignes et de la verticalité, de la possession et du danger, contrôle et vitesse. Benzema a les mêmes caractéristiques mais dans un corps de numéro 9, moins mobile et avec l’obligation de marquer. C’est un luxe d’avoir ce Griezmann pour une sélection qui a si peu de temps pour se préparer, son sens du jeu rend tout le monde meilleur et il défend comme s’il était encore un jeune qui devait gagner sa place. Maintenant comme tout le monde j’attends de savoir si Ben Arfa fera partie de l’aventure. Je suis aussi très heureux du retour de Lass, qui apporte l’expérience et l’assurance qui manquait à ce milieu. Lass, t’as clairement envie de partir à la conquête de l’Europe avec lui. Une limite reste l’utilisation de Pogba, qui semble trop important pour l’équilibre défensif (dans l’esprit de Deschamps) pour pouvoir peser offensivement. Mais cela va peut-être se régler lors de la compétition, il n’en est pas loin. Et puis la limite incorrigible reste l’apport offensif des latéraux, qui pourrait s’avérer insuffisant : Sagna et Evra réalisent encore deux grosses saisons défensivement, et ils méritent vraiment leur place, mais ils n’ont pas de projection et c’est handicapant d’aligner deux latéraux si conservateurs en même temps, un peu comme City cette saison en C1. Pouvoir compter sur les assauts offensifs d’un Kurzawa, ce serait intéressant. Enfin, il y a de nombreuses inconnues autour de la charnière centrale du fait des blessures et de leur temps de jeu, mais il faut rappeler que la solidité défensive des Bleus dépendra surtout du travail défensif des milieux et attaquants. Avec des joueurs aussi intéressants sur phase défensive, comme Lass, Pogba, Matuidi, Griezmann ou Kante, je ne pense pas que nos adversaires nous voient comme une proie vulnérable. — Deuxième partie de l’entretien — Tu as parlé de l’influence espagnole sur le jeu italien, mais l’Italie a énormément influencé le football mondial, que ce soit par le catenaccio, Arrigo Sacchi et la vague d’entraîneur de très haut niveau qui ont succédé. Est ce que ce ne sont pas eux les pionniers du domaine ? Quand je dis que le football italien s’est le plus nourri de l’influence espagnole, c’est relatif, je veux dire que l’Italie a su recevoir certains enseignements des succès espagnols depuis 2008, alors que la France a admiré le Barça sans vraiment essayer de s’en inspirer. Et c’est dingue de parler de cette influence en Italie, parce que l’Italie aurait justement dû devenir le bastion du football direct et de la contre-attaque ! Une sorte de dernier rempart face à tous ces « Croisés » de la possession de balle, à l’image de l’Inter de 2010. D’autant plus qu’en 2008, la sélection de Donadoni n’avait perdu qu’aux tirs aux buts contre l’Espagne d’Aragones, alors qu’Ambrosini était titulaire dans cette équipe… Mais finalement, comme tout le monde, les Italiens aussi se sont mis à regarder de manière inquiète leur possession de balle comme un type qui se croit malade parce qu’il ne mange pas assez de légumes. Dans leur analyse et leur discours footballistique, les Italiens sont des pionniers parce qu’ils ont intégré depuis des décennies deux piliers essentiels de ce jeu magnifique : d’une, ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui gagne à la fin, et de deux, l’équipe la plus organisée s’incline très rarement. Du coup, dans les médias italiens on parle de schémas, systèmes et positionnements tactiques, alors qu’en France le discours se situe plutôt au niveau de « l’analyse » de l’envie et de la motivation des joueurs, ce qui est forcément un point de départ limité pour construire une analyse intéressante. Quel est ton ressenti sur l’abondance de tacticien qu’il y aura l’année prochaine en Premier League. Les arrivées de Conte, Mourinho, Guardiola avec la présence de Wenger, Klopp, Ranieri, Pochettino et Benitez vont-elles donner une dimension tactique nouvelle pour un championnat qui en manque souvent ? La Premier League aura certainement plus d’intérêt parce qu’elle sera portée par le style de ces personnages, mais je ne suis pas sûr que ça donne une nouvelle dimension tactique. Evidemment, on va tous scruter le mouvement du nouveau Chelsea de Conte, la sophistication du jeu de City et les transitions de Liverpool, mais la nature de ce championnat est faite de telle manière que c’est compliqué de changer. D’une part, ce style de football très rythmé, trop rythmé même, un peu foufou, est largement implanté et représente d’ailleurs une source du « succès télévisuel » de la ligue. Pour faire une comparaison casse-gueule, c’est un peu comme sur FIFA, si t’essayes de mettre en place un jeu de possession très élaboré, même avec toute la volonté du monde, t’as l’impression de jouer contre-nature. D’autre part, tous les entraîneurs qui viennent en Angleterre se mettent à vivre le football différemment. Ils le disent tous, de Mourinho à Mancini en passant par Pellegrini : la pression du résultat n’est pas la même qu’en Espagne ou en Italie parce que les clubs sont financièrement bien plus confortables qu’en Liga ou en Serie A. Arsenal peut se permettre de ne jamais gagner de titre, Liverpool peut se permettre de finir septième et de ne pas jouer la Ligue des Champions, et ce n’est pas un drame. En Italie, l’Inter et le Milan dépendent des sous de la Ligue des Champions, en Espagne le Real et le Barça sont en crise s’ils finissent deuxièmes, en Allemagne le Bayern est interdit de ne pas remporter la Bundesliga. En Angleterre ils ne travaillent pas avec la même pression, et cela semble donc d’autant plus difficile de mener son groupe vers des succès exceptionnels, on l’a bien vu avec Mourinho à Chelsea cette année. D’ailleurs on le voit sur les résultats européens des clubs Anglais, on croirait qu’ils n’ont plus les mêmes standards que leurs voisins. Cela dit, avec des spécimens aussi ambitieux que Pep, Mou et Conte, c’est le meilleur moment pour changer. Quels sont pour toi aujourd’hui les tacticiens hors pair dans le monde du foot ? Sur les cinq dernières années, je dis Diego Simeone parce que c’est une réussite unique. Quand il arrive à Madrid en décembre 2011, à la veille de Noël, l’Atlético entraîné par Manzano est aussi loin de devenir un champion d’Europe que l’OM de Míchel en décembre dernier, pour situer… Aguero, De Gea et Forlán avaient été vendus, Miranda avait failli sauter de l’effectif par manque de place pour les extracommunautaires, Koke n’existait pas, sauf pour ceux qui regardaient les U20 Espagnols. Et Falcao se faisait siffler par le Calderón. Juanfran avait arraché un nul à la dernière minute au stade de la Route de Lorient en Ligue Europa, pour te dire. Tous ces joueurs, et il doit y en avoir des dizaines, le Cholo les a tous fabriqués avec ses mains. Il a tous les mérites : un formateur qui fait progresser ses joueurs, un motivateur que les joueurs adorent, un recruteur qui fait peu d’erreurs, un tacticien qui remporte toutes ses confrontations directes, et enfin un visionnaire parce qu’il a une réelle vision cohérente du jeu. Mais il n’y a pas que lui, il faut aussi reconnaître qu’il a su bien s’entourer, avec le Mono Burgos, le Profe Ortega, et les autres. Et puis le jeu qu’ils produisent est extraordinaire. Ça respire le cerveau autant que les couilles, à la fois la boxe et les échecs. Mais c’est loin d’être le seul. Pour tout ce qu’il inspire, je dois aussi citer Bielsa. Ca dépasse même le football. Une telle noblesse, une telle culture du travail, cette obsession de la justice, une telle constance dans la réflexion, et puis une telle élégance dans son expression. Bielsa, il est unique dans ce football de 2016. Il nous rend tous meilleurs. Et je dois aussi mentionner l’immense José Mourinho, même si c’est très différent. J’ai énormément de mal à mettre des mots sur ce qu’il est, ce qu’il représente, ce qu’il a accompli. Je ne pense pas avoir les informations et la capacité d’analyse pour analyser avec certitude sa carrière jusque-là. Je n’arrive pas encore à cerner, j’ai trop peur de me tromper, il peut encore nous surprendre. Il est presque trop grand. Ce Porto sur le toit du monde, l’épopée de l’Inter, ses années de combat face au Barça de Pep… Je trouve qu’on est injustes avec son bilan au Real Madrid. Je parlais tout à l’heure de l’importance de la reconnaissance du travail et ce peu importe le résultat final. Si tu regardes le dénouement de ses deux demi-finales de C1 en 2011 et 2012, entre l’expulsion de Pepe contre le Barça et les tirs aux buts manqués par Cristiano, Kaka et Ramos contre le Bayern, ça te fait réfléchir. Il n’est pas passé loin de remporter deux C1 de plus. Et le sens du travail d’Ancelotti nous l’a confirmé par la suite. « Zidane ressemble au Leonardo 2011 avec l’Inter » Dans tous les entraîneurs que tu me cites, il n’y a pas un seul coach français. Est ce que la formation des entraîneurs n’est pas bonne en France ? La France peut être fière des Wenger, Deschamps, Garcia, Puel, Denoueix, non ? Ce que fait Galtier à Saint-Etienne, c’est stable, cohérent et construit sur la durée, aussi. Je ne peux pas me prononcer sur la qualité des formations des entraîneurs en France, je ne les ai pas suivies. Et puis surtout, je ne pense pas que ce soit vraiment les structures qui fassent la différence à ce niveau-là, il me paraît clair que ce sont plutôt les individus. Là on parle de Simeone, Mourinho, Guardiola, ce sont des phénomènes uniques dont les succès dépassent largement la formation ou le passeport. Si Mourinho était Français, le niveau du football français ne serait pas plus élevé pour autant. La preuve, l’immense Helenio Herrera avait suivi une formation française. Il me semble que le succès des entraîneurs n’est pas vraiment une conséquence directe de leur formation. Si tu regardes « l’école » argentine, ils ont presque tous des mentors différents et des méthodes différentes. Chaque grand entraîneur suit une trajectoire unique, une sorte de parcours initiatique. C’est aussi vrai en Espagne, où les chemins empruntés par Guardiola, Emery ou Benitez n’ont rien à voir. En revanche, leur point commun, c’est cette obsession perfectionniste, cet esprit de compétition insurmontable qui les fait voyager à la recherche de leur jeu. Guardiola est parti au Mexique, Wenger au Japon, Emery en Russie, Simeone a connu la lutte pour le maintien en Argentine et en Italie avec Catane. Ce sont des hommes marqués par de fortes expériences dans des contextes difficiles, et je suis convaincu que ça les aide au quotidien. Leur métier, ce n’est pas de dessiner un schéma sur un tableau noir en se basant sur les théories de leur formation. On n’a pas parlé de Zidane, comment ressens-tu son style ? Cela fait à peine quatre mois qu’il a commencé, c’est bien trop tôt. Mais avec son aura, on a toujours envie de croire à l’impossible, c’est presque un réflexe. C’est pour ça que Florentino Pérez a pris le risque de confier le destin de ses galactiques dans les mains d’un entraîneur si peu expérimenté, alors que l’Espagne ne manque pas d’expérience en la matière (Valverde, Emery, Marcelino, etc.) Pour exactement les mêmes raisons, beaucoup de monde était convaincu que l’Argentine allait faire quelque chose en 2010 grâce à l’influence de Maradona. Ce sont des mythes, dès qu’ils ouvrent la bouche on imagine que le vestiaire avale leurs paroles. Et c’est un réflexe normal. Mais Guardiola a mis des années pour se former, Simeone a tout connu en Argentine puis à Catane, Luis Enrique a dû faire ses preuves, même Ancelotti a mis du temps avant de se sentir prêt pour une grosse écurie. La différence, c’est que le passé de Zidane ne lui donne pas le luxe de construire son futur : si Zidane entraîne, il faut que ce soit le Real. Mais il arrive dans une maison aux fondations instables. A part Ancelotti durant quelques mois, personne n’a réussi à utiliser ce milieu Kroos-Modric de manière convaincante. Ce qu’on peut observer, c’est que le choix d’installer Casemiro démontre un certain pragmatisme tactique et du caractère : Zizou ne veut pas plaire, il veut gagner. Et c’est ce qui est fascinant avec ce défi d’entraîneur de Zidane : on dirait qu’après avoir touché l’olympe en tant que joueur, il meurt d’envie de se remettre en danger, de prendre des risques, de brûler pour mieux avancer. Et ça peut se comprendre. Quand tu t’appelles Zinédine Zidane et que tu viens de finir ta carrière, tu dois te dire : « p***** mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? » C’est un défi magnifique et c’est tout à son honneur de remettre son nom en jeu. Pour le moment, je trouve que sa demi-saison ressemble beaucoup à celle de Leonardo à l’Inter en 2011, quand il avait lui aussi repris l’équipe de Benitez. Il a le soutien du vestiaire, les individualités brillent à nouveau, mais l’urgence du résultat empêche de poser des fondations pour l’avenir. Les deux équipes sont fondamentalement déséquilibrées mais menées par le même esprit de revanche. La remontée contre Wolfsburg fait penser à celle de l’Inter contre le Bayern. On va voir ce qui va arriver à son Real cette semaine, mais après une remontée extraordinaire en championnat, l’Inter de Leo avait tout perdu en une semaine, en chutant contre Schalke en quart de C1 puis contre le Milan en championnat. L’essentiel, c’est qu’il survive à cette fin de saison et qu’il ait carte blanche pour construire son style la saison prochaine « Ce qu’a fait Sven Goran Eriksson à la Lazio c’est merveilleux. Beaucoup s’inspirent de lui. » J‘en reviens à Laurent Blanc, il a une nouvelle fois échoué en quart de finale. Au bout de trois ans, le club n’a pas progressé. Je me souviens que tu avais écris un article sur Gallardo en expliquant que c’était le choix idéal pour le PSG, est ce que tu es toujours de cet avis ? Il ne faut pas oublier que la première saison de Laurent Blanc a fait évoluer le PSG de manière intéressante, avec la mise en place de ce 4-3-3, le fonctionnement du triangle Verratti-Motta-Matuidi, les automatismes entre Ibra et Matuidi, et cette volonté de créer une identité à partir du ballon, au moins jusqu’au quart contre Chelsea. Mais l’évolution s’est arrêtée à ce moment-là, qui sait s’il saura ou s’il aura le temps de lui redonner du souffle. Gallardo, j’avais suggéré et défendu sa candidature pour quatre motifs : l’accord avec identité du projet, sa passion, sa vision du jeu et enfin son intelligence. D’une, c’est un ancien joueur de Ligue 1 et du PSG, ce qui facilite la création d’une identité autour de ce projet qui en a tant besoin. De deux, pour l’avoir vu travailler de près à Buenos Aires en 2014/15, c’est un travailleur passionné dont l’obsession rappelle celle des plus grands : Simeone, Guardiola, Mourinho, Bielsa… Il aime le jeu et sait transmettre son ambition, et ça me paraît essentiel pour que le PSG parvienne à se surpasser lors des grandes soirées européennes. De trois, il vient de connaître deux expériences à forte pression au Nacional et à River, il a su développer du jeu et insister avec une identité précise dans des conditions compliquées, il a fait face à des crises et il est prêt pour l’Europe. De quatre, enfin, c’est un homme intelligent. Mais ça n’est pas le seul. Jorge Sampaoli, José Mourinho ou même Leonardo, ça fait rêver. Tout dépend du prochain projet sportif parisien, si le club souhaite un projet d’un an, trois ans, cinq ans… Officiellement, le club ne cherche pas de nouvel entraîneur. Dernière question, entre le 4-4-2 de Sacchi, et le 4-3-3 (3-4-3 surtout) de Cruijff, tu votes pour qui ? Aucun des deux. S’il faut choisir un 4-4-2 de l’Italie des années 90, je dirais celui de la Lazio de Sven-Goran Eriksson. Parce que j’étais trop jeune pour Sacchi, d’une part, par esprit de contradiction, clairement aussi, parce qu’Eriksson est Suédois (je suis franco-suédois) et parce qu’un milieu qui peut compter sur Nedved, Verón, Simeone, Stankovic, Sergio Conceição, Almeyda et la fantaisie de Mancini, c’est exceptionnel. Sans parler de Nesta, Mihajlovic, Salas… On en parle peu, mais un grand nombre de joueurs d’Eriksson sont devenus de brillants entraîneurs et ils parlent toujours de ce qu’ils ont appris de lui. C’est un peu un gourou de « l’autre modèle », de la non nécessité de la possession de balle. http://fautetactique.com/author/fautetactique/
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Pour le dernier point on voit qu'il a su s'adapter à M.U et offrir un football d'attaque ce qui montre bien le côté hybride de cet entraîneur. D'ailleurs il n'est pas difficile de voir qu'il tente de reproduire un football similaire à celui de S.A.F lors des dernières années. Mais vu que ce ne sont pas les mêmes joueurs et pas les mêmes adversaires, il y'a forcément des différences et des phases propres à chacun de ces entraineurs.
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Football : qu’est-ce que la méthode José Mourinho ? Le coach portugais de football a remporté le titre de champion d’Angleterre avec Chelsea. C’est son 8e titre national dans quatre pays différents. Un palmarès bâti avec une stratégie singulière. Les explications en 8 points de la méthode Mourinho : 1- Aimer ses joueurs La plupart des anciens joueurs qui se sont entraînés sous les ordres de José Mourinho, 52 ans, ne tarissent pas d’éloges à son sujet. À l’exception de certains cadres du Real Madrid qu’il avait mis au pas. Mais sinon, l’entraîneur portuguais est extrêmement proche de ses joueurs. À la manière d’un coach de rugby, il leur parle beaucoup, les motive, les convainc qu’ils sont les meilleurs, leur apporte toute sa confiance. En retour ceux-ci sont prêts à tout pour lui. Et notamment à accepter de se dépouiller au nom du bien collectif. L’exemple le plus célèbre reste celui de Samuel Eto’o, avant-centre à l’ego considérable, qui avait accepté de défendre en position d’arrière en finale de Ligue des Champions pour l’efficacité de l’équipe. Dans le football contemporain, où les joueurs peuvent être amenés à développer leur stratégie personnelle, c’est un atout considérable pour l’équipe. Et cette solidarité a été la force de Chelsea cette saison. 2-Tout pour l’équipeCela découle du point précédent. José Mourinho voue un culte au collectif et ne supporte pas qu’un joueur ne fasse pas de même. Aussi les joueurs doivent tous appliquer ensemble le schéma de jeu et tirer dans le même sens. C’est pourquoi il aime assez les joueurs qui effectuent en bon soldat le travail obscur. 3- Ne pas hésiter à aller au conflitC’est désormais une habitude avant les matchs, José Mourinho va souvent chercher à déstabiliser l’adversaire en pointant une difficulté. Il ne va pas hésiter à porter le fer contre un manager adverse. Voire l’attaquer comme il l’a fait si souvent avec Arsène Wenger pour le perturber et avec l’équipe adverse. Cette méthode semble fonctionner puisque ce dernier n’a jamais gagné contre José Mourinho. En revanche, son animosité envers Pep Guardiola quand celui-ci était au Barça fut contre-productive. De la même manière, il lui arrive très souvent de mettre de la pression sur l’arbitrage avant une rencontre. 4- Faire de la communication une armeCelui qui s’est autoproclamé comme “the special one” a saisi toute l’importance de la communication dans le sport moderne et tout particulièrement dans le football. Cela lui permet de s’attirer les faveurs des supporters et d’envoyer des messages à ses dirigeants. Ensuite, José Mourinho aime jouer avec la presse. Cela fonctionne très bien en Angleterre où son sens de la formule fait merveille mais cela n’avait pas fonctionné en Espagne. Il y avait de vrais affrontements entre la presse qui l’a parfois boycotté. Il faisait du reste régner la terreur auprès de ses joueurs afin qu’ils ne communiquent pas avec celle-ci. Toute la communication de son équipe doit passer par lui. 5- Attirer l’attention sur lui pour protéger son équipeToute cette activité médiatique a souvent pour but, à la veille d’un grand match par exemple, d’attirer toute l’attention sur lui et en cela retirer une partie de la pression qui pèse sur ses joueurs. Il leur fait croire aussi par ces polémiques incessantes que la terre entière est liguée contre l’équipe et qu’il faut se serrer les coudes. C’est une manière de donner au groupe ce que les sociologues appellent des valeurs centrales de cohésion. À Madrid, il a, par exemple, inventé une histoire de calendrier du championnat qui aurait été établi pour nuire au Real. 6- Un projet global et invariantMais, bien entendu, sans une politique sportive solide, la forme ne serait pas suffisante. José Mourinho, comme souvent les grands managers, définit une ligne à laquelle tout le club doit se tenir. Cela permet tout le monde de travailler dans le même sens, avec une vision collective et partagée du projet. 7- Des entraînements qualitatifsIl privilégie le travail qualitatif avec des séances intenses mais courtes. Mais chacun doit être concentré et attentif au maximum. À ce moment là, José Mourinho est extrêmement exigeant avec ses joueurs. Il est très présent lors de ces séances ce qui n’est pas toujours le cas des autres grands managers. Il fait par ailleurs beaucoup travailler les joueurs avec le ballon, une méthode qu’il avait acquise lorsqu’il était adjoint au Barça. 8- Un jeu basé sur la défenseEn revanche, il n’a pas retenu du Barça le jeu offensif. José Mourinho a en effet une stratégie d’ensemble du jeu basée sur une défense forte avec une équipe qui défend en bloc et solidairement. Les défenseurs latéraux ont souvent la consigne de ne pas monter en attaque à la grande différence des styles de jeu du Barça ou du Bayern Munich. On disait lors du premier passage de José Mourinho à Chelsea que son équipe garait le bus devant les buts. Par ailleurs, son collectif impulse toujours un impact physique important sur l’adversaire. C’est ainsi qu’il avait, avec succès, écarté le Barça en Coupe d’Europe avec l’Inter Milan et remporté sa 2e Ligue des champions ensuite face au Bayern Munich. Cela avait moins fonctionné avec le Real Madrid face à ce même Barça du temps où il entraînait le club madrilène. Partout où il passe, José Mourinho propose peu ou prou ces mêmes grands principes qui forgent l’identité de l’équipe. Et celle-ci s’y tient tout au long de la saison. C’est ce qui fait sa force, notamment en championnat où les joueurs ont besoin de repères fixes. Cela n’occasionne pas un football forcément attractif. Mais José Mourinho n’en a cure, il est là pour gagner des titres et c’est qu’il vient de faire avec Chelsea en Premier League. http://www.votrecoach.fr/actualites-des-coachs/football-quest-ce-que-la-methode-jose-mourinho/
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Aujourd'hui sur le déclin, ça reste cependant l'un des meilleurs milieux de sa génération.
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Ligue 1 / Ligue 2 saison 2016-2017
Charlie a répondu à un(e) sujet de Rooney_24 dans LE FOOT EN GENERAL
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Ça c'est pour toi Jiminy.
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Autant d'habitude je m'en cogne, autant c'est vrai que là ça faisait limite rencontre dans le City-Stade du coin