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Marvin

Fergie Babes
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Tout ce qui a été posté par Marvin

  1. Elle est énorme la vidéo. Tu crois tu vas cliquer dessus tu vas zapper en 2 minutes, mais en fait tu scotches pendant 15mn. Ce mec est vraiment un porc.
  2. Marvin

    Thiago Alcántara

    C'est parce qu'on va signer Reus! C'est done deal !
  3. « Il y a une différence entre Madrid et Monaco. Le Real dépense de l'argent qu'il gagne, c'est ce que nous appelons le fair-play financier. À Monaco, ce n'est pas ce qu'il se passe. C'est important que cela se passe comme cela car, le danger, c'est que si l'actionnaire s'en va, le club disparaît. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, certaines personnes étrangères qui ont beaucoup d'argent investissent dans des clubs et montent de grandes équipes comme Chelsea, Manchester City ou le PSG, c'est une forme de concurrence déloyale, notamment sur la question des salaires » Florentino Perez. Sérieusement ?
  4. Marvin

    David Moyes

    Il n'avait qu'un attaquant. Tu aurais fait quoi comme compo ?
  5. Je vois qu'il y en a beaucoup qui galère à afficher une vidéo youtube. Cliquez sur le bouton en haut à gauche à coté de la gomme. Ensuite mettez votre lien entre [media ] Ici [/ media] sans les espaces. La vidéo s'affichera.
  6. Marvin

    David Moyes

    Je suis plutôt d'accord, mais je pense qu'il connait déjà très bien l'effectif, et qu'il a eu tous les éléments en main pour connaitre les manques de l'effectif.
  7. Marvin

    David Moyes

    http://www1.skysports.com/football/news/11667/8823765/Transfer-news-David-Moyes-says-Manchester-United-have-money-to-spend voilà qui est fait.
  8. Marvin

    Thiago Alcántara

    Pourquoi cliquer sur son topic les mecs ?
  9. Marvin

    David Moyes

    Qui pour venir renforcer notre entre jeu...?
  10. Par contre Skynet si tu veux faire envie montre nous plutôt cette vidéo
  11. J'avoue lui c'est irrésistible Skynet. Injouable. Tu prends par les sentiments, c'est comme si je te disais qu'on prenait Tremoulinas.
  12. On garde notre effectif, on met de l'argent sur lui : http://www.youtube.com/watch?v=lvaBIadICj0
  13. Marvin

    Tom Cleverley

    On a envoyé Beckham en prêt à Preston, ça ne l'a pas empêché de devenir un top player. Je ne dis pas que Cleverley ne doit pas progresser, mais il a les bonnes bases. Il a une bonne technique, une bonne vision, et une bonne intelligence de jeu avec et sans ballon. Il doit prendre un peu plus d'expérience, et acquérir un peu plus de confiance en lui et en son jeu. Comme l'a dit Skynet, les domaines dans lesquels il doit progresser ne sont pas les étapes les plus dures à acquérir, et si on prend un exemple un joueur comme Xavi, très jeune, avait aussi un peu ce défaut. Je me rappelle que le père d'un pote à l'époque qui était catalan et fan du Barça en parlait à l'époque. Je ne dis pas qu'il va devenir aussi fort que Xavi, mais il y a quand même des ressemblances, ils sont formés dans leur club, très prometteur très vite, propulsé en tant que joueur important de son équipe. Xavi aussi à l'époque, on voyait qu'il avait les bases, l'intelligence de jeu et la technique de passe, mais peinait encore à prendre réellement le jeu à son compte comme il l'a fait plus tard, lui aussi préférais conserver le ballon par une passe plus simple, ou même en retrait pour conserver le ballon et ne tentait pas des passes plus compliquées ou des dribbles. Je souhaite à Cleverley de devenir aussi bon, même si ça sera presque impossible.
  14. Marvin

    Tom Cleverley

    C'est surtout que Cleverley a beaucoup de talent. Il a une intelligence de jeu largement supérieure à beaucoup d'autre milieu de grand club. Il a aussi une grande qualité de passe, et de déplacement. Il faut qu'il progresse dans les prises d'initiatives, mais il a la base pour devenir un milieu moderne complet. Il a largement les qualités pour jouer à United, et United est le cadre parfait pour le faire progresser. Je ne dis pas qu'il ne faut pas recruter un autre milieu talentueux, et le mettre en concurrence avec Cleverley. Il est le futur de United, que ça vous plaise ou pas.
  15. http://forum.rojadirecta.es/showthread.php?198507-FUTBOL-Friendly-Singha-All-Star-XI-v-Manchester-United-13-7-2013&s=29de57d80366fab9dd46d910fc4b9cb7 tu peux le télécharger ici
  16. Le 10 de l'Uruguay met la misère! c'est qui ?
  17. Marvin

    Danny Welbeck

    J'avoue Ca me rappelle Cristiano qui était tombé après une série de dribble, en amical contre le Sporting Lisbonne je crois. Enfin je crois qu'après il plante un CF magnifique à Canizares et fait fermer les bouches ^^
  18. Marvin

    Adnan Januzaj

    Si on recrute Cristiano, tu l'auras vite oublié "ton" Januzaj
  19. Ca peut être un 4.3.3, avec Danny en pointe, un milieu Carrick Andy Clev.
  20. Marvin

    Danny Welbeck

    Oui. Il serait également intéressant de voir Nani jouer à ce poste. Par contre, je suis réellement confiant sur sa capacité à beaucoup progresser dans sa technique dans les petits espaces, sa vitesse et son accélération lui ont permis de conserver le ballon même après un contrôle un poil long, mais il doit progresser dans ce domaine. Et il va le faire j'en suis certain. Le truc pour le faire jouer comme le fait Mirallas, c'est qu'il faut un milieu à 3, pour ne pas laisser trop d'espace sur le côté et malgré tout permettre aux latéraux de monter (obligatoire d'avoir des latéraux très offensifs pour permettre ce rôle d'ailier/attaquant). J'espère que c'est vers ce type d'organisation que va se tourner Moyes d'ailleurs.
  21. Puisque dans ce topic, on a le droit de poster des trucs à rallonge ^^ L’Athletic Bilbao sous Marcelo Bielsa (1/2) C’est officiel depuis trois semaines, Marcelo Bielsa n’est plus l’entraineur de l’Athletic Bilbao. Décision "unanime" du conseil d’administration selon le communiqué. Ce départ signe la fin de la collaboration entre un président élu et son entraineur. Car oui, si Josu Urrutia fut élu lors du printemps 2011, c’était en grande partie grâce au technicien argentin. Le 30 juin étant la date officielle de la fin de contrat liant Marcelo Bielsa au club basque, c’est l’occasion pour nous de retracer les deux saisons de l’Athletic avec l’intégriste à leur tête. Deux saisons complètement folles, car antinomiques. (Ecrit le 4 juin 2012) Lors de la saison 2011/2012, los Leones (les Lions) de l’Athletic Bilbao ont époustouflé l’Europe du football. Régionalisme exacerbé, rugosité historique dans le jeu, modèle atypique ; les qualificatifs ne manquent pas pour ce club qui n’a jamais quitté la Liga BBVA depuis sa création (1928). Mais lors de l’exercice 2011/2012, un homme a transcendé toutes ces valeurs ancrées au cœur du club pour mettre en place une philosophie de jeu uniquement professée par le FC Barcelone : le "football total." Cet individu fut l’auteur d’une ®évolution footballistique radicale et complète : "El Athletic Club de Bielsa" (L’Athletic de Bielsa). Coup d’Etat "L’Athletic de Bielsa" comme on (a) dit "le Grand Milan de Sacchi", "la Dream Team de Cruyff", le "Kiev de Lobanovski", "la Grande Hongrie de Sebes", ou le "Barça de Guardiola", etc. Dénomination assez explicite pour comprendre qu’au-delà de la détention des pleins pouvoirs sportifs dont il pouvait jouir, Bielsa a façonné son équipe de principes stricts qui le caractérise. N’ayons pas peur de l’emphase : le kick and rush du plus rustre jeu espagnol a laissé place au toque, à une vision pragmatique du jeu alliée à un engagement traditionnel toujours aussi passionné. Au mythe ultime de la définition "football" qui permettra au club basque d’accéder à la finale de l’Europa League. Depuis le début de saison, l’allégresse gît à Lezama (cantera de l’Athletic). Cet enthousiasme grandissant fut permis par le hasard institutionnel. Propre au système des socios, en ce mois de mai 2011, c’est la période de l’élection à la présidence du club. Un candidat à celle-ci, Josu Urrutia (ancien joueur du club), a compris que le modernisme et la tradition n’étaient pas forcément contradictoires. De fait, de son projet vient s’ajouter un sérieux argument : Marcelo Bielsa, huitième de finaliste de la dernière Coupe du Monde 2010 (avec le Chili) et dépositaire d’un 3-4-3 qui fit l’admiration d’un certain Josep Guardiola. "J’ai eu l’occasion d’affronter beaucoup d’équipes entrainées par des Argentins durant ma carrière et elles avaient quelque chose en plus : une âme. Bielsa est l’homme idéal pour démarrer un nouveau projet" expose d’emblée Urrutia. Très courtisé, "l’ermite" adhère au projet en acceptant le deal avant même la tenue de l’élection et après s’être adonné au visionnage des 38 matchs de Liga du club basque de la saison écoulée. Le verdict tombe le 7 juillet à 22 heures : Josu Urrutia est le nouveau président de l’Athletic Bilbao. Il remplace ainsi son adversaire et jusque là président, Fernando Macua. L’Inter de Moratti sondera tout de même l’homme de Rosario, mais Bielsa est intègre, donc refusera l’offre. José Caparros, lui, est prié de se trouver un nouveau club : destination Saragosse. Dès l’intersaison, les joueurs ont dû embrasser les préceptes de l’Argentin : méthodologie unique, discours dictatorial, football acéré pour un objectif commun : celui d’engloutir tout ce qui bouge, donc raisonnablement décrocher l’Europe via le championnat et ne pas se dégonfler comme les clubs français en Europa League. Soit de faire aussi bien que Caparros avec lequel le club vient de terminer sixième de Liga. L’Athletic ne deviendra pas une équipe compétitive grâce à Bielsa. Elle l’est déjà. Muniain, Llorente, Javi Martinez etc., n’ont pas débarqué ou montré leurs talents à l’arrivée de l’Argentin. En revanche, ils avaient besoin de cultiver on ne peut plus leurs qualités propres par la venue d’un tuteur. Ils auront droit à l’excellence en la matière. Ultra-rigoriste, à ces lunettes on note l’évidence qu’il est né pour professer, enseigner, transmettre son football. Son profil didactique n’a pas pour autant chamboulé l’identité du club basque. Bien au contraire, il a combiné sa science et celle du club par complémentarité. Au nom du jeu. "Bilbao c’est le seul club du monde qui ressemble à une sélection. Tous les joueurs viennent du même endroit et partagent les mêmes idéaux. Une force invisible les unit. Pour moi ce ne sera pas différent, mais jouissif de pouvoir avoir la chance d’entrainer une institution enraciné dans la tradition," synthétise l’Argentin. Les pièces Bielsa et Athletic Bilbao s’imbriquent donc parfaitement. Bielsa avait besoin de joueurs élevés à sa matière première inhérente à sa philosophie : courir. Et encore courir. Parce que "tout joueur, à tout moment du match, a une bonne raison de courir." "Il n’y a aucune justification pour voir un joueur à l’arrêt sur un terrain" dit-il. "Nous travaillons beaucoup l’exercice du pressing : nous savons courir intelligemment, nous ne courons pas pour courir", ajoute Fernando Llorente. Une convergence opportune qui arrive à point nommé car l’expression de son football ne peut s’effectuer (bien souvent) qu’avec des jeunes, des dératés à la moyenne d’âge de 24 ans (moyenne de l’Athletic) nourris par le grain de l’effort physique ayant d’autant plus besoin d’un fondamentaliste du jeu pour exprimer cette qualité première. Mouvement, perfectionnisme et concentration sont sollicités à l’heure de l’entrainement, au visionnage du jeu prôné et de celui des adversaires. Des séances tactiques, individuelles et collectives à n’en plus finir où chaque joueur se doit d’intérioriser ses déplacements et de connaître les caractéristiques du/des joueur(s) qu’il sera susceptible de fréquenter au cours de la rencontre. "Quand il pense que vous devez corriger quelque chose, il vient vous voir directement et vous demande de regarder la vidéo" explique le défenseur central Fernando Amorebieta, bûcheron devenu sculpteur. Dès son arrivée, Bielsa a donc insisté sur la rigueur et l’exigence tactique et mentale au nom de la gagne. Pour cette vertu, il a dû se gagner l’adhésion de l’ensemble de l’effectif. Une notion que Bielsa a parfaitement su maitriser. Cette exigence de tous les instants demande indéniablement en retour un minimum de qualités managériales. Tout sauf un hasard si l’homme excelle aussi dans le registre : "Ne m’aime pas parce que je gagne : j’ai besoin que tu m’aimes pour qu’on gagne." "Il faut aimer sincèrement celui qui dirige, et si on ne l’aime pas naturellement, il faut apprendre à l’aimer.". Le football de Bielsa, c’est de l’amour. De la sueur. Par le jeu. Pour le jeu. Le jeu "Ce n’est pas du football ! Que des ballons vers le N.9 : ce n’est pas du football !" lance t-il à son homologue italien au Festival de Toulon 2008 alors sélectionneur du Chili. Alors, quoi de mieux que l’Athletic Bilbao pour sortir ses outils et sortir ce club du marasme technique tout en gardant cette sincérité dans l’engagement ? Le football de Bielsa pourrait se résumer par une tâche devenue vertu : le mouvement, où le 4-4-2 traditionnel de l’Athletic laisse place à un 4-3-3 le plus souvent. L’articulation offensive se borne à trois attaquants : deux ailiers et une pointe pour étirer la défense et ouvrir des espaces. On exploite au maximum la largeur du terrain. Derrière ce trident, quand avec le Chili (en véritable 3-4-3) Matias Fernandez était le meneur de jeu ; avec l’Athletic, Bielsa donne sa confiance à deux milieux relayeurs à la Vo2 Max kenyane : Ander Herrera et Oscar de Marcos. L’équilibre, la relance et le jeu de transition dépendent d’un milieu de terrain défensif qui pourrait très bien faire figure de meneur de jeu dans bon nombre de clubs européens : Ander Iturraspe est de ceux-là. Défensivement, pour mener à bien son projet, son idée est de posséder une première relance de qualité. Partageant le principe technique de Ricardo La Volpe énonçant que "le plus important en football, c’est que les joueurs qui doivent le mieux jouer au football, doivent être les défenseurs", Bielsa n’hésite pas à faire du milieu de terrain défensif en titre, un véritable défenseur central sous son joug. A l’instar d’un Mascherano au Barça ; pour l’Athletic, l’international espagnol Javi Martinez endosse ce rôle. Côté dispositif, l’idée est claire : il est nécessaire d’avoir un défenseur central de plus que le nombre d’attaquants adverses. D’où une perpétuelle alternance entre le 4-3-3 et le 3-4-3. Un 3-4-3 marque déposée 3-3-1-3 qui fait la renommée du technicien argentin. Un schéma dissident avant que la moitié des clubs italiens : le Napoli de Mazzari (3-4-3), l’Udinese de Guidolin (3-5-2), la Juve de Conte (alternance 4-3-3/3-4-3/3-5-2) etc., n’expérimentent la défense à 3 pour un jeu ouvertement offensif. Le danger vient des ailes pour s’adonner aux centres et autres triangulations. Le jeu passe donc par les flancs qui dépendent des jeux à trois (latéral, milieu, ailier). L’expression s’inscrit par une latitude maximale donnée aux latéraux : les premiers à attaquer, les premiers à court-circuiter les velléités adverses. Ainsi, face à un seul attaquant adverse, Bielsa propose une défense à quatre où les deux latéraux montent passer l’essentiel de leur temps dans le camp adverse. Face à deux attaquants – ou quand l’équipe a le ballon, un troisième défenseur se charge d’assurer le surnombre (glissement du milieu de terrain défensif -Iturraspe-). Dans le même temps, les latéraux en redemandent encore, sollicitent à outrance, bien que la mise en place du 3-4-3 n’aura été effectif dès le début du match que lors de la rencontre face au FC Séville (victoire 2 buts à 1 des basques). Sinon, en cours de match En phase défensive, la consigne est claire : haro sur le porteur de balle. Chacun dans sa zone doit exercer un pressing propre au harcèlement, avec la ligne d’attaque à l’amorce dudit pressing, promptement suivi par l’ensemble de l’équipe où chacun défend sa zone. Le football est un don de soi : défendre en attaquant, en récupérant ci-possible la balle dans le camp adverse. La synchronisation des déplacements donne une certaine saveur quand les deux-tiers des équipes privilégient la préservation de leur moitié de terrain plutôt que d’investir la partie adverse. En phase offensive, les systèmes adoptés sont au même nombre que les trafics dans le Bronx. L’idée est que le porteur du ballon doit disposer de trois appels différents pour que le secteur offensif soit un minimum fluide. Un appel latéral, un appel dans les intervalles et un appel en profondeur avec en finalité du mouvement, un centre ou un décalage. Dédoublements tous azimuts, remises, une-deux incessants… Une intensité unique. Dans son ensemble, le jeu se traduit par l’obsession pour les passes courtes, tranchantes, entrecoupées finement par les ogives biens longues d’Amorebieta ou de Javi Martinez pour le jeu en pivot aussi pesant qu’efficace de Fernando Llorente. Dernier atout et pas des moindres pour cette bande de fous furieux : les coups de pieds arrêtés. Cet exercice fondamental du football moderne que Bielsa n’exploite pas, il en abuse. Le jeu de l’hérésiarque sollicite absolument tous les composants du footballeur moderne en exploitant au maximum le potentiel de ses joueurs. Par sa pédagogie, son discours, l’Argentin sublime les capacités de ses hommes. En résulte, cette tendresse particulière pour cette équipe qui a du cœur, un esprit et du ballon. « Mes que un club » Des valeurs qui découlent d’une exigence épidermique faisant écho au club basque. À l’image du Real Madrid et du FC Barcelone, l’Athletic Bilbao appartient à ses supporters. Pis, l’équipe basque vit en pleine autarcie alors que d’autres clubs de Liga sont rachetés par des capitaux étrangers (Malaga, Racing Santander…). Ça vous pose l’allure identitaire de l’institution. Vient le temps des vices d’un club pas comme les autres. Du sectarisme idéologique donc sportif où l’entité "Athletic Bilbao" est le centre névralgique de toutes décisions, l’Athletic s’inscrit encore dans le football pré-arrêt Bosman. Contrairement à ses voisins (Osasuna et Real Sociedad), l’Athletic aligne des équipes composées uniquement de basques ou de joueurs formés au Pays Basque. Une politique qui lui est depuis toujours indissociable. Elle en est même la devise : "Con cantera y aficion, no hace falta importacion" ("avec la formation et les supporters, pas besoin d’importation"). Une politique identitaire qui handicape fortement la politique de Bielsa. Parce qu’il est condamné à disposer d’un effectif limité alors que celui-ci contient déjà des joueurs insuffisants pour répondre à ses minimas techniques. Sans rotation, la difficulté s’accroit dans l’objectif de régulièrement faire tourner son onze et de proposer en plus d’une flexibilité de jeu, cette flexibilité ajacide : rendre modulable, insaisissable son schéma. Inter-changer à souhait ses joueurs au nom de ses principes de jeu. Un obstacle qui contraint la compétitivité de l’équipe. De surcroit, la prise de risque est inhérente à l’idéologie "bielsiste", donc oblige ce court effectif à physiquement répondre présent. Tout le temps. Dans le cas échéant, la coordination du repli défensif et la gestion des individuelles s’annoncent cruciales. Le registre défensif s’avère être le point faible de l’équipe basque. Individuellement limité et collectivement risqué. L’Athletic est donc imparfait. Imparfait mais très haut dessus de la moyenne dans le jeu et les intentions présentés. Imparfait, inhumain et humaniste à la fois. Inhumain par les efforts physiques considérables que son jeu suscite, et humaniste par la solidarité indispensable qu’il demande. "Il faut rendre hommage à l’effort et la combativité que Bielsa transmet à ses joueurs. C’est merveilleux de les voir jouer de cette manière", reconnaissait Sir Alex Ferguson, manager de Manchester United, après la victoire des Lions à Old Trafford qui fut le match clef et télévisé de la magnificence du projet. Un hommage qui en dit long sur la nouvelle dimension prise par l’Athletic. Outre ce match de Coupe d’Europe, le match par lequel Bielsa s’est assuré de la pertinence de son arrivée à Bilbao fut, disons-le simplement, le plus beau match cette saison-là tous championnats confondus : Athletic Bilbao – FC Barcelone à San Mamés. Un match soldé par un 2-2 d’une intensité électrique. Qu’une pluie tropicale s’abatte en cette fin d’après-midi n’a rien d’anecdotique. Qui plus est en Octobre. L’orage semblait inévitable devant l’opposition des deux plus beaux footballs d’Espagne. "Le match était équilibré, mais les efforts que chacun a dû engager pour aboutir à ce match nul, furent dans notre cas au maximum. Voir Abidal et Muniain jouer leur match ainsi, était une expression très belle qui synthétise toute la partie" s’enthousiasme l’entraineur basque."J’ai dit à Bielsa que ce sont des bêtes. Jamais nous n’avions joué face à une équipe aussi intense, agressive, qui te laisse si peu d’espaces. Cela montre qu’il est un grand entraineur car il est déjà parvenu à s’approprier l’équipe en très peu de temps." "Je veux féliciter l’Athletic. Les 22 joueurs nous ont offert un grand spectacle. Ils ont été fantastiques. Ce match fait partie des meilleurs matchs qu’il m’ait été donné de vivre et cela se produit lorsque les deux équipes souhaitent gagner le match. Et celui qui l’emporte à la fin : c’est le public. Ce fut un hymne au football", déclara de son côté solennellement Pep. Sur le pré Du point de vue du jeu, les mérites philosophiques sans bornes de l’entraineur ont rapidement déteints sur le groupe. Le changement fut certes adopté mais ô combien drastique. En toute logique, le début de saison fut compliqué. Malgré quelques victoires de haut vol : un récital face à l’Atletico Madrid (3-0, triplé de Llorente), l’exposition au grand jour du 3-4-3 dès l’entame de match face au FC Séville (victoire, 1-2) etc. ; la première partie de saison du club était sinusoïdale. Mois de septembre compliqué, une période octobre/novembre exceptionnelle (invincibilité de onze matches), avant que le club ne renoue avec les travers en accumulant nuls et défaites en décembre. A la trêve hivernale, la dyarchie Real Madrid-Barcelone règne en monarques absolu et Valence essayant de suivre le rythme ne peut stopper la suprématie. La 4ème place qualificative pour le Tour préliminaire de la Ligue des Champions resta alors d’actualité pour une bonne demi-douzaine d’équipes : Atletico Madrid, Levante, Malaga, Osasuna, l’Espanyol… et un Athletic malgré l’inconstance a l’affût. Bien, mais pas suffisant vu le boulevard entraperçu. Première cause : une blessure récurrente de Llorente, le point d’ancrage de l’attaque basque. Une blessure qui handicape le collectif durant presque quatre mois – en comptant les rechutes : de décembre 2011 à mars 2012 inclus. Sans Llorente, le jeu pratiqué est différent : moins oppressant, moins variable et un danger moindre sur coup de pied arrêté. Deuxième cause : l’Europe. Le classement de l’Athletic n’est pas révélateur du niveau de la formation basque. Elle traduit surtout les limites d’un club qui n’est pas armé pour faire cohabiter campagnes européenne et nationale simultanément. L’Athletic eut du mal à enchainer trois matchs par semaine. Durant les doubles confrontations face aux Manchester United de Ferguson et Schalke04 d’Huub Stevens, l’Athletic resta sur un rythme de relégable (défaites face à Valence, l’Atletico Madrid, Saragosse) qui contraste totalement avec le jeu proposé par les Lions et leurs résultats en Europa League. Bilbao est alors à 6 points de la quatrième place. Nous sommes en avril et le dicton : avril ne te découvre pas d’un fil, sied à merveille aux ouailles de Bielsa. L’ensemble du onze établit est à bout de souffle (même si Bielsa refuse ce constat), tourné vers la finale de l’Europa League à Bucarest contre l’Atletico Madrid. Bien qu’aucun signe ne contredise l’exigence demandée par le technicien, les joueurs peu habitués à se mettre constamment minables au nom du jeu déclineront peu à peu de leur vergogne initiale. La saison des Lions tourne alors à une confuse frustration : 10ème de Liga, cuisantes défaites (3-0) en finale de l’Europa League (face à l’Atletico Madrid) et de la Coupe du Roi (face au Barça), comment alors qualifier le premier acte du projet Bielsa ? Guardiola quitte provisoirement le monde du football que Bielsa côtoie des statistiques dignes d’un Zdenek Zeman : meilleur attaque de l’Europa League, plus mauvaise défense, record de tirs et de tentatives cadrées dans cette compétition. En temps normal, la transmission de valeurs représente en soi une victoire pour le natif de Rosario, mais la tournure des deux derniers mois aura-t-elle raison de sa philosophie ? Ces deux mois ont-ils entamé sa foi dans le but d’achever son œuvre ? Qu’une saison suffise pour la mise en place d’un projet offensif avec deux finales à la clé, quand jadis le jeu était miséreux pour la recherche d’un trophée marque déjà un signe d’exploit. Observer cette insolente facilité et la rapidité de la métamorphose confinent à l’admirable quand d’autres clubs peinent à faire cohabiter grandes stars et projet de club et/ou de jeu. Cet Athletic est est un luxe. Une bouchée d’air frais. Une victoire intellectuelle et théorique qui n’attend qu’à se matérialiser. Comme à l’accoutumé, son principe contractuel est clair : la signature n’est valable que douze mois. Jose Maria Amororrtu (directeur sportif) et Urrutia étant favorables à sa prolongation de contrat, la balle est donc dans le camp de Marcelo. Annoncé à Chelsea, l’AS Roma, l’Inter Milan, il a pu contempler tout le désarroi technique, physique et mental de ses joueurs quand ils étaient farouchement prêts à ramener un trophée depuis l’ère Clemente (1984). Dans le même temps, lui-même a dû établir son auto-critique pour répondre aux exigences face auxquelles l’Athletic a échoué : gagner une Coupe nationale et trouver son rythme en championnat dans l’objectif de se qualifier directement pour la Ligue des Champions. Car il le sait, son équipe très jeune doit capitaliser l’expérience de cette intense saison pour les hautes exigences demandées. "Si je me fie aux conditions, aux possibilités, à l’âge, à la composition de l’effectif, je crois qu’il y a une marge de progression intéressante, mais je dois aussi évaluer le seuil de compétitivité…sans me référer à l’aspect physique, mais davantage sur cette constante dans la performance indispensable pour assimiler que tous les trois jours, les matchs sont tout ou rien." 8 internationaux A tête reposée, Bielsa a négocié, tranché et sans surprise le 3 juin, la nouvelle tombe : il prolonge pour une saison. Il sait que l’éclosion par son action d’une génération -sur-douée et les bonnes performances des équipes de jeunes sont des éléments qui lui permettent de continuer en toute quiétude son aventure. Il s’est également enorgueillit d’un gage non négligeable : une reconnaissance unanime du travail effectué par lui et ses hommes malgré l‘absence d’un titre et d’une qualification directe à l’Europe. Outre la résonance des performances basques (joueurs et entraineurs de tout bord ont continué de louer le caractère spectaculaire de l’équipe dans les gazettes dans l’attente de la signature du nouveau contrat), peut-être que la meilleure récompense du travail de Bielsa, au-delà de la finale de l’Europa League, reste les reconnaissances de Vicente Del Bosque et Luis Milla de son travail. De l’intérêt de sélectionneurs espagnols pour quelques basques en vue de l’Euro et des Jeux Olympiques. 4 avec la Roja, 4 avec Luis Milla, rien que ça. Un camouflet pour ceux qui croyaient que porter des maillots blancs, bleus ou grenat était gage de future sélection. Ander Herrera, Oscar de Marcos, Iker Muniain, Mikel San Jose, Javi Martinez, Fernando Llorente, Andoni Iraola, Ander Iturraspe risquaient bien de faire la nique à quelques champions d’Europe et/ou du monde. Il aura fallu des déconvenues individuelles de fin de saison (Muniain, De Marcos, Iraola), des blessures (Ander Herrera blessé à l’aine qui joue sous infiltration en attendant l’opération) et le prix de la concurrence (Koke (Atletico Madrid) préféré à Iturraspe dans la pré-liste pour les JO) pour éviter l’exode massif. Seuls Javi Martinez et Llorente, déjà champions du monde, iront à l’Euro. Que peut donc espérer l’Athletic Bilbao dans la droite lignée de la saison écoulée ? Retour vers le passé. Vers l’Antiquité du club où l’Athletic possédait encore les derniers germes de sa création britannique. À sa tête se trouvait alors l’Anglais Frederick Pentland (1922-1925, 1929-1933). Un Révolutionnaire du jeu, déjà. Un chantre du passing game au détriment du dribbling game à l’époque où Herbert Chapman deviendra quelques années plus tard le père d’une révolution tactique par la naissance du W-M. L’Anglais qui nous concerne est le précurseur d’un style et d’une époque faste pour Bilbao qui fait encore de lui le manager le plus titré avec le club basque. Pentland fut l’auteur d’une réflexion qui n’a rien a envié aux idées présentes : possession, mouvement, passes courtes, soit l’antithèse de l’image accréditée au club à l’entrée du XXIème siècle. Bielsa en est comme l’héritier. En hommage, il pourrait se voir ériger une statue en bronze aux côtés de Rafael Moreno Aranzadi aka Pichichi. Pour quel motif ? Un titre dès l’inauguration du nouveau San Mamés (rénové) prévue pour la saison 2013/2014 comme Moreno fut le tout premier buteur de l’actuel San Mamés en 1913. Et puis l’Argentin a déjà un stade à son nom, chez lui, à Rosario… -------------------------------------------------- L’Athletic de Bielsa, an II : L’essorage On avait quitté les Basques sur deux corrections en finale de l’Europa League et de la Coupe du Roi sur le même score de 3-0. Les pauvres avaient dû affronter les deux autres formations qui avaient illuminé la saison 2011/2012 : l’Atletico Madrid et le FC Barcelone "cruijffien" remis au goût du jour. Depuis, la situation du club basque va de mal en pis. Ce n’est pas l’âme du club qui s’est évaporée cette saison, mais l’âme du jeu de Bielsa : la fougue et le jeu vers l’avant. Embêtant. Le contrecoup est implacable : l’Athletic Bilbao, finaliste de la dernière Europa League, lutte pour le maintien. Retour sur une hérésie. La saison des Lions commença là où la dernière s’était arrêtée. A savoir de manière désastreuse. A vrai dire, de la préparation jusqu’au premier trimestre de la saison, l’Athletic Bilbao était davantage préoccupé à régler les différends internes qu’à penser proprement football. Une période conséquente à l’indigence de la fin de saison dernière, d’où en découle fatigue, troubles et frustration. Ambiance Sitôt le renouvellement de son contrat effectué, que Marcelo Bielsa veut faire parler la poudre. L’action se passe à Lezama (centre d’entraînement) en pleine préparation de la nouvelle saison. Le club fait des travaux mais ceux-ci perturbent le bon déroulement des entrainements bi-quotidiens du technicien argentin. C’en est trop, il règle le problème personnellement avec le responsable du chantier. “Effectuer la préparation d’avant-saison dans ces conditions me discrédite dans mon rôle d’entraîneur, s’est-il défendu. Lorsqu’on planifie des travaux, on respecte les dates.” “Je n’ai pas pris de vacances, je me suis même parfois entretenu jusqu’à quatre heures par jour, depuis l’Argentine, avec le chef du chantier, poursuit Bielsa. L’un des secteurs devait être terminé le 2 juillet mais on m’a dit que seulement la moitié l’était. Quand j’ai vu ça, je me suis énervé parce qu’un club qui pèse 300 millions d’euros ne peut pas travailler dans de pareilles conditions. Je suis responsable de tout ce qui s’est passé, mais il s’agissait d’une escroquerie, d’un vol et d’une tromperie.” Suite à cet incident, une réunion aura lieu avec le président Josu Urrutia pour mettre les choses au clair. Le technicien est dit licencié sous peu, démissionnaire, l’instance de divorce est certes prononcée mais Bielsa est préservé. A posteriori, l’Argentin reconnait le caractère excessif de son intervention : “J’ai commis une grosse erreur parce que j’ai agi comme un sauvage. [...] Ça fait longtemps que je dis que la vérité ne justifie pas le fait de l’énoncer. La vérité doit être prononcée si l’énonciateur considère qu’elle améliore le collectif, qu’elle répond aux intérêts de tous, et non pas la situation de l’énonciateur lui-même… Ce que j’ai dit, je le pense, mais je n’ai pas amélioré les besoins de tous.” Des remords qui peuvent aussi s’expliquer pour une simple raison : le caractère politiquement incorrect de sa sortie. Car Bielsa critiqua là ni plus ni moins que le constructeur Balzola, connu pour être la plus importante entreprise de construction du Pays Basque avec un curriculum comprenant entre autres, le musée Guggenheim ou la Tour Iberdrola. Et puis s’en prendre aux travaux du centre d’entrainement, c’est aussi faire face à des intérêts qui dépassent le cadre du football. D’une, parce que le constructeur fait partie de la Fondation Athletic depuis 9 ans (soit un an après la création de cette fondation), aussi et surtout parce que ce constructeur est protégé par le PNV, le Parti National Basque qui contrôle lui-même l’Athletic Bilbao. Un parti-État qui dirige depuis trente ans la région autonome, présent dans les sphères du club et qui doit soigner son image à la vue des élections. Dans cette affaire, l’Athletic met alors en avant l’image d’entreprise et politique plutôt que l’image sportive. Il convenait de bon aloi de se désolidariser de son technicien car l’absence de scandale est préférable. Il y a des choses qui ne se disent pas. « Mercenaires, dehors ! » Les relations en interne sont compliquées, et elles ne s’arrangeront guère suite à la saison passée. Elle fut tellement enflammée que, comme souvent, le prix à payer est de voir partir ses meilleurs joueurs de l’effectif. Javi Martinez (Bayern Munich) et Fernando Llorente (Juventus Turin en juillet) seront ceux-là. Deux pièces maitresses pour l’Athletic, mais aussi pour Bielsa et son idée de jeu. L’un pour sa capacité à conserver un rendement élevé tant en défense centrale qu’au milieu de terrain, et le second par son profil aux confluences des attributs de son poste (pressing, jeu dos au but, technique, jeu de tête…). En dehors des retombées économiques, c’est davantage de la méthode et de l’inexploitation de ces départs dont il est question. Clause libératoire levée pour le premier (40 millions d’euros), négociations rompues d’un joueur en fin de contrat de l’autre, administrativement, tout est clair. Mais le club aura joué l’obstruction jusqu’au bout. Un paradoxe quand on prétend défendre le collectif. Fernando Llorente en dernière année de contrat a des velléités de départ. L’attaquant de 28 ans a des envies d’ailleurs et se dit qu’avec la saison déroulée, la boucle est bouclée. Au téléphone, il fait part à son président de sa volonté de “découvrir un nouveau championnat”, en rajoutant que s’il part c’est aussi pour “des garanties de succès.” Mais le club lui fait comprendre que tant qu’un club ne se présente pas avec sa clause libératoire de 36 millions d’euros, le joueur ne partira pas ; et ce quitte à le voir partir gratuitement à la fin de la saison qui s’annonce (ce qui arrivera). Le joueur a signé un contrat qu’il doit savoir tenir. Fait rare à une heure où les clubs sont à l’affût du moindre pécule pour la pérennité des budgets. Mécontentement virulent des socios, confiance rompue avec Bielsa (critiques sur son investissement à l’entrainement, il disputera 36 matchs mais 28 en tant que remplaçant !) ; Aritz Aduriz reprend alors le costume qu’il lui avait momentanément laissé (Aduriz jouait davantage que le Navarrais à ses débuts en 2005 sous Clemente) : 10 buts en quinze matchs toutes compétitions confondues. Une efficacité qui sera de courte durée. Le cas Javi Martinez est différent. Le joueur n’a rien demandé mais a trouvé preneur : le Bayern Munich. Et l’Athletic peut s’inquiéter, la clause de 40 millions d’euros étant visée. Enfin… le club bavarois déposera 30 millions. Le club basque obstrue la transaction, joue sur la fiscalité mais Javi est tellement pressé de quitter le club qui l’a fignolé, qu’il décide de renoncer à deux millions d’euros de salaire de son futur contrat de cinq ans. 10 millions. Nous sommes le 29 août, Javi Martinez vient d’effectuer son dernier entrainement à Lezama, et le club n’a pas le temps de se retourner pour remplacer ce joueur polyvalent. Avec Amorebieta, blessé et également en pleine négociation car en fin de contrat à l’issue de la saison (départ pour Fulham), ce sont trois joueurs majeurs de l’effectif qui quittent la famille ou les plans de Bielsa. Urrutia n’hésite pas à parler “d’ échec institutionnel.” Verbatim et vérités Des départs qui illustrent un certain ras-le-bol sous couvert de saison exceptionnelle. Et cette muette hostilité, Bielsa la ressent. La situation le blesse, et l’ermite émet la possibilité de quitter le club. “Je sais que Javi et Llorente sont beaucoup plus importants que moi pour l’Athletic. C’est la raison pour laquelle je leur ai demandé, comme j’ ai l’habitude de le faire, et devant leurs coéquipiers, si j’ étais un obstacle. J’étais disposé à agir en conséquence. Je sais quoi faire si je suis un obstacle” a affirmé l’Argentin avant de reconnaître qu’il aurait été “mieux” que Javi et Llorente restent. Bielsa confirmé, cadres partants, mais la situation sportive, elle, tarde à se mettre en route. 16 points en 13 matches, l’Athletic est seizième sans avoir montré une once de ce qu’il avait montré la saison dernière. Nous sommes le 10 octobre et le club ne se dépêtre pas de son passé. Le journal basque “Deia” lâche une bombe : la causerie audio du coach Bielsa à ses joueurs, plus tard retranscrite en verbatim, datant du 26 mai 2012, c’est-à-dire au lendemain de la finale de Coupe du Roi perdue contre Barcelone (3-0) (la deuxième finale perdue après celle de l’Europa League contre l’Atletico Madrid (3-0). De celle-ci, on entend Bielsa dans les vestiaires endosser l’échec de ces deux matches, mais aussi admonester ses joueurs. Ce discours rend compte aux hinchas, au grand public, à la presse, du profond sentiment de honte ressenti par l’entraîneur basque. Des finales que ses ouailles n’ont pas su maîtriser. Émotionnellement, sportivement, son Athletic a échoué lamentablement devant son peuple. Devant l’Histoire. Et ça, Marcelo Bielsa ne le digère pas et le fait savoir. Parole de sage. C’est le dernier discours de la saison de l’Argentin dans les vestiaires avec ses hommes. Il ne sait pas encore s’il sera l’entraîneur la saison prochaine, alors il en profite pour faire passer des messages. L’ancien sélectionneur de l’Albiceleste n’est pas colérique mais la pilule est amère. D’emblée, son discours n’est pas dans le subliminal mais s’inscrit dans la franchise : “il s’agit véritablement d’un échec, c’est une saison négative. […] Je n’ai pas à réclamer quoi que ce soit de chacun de vous ; mais pour votre bien, votre futur, j’ai l’obligation de vous dire ceci : vous avez déçu tout un peuple qui ne le méritait pas et vous n’aviez pas besoin d’être champions pour ne pas les décevoir. Au lieu d’avoir peur de perdre, il aurait fallu jouer pour gagner. Nous n’avons pas joué pour gagner, nous n’avons pas joué pour gagner hier et nous n’avons pas joué pour gagner contre l’Atletico.” La chute est d’autant plus dure que les efforts consentis jusque-là avait permis à la ville et au club d’entrevoir le merveilleux. “Mais les gars, nous n’avons pas été à la hauteur de l’illusion que nous avons généré. [...] Vous vous êtes entraînés durant 10 jours comme des animaux. Vous avez obéi, vous vous êtes soumis et appliqués à tout ce que je vous ai demandé, à tout ce que je vous ai proposé, à tout ce à quoi j’aspirais qu’on fasse pour que les différences ne soient pas ce qu’elles ont été” […] On ne peut pas se permettre de décevoir un peuple, qui plus est un peuple si innocent en train de voir son équipe perdre 3-0 alors qu’elle a déjà une blessure ouverte (défaite précédente) et qui, malgré le jeu minimaliste que vous produisez, vous soutient toujours et encore à la 80è minute. Ce peuple est un peuple si extraordinaire les gars, si extraordinaire. […] Après le match contre le Sporting Portugal, à partir de ce match-là, quand tous les objectifs étaient remplis, il fallait montrer de la grandeur, de la force, du caractère, de la confiance en soi. Or, nous avons fait tout le contraire. [...] Vous vous marrez, alors que vous venez de perdre une finale. La vie, le football, ce n’est pas ça, les gars. Il va falloir attendre beaucoup, beaucoup de temps avant d’avoir droit à une revanche. Vous vous rappellerez alors de ce que je suis en train de vous dire, et j’insiste, il ne s’agit pas de ne pas avoir gagné, mais de comment on a perdu. Pour moi, tout ce parcours extraordinaire, parce que vous avez réalisé des matchs extraordinaires, vraiment, est gâché par sa fin, et surtout par le fait de ne pas savoir pourquoi. L’argument que vous avez sorti après la défaite à Bucarest, comme quoi on était trop nerveux, pour moi il ne suffit pas. Si je me demande pourquoi, c’est pire encore, car je n’ai pas de réponse. Je n’ai rien de plus à dire, je salue ceux que je ne reverrai pas, les autres, on se battra pour continuer à réaliser quelque chose d’important.” Merci. Bielsa radicalise un peu plus sa philosophie Avant ces épiphénomènes qui ont bouleversé la vie du club, c’était donc sous un boucan infernal que Bielsa, dans sa soif de faire évoluer son équipe, chercha des alternatives de jeu. Le “football total” a proprement parler n’a pas seulement comme fondamentaux la cohérence collective et l’effort continu mais aussi la polyvalence des joueurs. Cette saison, les joueurs devaient être capables de proposer le rendement d’antan, mais plus seulement dans leurs zones. Là où le jeu les y conduira, ils devront réagir tel un spécialiste du poste. Ce n’est pas nouveau. Seulement, cela ne concerne plus seulement quelques individualités (Javi Martinez, Oscar De Marcos, Iñigo Perez,…) mais l’ensemble du groupe. Deux manières d’observer cette avancée : c’est une suite logique à sa philosophie, ou une nécessité consciente de compenser les absences de Javi Martinez et Fernando Llorente. Ainsi, selon le fondamentaliste, San Jose (remplaçant la saison dernière) réunirait les dispositions de Javi Martinez fraîchement parti. Seul hic, le joueur montre ces qualités – seulement – le 1er juin à l’occasion du déplacement au stade de Vallecas du Rayo Vallecano : “J’aime beaucoup son activité, il a été le meilleur de l’équipe. Je le détache des autres parce que cela faisait longtemps que j’attendais une activité de ce type. Il me fait penser à Javi Martinez. Il a bien défendu, a su récupéré des ballons, était important dans la phase de transition, capable de garder le ballon jusqu’à la partie de terrain adverse… Espérons que cette activité, qui est très intense, soit une prise de conscience pour qu’il puisse donner ce que j’attends de lui.” A l’abord de la saison (26 août), Ander Iturraspe approuvait cette nouvelle directive : “Bielsa est en train de démontrer que beaucoup de joueurs peuvent jouer à différentes positions pour coincer l’adversaire par surprise, s’adapter à ce qu’il propose. C’est très important. La saison dernière, j’avais déjà joué quelques matches en défense centrale, et cette saison j’ai déjà fait mes preuves dans cette position. Ce n’est pas une position dans laquelle j’ai été habitué à jouer, mais je peux m’adapter si le jeu ou Bielsa me le demandent.” Pour tout le reste, rien ne change par rapport à la saison passée : “La relation avec les joueurs est la même, nous continuons à faire les mêmes exercices, nous faisons toujours des séances vidéos, nous analysons de la même façon les adversaires, il y a toujours des séances individuelles… Je le vois de la même manière”, martèle un nouvel homme capable d’évoluer aussi bien en défense centrale que de remplacer Herrera ou De Marcos au pied levé dans l’entrejeu. Pneumonie du milieu Bielsa avance. Il ne se plaint pas et affirme que le groupe dont il dispose cette saison n’a rien à envier à celui qui s’est qualifié pour la finale de C3. “Ce groupe, en termes de qualité, est potentiellement égal au groupe de la saison passée.” Bielsa répétera au passé cette phrase mot pour mot lors de sa dernière conférence de presse (30 mai) en rajoutant qu’il “n’en avait pas obtenu l’équivalent.” C’était presque évident. Si le jeu de Bilbao ne repose pas sur ses individualités (possibilité qui relève aussi bien du blasphème pour Bielsa que pour le club basque), reste qu’en dépit des départs de Javi Martinez et de la mise en quarantaine de Fernando Llorente, Bilbao a ses têtes d’affiche. Des têtes d’affiche qui se sont éclipsées le temps d’un été pour les Jeux Olympiques de Londres et d’autres, épuisées, qui ont fortement influencé la saison 2012/2013 de l’Athletic. Iker Muniain, Ander Herrera (partis aux JO), Markel Susaeta, Oscar de Marcos et Ander Iturraspe ne respirent plus. “Je n’allais pas bien ces derniers mois, mais je commence à retrouver la forme et j’espère que ça ira. Il y a eu un peu de tout. La raison principale est que je ne me suis pas trouvé physiquement. Je pense que certaines critiques n’ont pas été justes avec moi, mais je dois faire avec.” Des paroles signées Iker Muniain qui traîne des pépins physiques depuis ces Jeux Olympiques. C’est au cours des Jeux qu’une micro-déchirure au niveau du muscle fémoral de la jambe droite s’est déclarée, blessure qui l’empêcha de participer au premier match du tournoi. Suivra une blessure à l’adducteur droit juste avant le début de saison et une nouvelle en février, une distension d’un ligament du genou droit. Mais Muniain n’était pas le seul aux JO de Londres à côtoyer plus tard le staff médical basque. Ander Herrera est déjà un cas particulier, puisque vient de finir le dernier tiers de la saison 2011/2012 sous infiltration. Alors que faire, privilégier le club ou participer aux JO, événement qu’on ne vit qu’une fois ? Ander prit finalement le risque de partir pour Londres avec la Roja, subira la déconvenue historique que l’on sait (Espagne éliminée dès le premier tour) et revient à Bilbao dans un état qui envierait l’initial. Il se fait opérer d’une énième pubalgie courant septembre pour ainsi être mieux écarté des terrains pendant près de deux mois. Signification pour l’Athletic et Bielsa ? La rotation sera précaire. C’est dans ces conditions que le milieu de la saison dernière constitué de Ander Iturraspe/Oscar De Marcos/Ander Herrera s’est démantelé naturellement (blessures, suspensions, réorganisation tactique). Une instabilité accompagnée de déclins physiques. Iturraspe était avec San Jose (et le départ de Javi Martinez) le joueur-clé pour l’équilibre de l’équipe. Le milieu basque de 24 ans a effectué ni plus ni moins que 60 matches la saison passée avec l’intensité que l’on sait. S’il avait pu, il aurait franchi la barre des 5400 minutes, la faute aux sanctions administratives. Son début de saison était parti sur les mêmes bases mais le joueur aux 100 matchs en deux saisons sous Bielsa n’a pas connu la même majesté (San Jose et Gurpegi l’auront suppléé). Même constat pour Oscar de Marcos. Milieu à tout faire, à l’allure singulière, ses chaussettes à mi-mollets nous ont permis de constater qui était au four et au moulin. Tout le temps, partout (102 matches au compteur sous Bielsa). Que dire de Markel Susaeta, joueur le plus utilisé de l’effectif (109) gardien compris (Iraizoz, 103) ? D’autre part, l’illustration de ce milieu en perte de repères se mesure par la nomination de Carlos Gurpegi comme cadre inamovible de l’effectif. “Cette saison, le meilleur joueur dont j’ai disposé était Gurpegi” constata Marcelo Bielsa. Le vétéran du vestiaire (32 ans) nommé capitaine, écarté la saison dernière par une rupture de son ligament antérieur du genou gauche, supplée donc Javi Martinez sur le terrain de la reconnaissance. Cette promotion d’un joueur au profil antithétique aux leaders désignés la saison dernière (Javi Martinez, De Marcos, Susaeta, Muniain) résume la mise au ban provisoire de sa philosophie. Joueur besogneux par excellence, milieu de terrain reconverti en défenseur central, pas très rapide, brouillon aussi bien dans ses interventions que balle au pied (15 cartons jaunes en 34 matches cette saison) ; Bielsa donne sa confiance à un joueur qui répond davantage aux critères traditionnels du club qu’à ses préceptes techniques. Bielsa a donc fait connaissance plus tôt que prévu avec les jeunes du club. Si Jonas Ramalho avait fait ses grands débuts en professionnel la saison dernière, le Français Aymeric Laporte, Ismaël Lopez, Xabier Castillo et Iñigo Ruiz de Galarreta ont pu goûter à ce plaisir cette saison. Il fut de courte durée pour ce dernier puisque le milieu international espagnol des U19 a entendu la rupture du ligament antérieur de son genou gauche. Sans parler des blessures conjuguées de Jon Aurtenetxe pour pubalgie et de Castillo. Ekiza et Iñigo Perez auront comblé les places à prendre. « Nous faisons plus qu’il n’en faut pour gagner » Ces blessures physiques n’ont qu’une cause : la rigueur absolue pour un jeu toujours aussi harassant. Par corollaire, ses hommes n’ont pas su proposer la même intensité par laquelle ils avaient pu enchanter l’Europe la saison passée. L’Athletic n’a pas pu/su maintenir le niveau de jeu déployé la saison dernière et obtenu les résultats qui en découlaient. Pourtant, si la saison précédente l’Athletic jouait tous les trois jours sur les trois tableaux proposés, le tout avec un effectif restreint, cette saison, ils se sont arrangés pour abréger leur souffrance. Élimination de manière précoce face à une D3, le modeste club d’Eibar en seizièmes de finale de la Coupe du Roi, élimination dès la phase de poules de l’Europa League d’un groupe comprenant le Sparta Prague, Lyon et l’Hapoel Kiryat Shmona ; Bilbao a perdu sa force collective. Sa personnalité. Ce mouvement total. 57% de possession de balle de moyenne, 13 tirs par match pour 4 cadrés, 17 de concédés (club qui en concède le plus en Liga, 20ème), 49% de duels gagnés. L’Athletic a la même mainmise sur le match que la saison dernière, mais l’adversaire est plus dangereux car le pressing basque est moins influent. L’Athletic est moins efficace devant et toujours autant perméable derrière. Mais Bielsa dédramatise ce manque d’efficience : “Nous faisons plus qu’il n’en faut pour gagner.” C’était la tirade en vogue des conférences d’après-matchs de l’Argentin cette saison. Les joueurs font leurs matches mais la réussite les fuit. Le discours enjoué pour les objectifs européens laisse place à la justification des contre-performances qui s’enchainent, au nouveau discours désenchanté à travers lequel il ne cesse de retirer du positif. Peu d’auto-flagellation, pas plus de critiques individuelles, mais expression d’une frustration perpétuelle. Le même sentiment ressenti par les hinchas. Quoi qu’il en soit, le technicien reste fidèle à ses principes et à un vocabulaire qui lui est propre pour analyser au mieux tourments et déceptions. Une communication symbolique de l’état du club : combler le vide d’un club absent. Un club qui finira douzième dans l’anonymat général (avec seulement 4 points de moins que la saison dernière, 45 points contre 49) et qui ne comptera que trois résultats notables : les deux matchs durant lesquels Bielsa aura mis d’entrée son 3-4-3 (faut-il y voir un hasard ?) : un match nul à domicile contre Barcelone (2-2) après en avoir encaissé cinq durant la phase aller, victoire face à Grenade (1-0), et une victoire convaincante, emplie d’orgueil face à l’Atletico Madrid (3-0). ¡ Bielsa karajo ! “Ce qui fait notre force, c’est que nos joueurs sentent qu’ils participent à quelque chose qui les dépasse.”Le directeur sportif José Maria Amorrortu avait vu juste. Si cette déclaration pointait les valeurs du club, “l’esprit”, cette excellence éthique inhérente à ce club particulier ; il ne lui a pas échappé qu’entre temps, il a pu faire la connaissance d’une autre entité : Marcelo Bielsa lui-même. Entité à part entière par son jeu intégriste et sa personnalité singulière. Mais pas seulement. Bielsa et l’Athletic Bilbao, ce n’est pas qu’une simple alliance contractuelle avec des objectifs sportifs prédéfinis. La relation est bien plus forte que cela. C’est la représentation d’une certaine vision du football. Hostilité au foot-business, intégrisme respectif, vision de vie. Bielsa n’est pas basque, mais il est un membre de la famille, preuve que l’idiosyncrasie ne fut pas nécessaire car l’entente fut naturelle. Une transcendance qui va donc bien au-delà de simples matches de football. “Pour les succès sportifs, je peux opter pour des endroits qui me donnent plus de garanties. Ce ne sont ni l’argent, ni le succès sportif qui m’anime dans le football. Ce qui m’intéresse beaucoup plus, ce sont les émotions générées pour la quête d’un titre, chose très difficile à obtenir pour un club comme celui-ci, plutôt que de gagner des titres avec des équipes beaucoup plus puissantes.” Bielsa avait tout compris dès son arrivée, en la jouant modeste mais direct. “Je ne réclame pas l’appui du public parce que j’ai déjà une arme très forte, c’est le jeu.” Le triomphe à Old Trafford, la demi-finale retour d’Europa League à San Mamés face au Sporting Portugal, le match nul diluvien face au Barça la saison dernière resteront dans les mémoires. Et confirmeront ses dires, l’adhésion s’est opérée naturellement. “Je suis en phase avec l’Athletic de Bielsa, son style, sa philosophie offensive, l’utilisation du ballon” témoignait d’ailleurs Xavi en personne pour la reconnaissance du jeu basque. Le milieu de terrain catalan réagissait-là à ce qu’il avait dû apprendre la veille au soir : la décision unanime du conseil d’administration de ne pas poursuivre avec Marcelo Bielsa. Pour des “motifs sportifs et institutionnels.”Une décision qui n’a surprit personne, mais qui a mobilisée en masse. Depuis longtemps, San Mamés chantait en son nom. Et donnait le ton. Des “¡ Bielsa, quedate ¡” (Bielsa, reste !) sont repris en chœur unanimement dès que l’Athletic joue à domicile. Un soutien que La Catedral n’a jamais caché et qui s’est intensifié une fois le maintien acté face à Majorque, Levante et Biscaye. Un soutien partagé même par les supporters adverses : “¡ Bielsa, quedate ¡ Espana lo necesita.” (Bielsa reste ! L’Espagne a besoin de toi) crièrent les madrilènes au stade Vallecas du Rayo Vallecano. Si ce n’était pas au stade, la contestation s’exprimait par le déploiement de banderoles le long des grilles du siège du club, par des actes de vandalisme sur les murs de la ville (“Gracias Bielsa por hacernos soñar” – Merci Bielsa pour nous avoir fait rêver), ou de publications via Internet. D’autres, à défaut de défendre le mandat du coach, protestent la procédure et dénoncent le processus politique. En voulant la tête de Bielsa, le président Urrutia signe-là l’échec de son mandat, et donc se doit de démissionner. Les revendications sont minoritaires mais plus radicales : “Si Bielsa no se queda, Urrutia kanpora.” (“Si Bielsa ne reste pas, Urrutia casse-toi”) pouvait-on entendre dans les travées de La Catedral. D’autres sont placardées au siège du club : “Urrutia, tu as gagné les élections grâce à l’apport de Monsieur Marcelo Bielsa, et non pour ta personne. C’est pour ça que j’ai voté pour toi. A travers son départ, tu as donné un coup de pied à ‘l’essence basque’ (comprendre valeurs, loyauté…) et avec elle, à ton projet.”, “Le club n’est pas ta cave, Urrutia dégage” etc. Une véhémence qui s’explique aussi par la manière dont l’entraîneur basque a été débarqué. C’est-à-dire comme le dernier des voyous. L’Argentin voulait prolonger une saison au minimum l’aventure, mais le président lui refuse catégoriquement toute négociation. L’ermite aurait été profondément attristé par la brutalité des faits malgré la connaissance du dénouement. “Il ne me revient pas de vous dire comment a réagi Bielsa lorsque je lui ai communiqué la nouvelle. C’est une réunion privée” asséna Urrutia aux journalistes en place. Alors, comment le club en est-il arrivé à ce déchirement si formel ? Hormis l’incident des travaux du centre d‘entrainement, l’échec semble relever aussi bien des moyens idéologiques qu’économiques dont pouvaient disposer le club et le technicien. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir prévenu. A peine que la nouvelle saison commençait, que Bielsa rappelait une réalité qui a rattrapée le club : “L’Athletic a une tradition, une histoire, des comportements qui lui sont propres, une attache particulière avec le passé et une manière de procéder. Mais les réalités de l’industrie où se confondent cette approche, affaires et sentiments sont très différents et il est naturel que l’Athletic soit en train de souffrir. Le club n’opère pas avec les mêmes armes que les autres, non pas par le fait de jouer seulement avec des basques, mais parce qu’elle a des critères qui ne sont pas commerciaux dans une industrie purement commerciale.” “Le meilleur de l’être humain jaillit quand le succès nous abandonne” a l’habitude de dire l’Argentin. Une phrase qui doit sûrement faire exception à son ex-président. Mais Bielsa part la tête haute. Même s’il reconnait qu’il n’a pas “su faire face au succès”, bien qu’il ait “su faire face à l’adversité”, sa vérité est ailleurs : “on ne doit pas être évalué par les résultats obtenus, mais par le mérite qui en ressort. Je peux être ridicule, mais mon analyse est celle-ci.” Le mérite plutôt que la réussite. L’Argentin est au-dessus des considérations sportives et médiatiques, d’un football qui n’est pas le sien, qui n’est pas celui du commun des mortels. Il est dans son football, fait d’émotions par le jeu. Pour les hinchas. Pour la postérité. Ce n’est pas par hasard si, pour remplacer Marcelo, Urrutia se mit à chercher “un profil qui puisse s’inscrire dans l’ambition sportive, dans le jeu, et qui sache s’apprivoiser avec l’institution le plus rapidement possible.” Bielsa l’avait trop intégrée, il l’avait supplantée. C’était l’Athletic ou Bielsa, mais pas les deux. http://slbanc.wordpress.com/
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