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Tiens, dans The Darkest Hour y a un hommage à Girl Next Door. :D

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Allez voir THE PLACE BEYOND THE PINES au cinéma. L'un des premiers vrai film de l'année.

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Allez voir THE PLACE BEYOND THE PINES au cinéma. L'un des premiers vrai film de l'année.

Ouais il a l'air bien, "Blue Valentine" était pas mal

 

"Springbreaker" j'irai le voir je crois, clairement le film qui divise, je lis ici que c'est de la m**** et ailleurs excellent

YES SIR!

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Gosling a tout simplement la classe de toute façon, j'irai le voir a coup sur.

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"El tipo puede cambiar de todo. De cara, de casa, de familia, de novia, de religión, de dios. Pero hay una cosa que no puede cambiar Benjamín. No puede cambiar de pasión" - Sandoval

"Football is a whole skill to itself. A whole world. A whole universe to itself. Me love it because you have to be skillful to play it! Freedom! Football is freedom.” – Bob Marley

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Non mais on s'enfout de ça :P J'y vais pas en me disant "Oh la copine de Bieber joue dedans", surtout que c'est pas du tout ça le plus important apparemment... La critique d'Hugues Dayez tantôt à la radio m'a donné envie

 

Sinon, ça va buter :

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YES SIR!

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Blue Valentine était énorme.

 

The Place Beyond the Pines est pas aussi réussi, mais possède des pics dignes du virtuose qu'est Derek Cianfrance. ;)

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Deux films pour deux fois plus de plaisir.

 

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Cloud Atlas était LE point d'interrogation de ce premier semestre 2013. Pour cause, il avait été quelque peu difficile de passer à côté de cette bande-annonce de cinq minutes, grandiose, qui nous promettait une aventure exceptionnelle sur du Outro (forcément). Le problème c'est que le film n'a rien de grandiose ou d'exceptionnel, alors toute cette attente ressemble beaucoup à un pétard mouillé. Mouillé mais pas noyé, car le film arrive tout de même à séduire, en dépit de la déception qu'il pourra causer chez bon nombres d'entre nous. Son véritable soucis, c'est qu'en choisissant de proposer six histoires entremêlées, ce qui est très (trop ?) ambitieux, il ne parvient pas à se détourner du risque premier d'une telle entreprise : ne générer aucune émotion.

 

Tout est trop concis, condensé, pour que ce ne soit pas le cas. S'il y a bien quelques moments épiques, on atteint rarement (jamais ?) un stade capable de nous émouvoir, de nous transporter. D'ailleurs, il n'y a peut-être même QUE des moments « épiques » (dans l'idée), ou bien décisifs, qui marquent toujours un évènement majeur et qui ne laissent donc pas le temps aux spectateurs de faire connaissance avec les personnages, d'entrevoir des scènes de transition, de « construction ». Nous rejoignons ainsi le type de narration « échelonnée » à la manière des Misérables. Les deux films ont d'ailleurs la même durée : 2h45. Difficile de ne pas sentir le véritable casse-tête que ce film a pu être au montage, lui qui devait bien, dans sa première version, faire près de quatre heures. Impératifs commerciaux obligent, nous nous retrouvons certainement avec une version réduite au maximum. À nos risques et périls.

 

[...]

 

Difficile à l'heure actuelle, avec un jour de recul, de deviner ce que deviendra ce film dans le futur. Néanmoins, en l'état, si l'on veut bien lui concéder de sérieuses qualités et reconnaître son ambition, on ne peut pas en faire davantage et porter en triomphe un film qui n'en a pas l'envergure. Les frères et sœurs Wachowski avaient déjà réussi à nous faire passer la trilogie Matrix – moyenne dans l'ensemble – pour ce qu'elle n'était pas, pas sûr qu'ils nous aient une deuxième fois. On peut quand même se poser des questions quant au snobisme qu'il a subi de la part des principales académies puisque de nombreuses de ses composantes auraient sans doute mérité un minimum de reconnaissance (la musique surtout, mais aussi les coiffures & maquillages, les costumes, les décors etc.).

 

Expérience unique ou fausse expérience ? Ni l'une ni l'autre. Néanmoins, allez voir ce film au cinéma et soutenez cette prise d'initiative, peut-être trop ambitieuse et trop prématurée (sommes-nous prêt ?) mais ô combien enrichissante : nous amenant à nous poser des questions aussi bien sur l'humanité que sur le cinéma. C'est peut-être pas exceptionnel, mais c'est essentiel.

 

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Faire un film en trois segments bien distincts est toujours très délicat : ne s'appelle pas Wong Kar-Wai qui veut (Chungking Express). Parvenir à rendre le résultat homogène est un véritable défi (que ce soit dans l'écriture ou dans le montage) que The Place Beyond the Pines n'arrive pas entièrement à relever. Il ne parvient pas à déjouer tous les risques d'une telle entreprise, puisque sa première partie se révèle être nettement supérieure aux deux autres, signe d'une hétérogénéité qui peut en devenir frustrante. En effet, les deux dernières parties possèdent trop de défauts pour tenir la distance, pour s'avérer aussi captivantes que la première. Néanmoins, dans l'ensemble, malgré quelques trous d'air et une baisse de niveau certain, le film ne perd pas tout son effet, et la puissance générée lors du premier acte, issue de cette humanité brute et irréfléchie que Derek Cianfrance met en scène brillamment, reste intacte.

 

[...]

 

En dépit de ses faiblesses, notamment dues à son ambition démesurée (qui pourrait faire un roman extraordinaire), The Place Beyond the Pines fait partie de ces œuvres qui vous donnent envie de rester immobile sur votre siège, bluffé et travaillé par ce que vous avez vu. Auteur d'une véritable « aventure » intimiste, transversale et intense, calibrée comme il se doit, Derek Cianfrance prouve qu'il devient une référence (après avoir été absent des plateaux de tournage pendant plus de dix ans). Il se met, pour notre plus grand plaisir, à enchaîner des films qui marquent leur année cinématographique. Et c'est aussi, de loin, celui qui donne les rôles les plus fascinants aux acteurs qu'il dirige. Peut-être, qui sait, que dans Chef, Omar Sy sera complètement dingue.

 

The Place Beyond the Pines est inégal, oui, est trop ambitieux, aussi, mais il est surtout jouissif et intelligent, badass et touchant, doux et percutant. Bref, il fait merveilleusement état de l'essence même du cinéma de Cianfrance, un cinéma humain, loin d'être « facile », toujours marquant.

Modifié par Best_07
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Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Je vous conseille d'aller voir La Religieuse : un film à l'esthétique austère et bluffante, qui vaut le coup ne serait-ce que pour la prestation de son actrice principale (Pauline Etienne) et sa photographie sublime, dans la lignée des films français les plus réussis de ce point de vue là ces dernières années (Les Adieux à la Reine...).

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Bon, j'ai matté Le monde fantastique d'Oz, et franchement c'est pas mal. Les effets sont vraiment incroyables, l'histoire fait rêver, les personnages sont très bons, et Mila Kunis est très bonne. :wub:

En fait le truc c'est que la plupart des gens dans la salle s'attendaient à voir un scénario énorme ou un truc du genre, mais c'est avant tout un film fantastique de Disney, donc c'est vraiment un film de gosse. En gros si vous voulez pas de ça, passez votre chemin, mais si vous avez envie de revenir un peu en enfance et rêver, alors mattez-le.

Modifié par yactiano7
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la plupart des gens dans la salle s'attendaient à voir un scénario énorme

 

Ces marocains... :P

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Je vais le voir dans la semaine je pense Yac, j'ten dirais des nouvelles. Jamesfrancofan

On peut dire que vous avez une vision socialiste du football ?

 

Arrigo Sacchi : J'ai une vision correcte d'un sport d'équipe dont l'âme est le jeu. Voilà d'ou je pars.

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Je viens de voir Le Septième continent.

 

Des films marquants j'en ai vus. Celui-là est le plus marquant d'entre tous.

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Les deux films les plus puissants que j'ai vu dans ma vie en critiques... ça envoie du lourd...

 

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Je dois vous avouer que j'ai du mal à écrire cette critique. De nature je ne suis pas quelqu'un de très sensible, et quand je dis qu'un film m'a touché, je me force toujours un peu, pour faire plaisir aux gens qui sont avec moi et donner l'impression que je ne suis pas un robot (certains en doutent !). La vérité est que L'Odyssée de Pi ne m'a fait ni chaud ni froid (on laisse tomber les masques). L'autre vérité c'est que j'ai rigolé pendant Funny Games U.S, que je classe dans ma tête dans les comédies et que je revois avec grand plaisir. Moi qui ne suis pas très familier avec le cinéma d'Haneke (Le Septième Continent n'est que son troisième long-métrage que je vois) je me rends compte qu'il y a quelque chose en lui qui me parle. Amour m'avait déjà gentiment secoué, parce que tout était tellement épuré que j'avais l'impression d'être en face de quelque chose de vrai – des fois je dis qu'un film est « vrai » pour faire genre (The Place Beyond the Pines), d'autre fois c'est vraiment le cas. CQFD.

 

Bref, tout ça pour vous dire que. Que je ne sais pas quoi vous dire. Car c'est la première fois de ma vie qu'un film me laisse sans voix. C'est la première fois de ma vie que je tourne en rond pendant une demi-heure après avoir vu un film en murmurant « wouaw, wouaw, wouaw ». Y a quelque chose qui s'est passé durant le visionnage, et qui m'a laissé bouche bée durant la dernière demi-heure. Haneke a trouvé en ma personne son public-cible, c'est à moi qu'il s'adresse, j'en suis persuadé. Comme Gus van Sant s'adresse à moi quand il fait Last Days ou Paranoid Park. Ou Gerry. D'autres trouveront ça ennuyeux, pointless. Moi j'ai tout de suite tout compris. Compris ce qu'il y avait à voir. Et je suis cependant bien en peine car je me sens incapable de vous l'expliquer à travers mes mots. Cette critique ne ressemble donc à rien. Même si je vais essayer de la faire ressembler à quelque chose.

 

Haneke part du quotidien, un quotidien auquel on peut tous s'identifier, pour arriver à l' « exceptionnel ». Je mets ce mot entre guillemets car il ne correspond pas vraiment. Dit comme ça, ça fait superficiel. Il n'en est rien. La puissance du cinéma d'Haneke se dégage dès le plan d'ouverture, où un malaise est d'emblée présent. Un malaise qui va s'étendre tout au long du film. Le cadrage utilisé, spécial, plaçant les personnages en hors-champ, sera dans un premier temps déroutant (qui fait sens dans ce désir de s'éclipser du monde et de ne rien laisser derrière soi), tout comme ces fondus au noir répétitifs et cette espèce de discontinuité qu'on ne sait pas vraiment par quel bout prendre. Il n'y a aucune empathie créée pour les personnages et on se sent donc comme étranger dans ce décor, nous demandant où l'histoire va nous emmener. Bien entendu, si l'on sait qui est Haneke et quels genres de films il a fait, nous ne sommes pas trop surpris.

 

Mais je me remets dans le contexte : il s'agit là de son premier film de cinéma (à en pleurer quand on y pense, tant tout est maîtrisé) et la réaction du public a du être, à l'époque, bouleversante. Parce que très vite (une heure quand même), le caractère malaisant du film va trouver résonance. Quand ce jeune couple décide de partir en Australie avec leur petite fille, on sent naître le décalage. L'Australie dont on a vu jusqu'à présent qu'une affiche, faisant office de leitmotiv picturalo-mouvant, nous offre d'entrée le côté tronqué de cette entreprise. Et on sait, sans en être persuadés, que de voyage il n'y aura pas.

 

Va jaillir alors le véritable propos du film. Propos est un bien grand mot. Va jaillir le véritable sujet du film, plutôt. Depuis le début nous suivons cette routine, année après année, lettre après lettre, entre rejet et fascination (on peut très bien se dire, au bout d'un moment : « qu'est-ce qu'on en a à foutre ? »). C'est là que la dernière partie trouve tout son sens et puise dans cette répétitivité initiale toute sa puissance. J'aimerais ne pas trop en révéler mais compte tenu du film ce serait idiot. Finalement Le Septième Continent c'est un Fight Club intelligent. Qui raconte la décision d'un couple de déconstruire tout ce qu'ils ont construit jusqu'alors. Derrière l'apathie de la première partie se révèle l'inadaptation sociale, semblable à celle dépeinte dans Nuit #1 de Anne Émond récemment, par exemple (histoire de lui faire un peu de pub). Haneke se prive de toute expressivité, et à l'inverse d'un Nuit #1 bavard et parfois péteux, son Septième Continent ne passe pas par les mots mais par les gestes. Ainsi pendant presque vingt minutes nous n'aurons que des plans de destruction de mobilier. Sans un mot.

 

C'est à partir de ce passage « destructeur » que le film prend toute son ampleur. C'est dans ce genre de moments qu'on se rend compte que l'esthétique est quelque chose de très particulier. En soi, une esthétique n'est rien sans un propos. Et l'esthétique la plus simple, la plus fade (en apparence), peut donner lieu à un moment de cinéma unique. C'est ce qui s'est passé avec la destruction de l'appartement où vit cette famille. Les plans en eux-mêmes n'ont rien d'extraordinaire, et pourraient très bien être comparés à une pub Castorama. Mais la portée de ces plans, la tension ressentie par le spectateur, qui mêle angoisse et stupeur, prend tout son sens. Il y a une brutalité, presque un acharnement, envers tout ce qui a constitué leur vie, qui nous laisse complètement abasourdis. Au fur et à mesure que nous comprenons ce qui est en train de se jouer à travers cette déconstruction rageuse, nous rentrons de plus en plus dans le film, au point de terminer par avoir le nez collé contre l'écran, yeux grands ouverts, incapables même de les cligner (!).

 

Cette brutalité, ce cri de haine envers le monde extérieur, envers la société, où l'on va jusqu'à déchirer les billets avant de les jeter aux toilettes, est transperçant. Le contraste avec la télévision est par ailleurs saisissant, et il y a un de ces plans magistraux, en fin de film, pendant lequel Jennifer Rush interprète « The Power of Love », qui finit d'achever notre hébètement. Nous sommes décontenancés, immobiles, effarés, et pourtant nous sommes séduits, par cette puissance brute, presque assassine. Le spectateur aime bien être baffé de la sorte, retourné sur lui-même. Moi le premier et pourtant ça m'arrive si peu. Haneke y arrive ici, sans que je n'ai à faire d'efforts, me proposant certainement le film le plus marquant que j'ai eu l'occasion de voir durant ma courte vie. Plus marquant encore qu'un Last Days qui abordait déjà le suicide et qui m'avait « ébloui ». Même les derniers plans, dont le montage pourrait faire penser (stupidement) au générique d'une série télé des années 90, sont expressément renversants.

 

Désolé : je ne sais pas combien d'adjectifs j'ai utilisé, je crois bien que mon propos est peu clair, tiraillé dans tous les sens, mais il faut me comprendre et me pardonner, compte tenu du choc que je viens de subir. Ceci étant dit, je vous laisse, je vais encore tourner sur moi-même et murmurer le génie de ce film. Bonne nuit.

 

 

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Un fantôme erre dans un château et ses alentours. Il passe telle une ombre glaciale sur les murs, reconnaissable à son dos courbé et ses murmures incompréhensibles. Son visage est sans cesse dissimulé, recouvert de ses longs cheveux blonds qui le séparent de tout, et surtout de tout le monde. Ce fantôme, anciennement homme, est une rockstar qui est arrivée au bout de tout. Au bout de la mélodie de son existence, quelque part sur le chemin.

 

Il est comme une peinture vivante : livide et qu'on n'ose plus regarder. Ses traits ont été étirés tant de fois qu'il n'en reste plus qu'une masse informe, auprès de laquelle des anonymes vont et viennent dans un ballet qui respire l'indolence. En réalité l'homme est mort avant même que le film ne commence : c'est un fantôme après tout. Une nature morte à lui tout seul, dont chaque geste paraît toujours plus insensé et douloureux.

 

Contrairement à ce que précise le titre, ce ne sont pas les derniers jours que l'on observe. Mais les premiers. Les premiers jours d'une transition entre la vie et la mort ; ou entre la mort et la vie. Autrefois croulait sur lui tout le poids d'une société pittoresque, qui s'attache à donner aux banalités les plus médiocres une importance disproportionnée. Aujourd'hui il ne reste de cela qu'un lointain souvenir, désagréablement ravivé de temps à autres par des coups de téléphone impromptus ou des discussions qui dès les premiers mots paraissent déjà archaïques.

 

Last Days est avant tout un film qui met un homme face à sa nature originelle : celle d'animal. L'homme est nu, seul, abandonné, et il embrasse avec acceptation le destin qui lui est voué. Car toute sa vie l'homme ne s'accorde qu'un but ultime : accepter sa mort. Tout ce que la société fabrique, désirs et besoins, pour faire oublier la condition humaine et sa tragique banalité, presque ironique, cet homme en rejette désormais les moindres contours. Il ne veut plus jouer à ce jeu.

 

Le seul signe de vie qu'il émettra ne sera qu'un mot doux à l'égard d'un chaton. Rien d'autre. Rien d'autre ne suit qu'une démarche las et des paroles jetées au vent. Donnez lui une guitare qu'il gratte, un micro qu'il marmonne, et un crayon qu'il gribouille ; rien ne reste et tout s'envole avec le temps, de toute façon. Le temps est un vent impétueux qui emporte avec lui nos vies et nos souvenirs. Il ne reste derrière la dissolution perpétuelle qu'un masque sociétal dramatique, où chacun joue sa partition de manière désespérément déterminée.

 

Last Days, sorte de tableau sonorisé, est sans aucun doute le film le plus beau et le plus poignant de la filmographie de Gus Van Sant. Et c'est surtout l'une des œuvres artistiques qui parle le mieux de l'Homme. Pris ici au sens d'humanité.

Modifié par Best_07

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Je suis seul sur ce topic mais tant pis : critiques sur la suite et fin de la trilogie hanekienne de la "glaciation émotionnelle".

 

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WE NEED TO TALK ABOUT MICHAEL :

 

 

 

 

Deuxième volet de la trilogie de la glaciation émotionnelle (allez savoir pourquoi, puisque toute la filmographie de Haneke pourrait s'y greffer), Benny's Video est le premier film de son auteur qui nous confronte directement au meurtre. Il nous y confronte d'abord par assimilation, en nous présentant l'abatage d'un cochon sous l'œil de la caméra du fameux Benny, avant que le spectateur de la violence (Benny) n'en devienne l'acteur principal, reproduisant ce qu'il a vu et qui a généré en lui une certaine fascination pour le morbide. Cette séquence d'ouverture, malaisante comme seul Michael Haneke sait les faire, nous prépare déjà à la suite du long-métrage, annonciatrice du drame qui va suivre – un peu comme les poissons agonisants du Septième Continent.

 

À mesure que j'avance dans la filmographie du réalisateur autrichien j'entraperçois beaucoup de remarques négatives, concernant la manière dont il présente la violence et essaie d'offrir un contrepoint au cinéma américain qui (selon lui) en ferait l'apologie. Je ne me mêlerais pas au débat car je ne suis pas (du tout) du genre à me précipiter sur le discours d'un cinéaste à propos de son œuvre : moins j'en sais, mieux je me porte. Ainsi je préfère concentrer toute mon attention sur le produit fini, qui est à distinguer de son auteur et qui peut être appréhendé de bien des manières. Aimer le cinéma d'Haneke ne veut pas forcément dire adhérer à son propos sous-jacent. Dans l'absolu je suis d'ailleurs plutôt en désaccord avec sa manière de percevoir la violence au cinéma. Mais un film aurait beau faire un éloge caché du nazisme, si la qualité est là... elle est là. Oui il est donc possible d'aimer Quentin Tarantino ET Michael Haneke. Fin de la parenthèse.

 

Benny's Video nous présente donc le malêtre d'un adolescent, dépourvu de toute sensibilité et habité d'une perversité inexpressive des plus perturbantes. Penchant sadique, tendance pour le morbide, et dépréciation de tout ce qui l'entoure, il évoquera aux plus cinéphiles d'entre nous le gosse antipathique (Ezra Miller) du We Need to Talk About Kevin de Lynne Ramsay. Là où l'esthétique de ce film ne parvenait pas à se débarrasser de tout esbroufe (au point d'en devenir franchement agaçant), Benny's Video quant à lui puise dans son esthétique sa force. C'est un film-miroir, qui va user et abuser d'une tendance multi-écranique (allant même jusqu'à juxtaposer quatre écrans différents). Le spectateur ne saura parfois plus où regarder, et ces barrières écraniques successives (jusqu'à celle que nous possédons nous-mêmes) vont tendre à créer une ambiguïté entre ce qui est vu et ce qui n'est pas vu, ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai (Glamorama).

 

Le personnage principal du film sera d'ailleurs constamment dans la distance, dans l'expérience. C'est-à-dire que c'est à travers l'écran (celui de sa caméra et de la télévision) qu'il va expérimenter l'acte de tuer. Là où le film est fort, c'est que c'est en prenant du recul (le hors-champ, la télévision) à partir d'un objet qui prend déjà du recul (le film en lui-même) que se créé un double-recul qui possède l'effet inverse (qui se rapproche davantage qu'il s'éloigne). C'est un peu comme la multiplication de deux chiffres négatifs en quelque sorte. Et ce qui illustre le mieux cette idée, de la mise en abîme qui fait ressortir la réalité moins que de la faire disparaître, c'est un des dialogues non pas de Benny's Video mais de Funny Games : « Si tu le vois, c'est ce que c'est vrai ». En créant une barrière derrière la barrière, Haneke ne réussit donc qu'à les briser plus sèchement et à rendre le malaise d'autant plus crédible.

 

Une crédibilité qui est non seulement à mettre au crédit des choix de mise en scène, mais aussi des acteurs (Angela Winkler, vue récemment dans Hell), et plus particulièrement de Arno Frisch, tant le film communique sa détresse caractéristique à travers son regard. Benny's Video c'est aussi un film sur l'adolescence et sur des faits terribles (un meurtre) qui ne s'appuient sur aucune motivation particulière. Quand sa mère lui demande à quoi il pense, le jeune homme répond « rien ». Il se rasera bien la tête et le spectateur qui a trop l'habitude de chercher la cause des comportements des personnages s'imaginera un American History X bis. Ce n'est pas le cas. On insiste sur le rasage de crâne pour mieux montrer que, justement, il n'a aucune utilité, aucune conséquence (sa seule raison d'être est de ne pas être). Et ça rend ce malaise adolescent encore plus troublant, car on ne lui cherche pas de raison profonde, de « motif », mais on présente juste cet état dangereusement amorphe, tel qu'il est.

 

Mais avant tout, et en tout cas pour moi, c'est un film sur la responsabilité. Le véritable drame du film ce n'est pas le meurtre, c'est la réaction des parents. Et c'est sur cette réaction, terrible, que l'on va insister, quitte à la remontrer une deuxième fois dans le film sous un nouvel angle encore plus terrorisant (on en revient aux principes des angles de vue multiples). Les parents qui laissent dans un premier temps transparaître une humanité plus prononcée que leur enfant, vont finalement être ceux au comportement le plus répréhensible, le plus déshumanisé. Si critique il y a, je ne l'ai pas vue sur la télévision, sur la violence-plaisir, mais sur la responsabilité, sur l'éducation, sur l'égoïsme profond (jamais on ne se demande : qui est cette fille ?) des parents, qui sont prêts à découper en petits morceaux une gamine. Pourquoi ? Parce qu'ils aiment trop leur fils, peut-être (j'en doute : ils hésitent à le dénoncer), mais surtout pour préserver leur image, leur réputation. C'est la petite famille bourgeoise qui ne veut pas être confrontée à la réalité, qui ne veut pas affronter ses responsabilités et qui, une fois le problème « réglé », reprend ses petites activités de la manière la plus détestable qui soit (« oh, que notre fille est intelligente, elle a gagné de l'argent ! on devrait s'y mettre aussi, non ? »). On a presque envie de foutre des coups de marteau un peu partout chez eux à ce moment-là.

 

En fin de compte celui qui (re)devient le plus humain et qui n'arrive pas à mettre cette histoire derrière lui, c'est le criminel, l'enfant. Et cet aveu qu'il fait (même si encore une fois dénué de tout motif) finit d'achever ce renversement qui a lieu dans notre esprit au cours du film (d'abord nous plaignons les parents d'avoir une telle progéniture, ensuite c'est l'inverse).

 

Benny's Video est donc un film qui aborde de nombreuses thématiques, qui peut bénéficier de plusieurs lectures, et qui génère tout le malaise qu'on attend d'un film de cette envergure. Reste la notion du plaisir qu'un spectateur peut prendre devant un tel objet. Une chose est sûre, ce n'est pas un plaisir de consommation, et il est peu probable que j'ai un jour envie de le revoir. Mais plonger dans un drame aussi réaliste c'est un plaisir différent, de « remise à niveau », le spectateur a besoin d'être bousculé de la sorte. Pourquoi regarde-t-on des documentaires qui traitent de situations dramatiques ? Parce que nous prenons du plaisir à voir souffrir les gens ? Non. Parce que c'est utile d'ouvrir sa conscience, de la nourrir de ce qui est bon et de ce qui est mauvais pour mieux l'interroger, la questionner. Haneke est le cinéaste qui interroge le mieux ma conscience, et de plaisir devant ses œuvres, il y en a donc forcément. Pas le plaisir d'une tartine de Nutella, mais le plaisir d'une introspection permanente.

 

 

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FAIT D'HIVER :

 

 

71 fragments d'une chronologie du hasard était un titre qui m'avait tout de suite plu. Plu et intrigué. Je ne me serais jamais douté que le titre était à prendre au pied de la lettre et qu'il s'agisse véritablement de 71 fragments qui font état d'une chronologie du hasard. Certains durent quelques secondes, d'autres un peu plus, sans n'être jamais très longs (il est fort probable que le fragment à la durée la plus conséquente soit celui de l'entraînement de ping-pong). Le titre fait très « découpage technique » et il est d'ailleurs fort probable que le scénario lui-même fasse soixante-et-onze pages. Soixante-et-onze pages où nous allons suivre le quotidien de quelques viennois, à l'approche des fêtes de noël (et pas que).

 

Ce qui est étonnant, avant toute chose, c'est le choix que fait Haneke d'annoncer, de révéler la surprise (qui n'en est plus une) du film, avant même que celui-ci n'ait commencé. Nous savons que le réalisateur autrichien aime beaucoup partir d'un fait divers et reconstituer l'histoire à sa façon, un peu à la manière d'un Gus van Sant (je reviendrai plus tard sur l'accointance qu'il y a à faire entre ces deux réalisateurs, criante à travers ce film), mais ici le choix de prévenir le spectateur du cheminement du film me paraît anti-hanekien (!). Si j'avais tant aimé Le Septième Continent c'était pour son caractère imprévisible et la manière dont ce quotidien auquel on pouvait tous s'identifier partait dans l'inattendu pour finir par nous bouleverser.

 

Avec ces 71 fragments c'est différent car nous savons tout de suite que l' « exceptionnel » attend les personnages que nous voyons défiler sous nos yeux. Du coup notre regard s'en retrouve tout de suite modifié et la fin ne possède pas le même impact : au lieu que cette révélation prématurée créée en nous une attente insupportable nous allons finalement connaître des périodes de désintérêt que la fin, aussi brutale soit-elle, ne parvient pas à faire oublier. Je pense donc pouvoir affirmer qu'il s'agit d'une décision impertinente, qui nuit au film et qui nuit à l'imaginaire du spectateur, contraint d'avoir toujours le dénouement en ligne de mire. Pourtant, en citant un film du même acabit et dont on connait déjà l'issue (Elephant), on se rend compte que le manque de tension ressenti durant 71 fragments n'est pas qu'à mettre sur le dos de son introduction.

 

Le film de Gus van Sant, qui aborde le même thème (un massacre), et qui se constitue d'ailleurs d'un montage similaire (segmenté) bien qu'a-chronologique, arrive à faire naître une tension davantage progressive, la connaissance du « dénouement » ne gênant en rien le malaise « échelonné », qui ne cesse de s'accroître. Question d'esthétique sûrement, puisque le film étant conscient de son caractère prévisible joue là-dessus, pour créer le malaise dès la première minute à travers une présence sensorielle d'ores et déjà pré-mortem (« Moonlight Sonata » est un exemple parmi tant d'autres). En revanche le cinéma d'Haneke essaie de rester épuré, d'être formellement ultra-réaliste. Par conséquent, ce qui en fait sa force, généralement, c'est de partir de la banalité pour arriver au drame : Le Septième Continent, mais aussi Benny's Video, contraignaient le spectateur (ayant au préalable été victime du processus d'identification) à subir le choc, la bascule de la normalité vers l'anormalité.

 

Si le film va pourtant garder contenance et rester dans l'ensemble réussi, c'est moins pour le carnage auquel il nous prépare lentement que pour le contenu. Un contenu qui n'a aucune utilité finale (ou très peu) mais qui s'avère pourtant extrêmement cohérent. Le rôle de la télévision, et plus précisément des informations, qui a toujours eu une place prépondérante dans les films de Haneke, va ici prendre une importance encore plus accrue. Ce que nous montre le réalisateur, à partir d'un fait divers, c'est à quel point ce dernier peut être représentatif de l'état maladif d'une société toute entière. J'ai souvent entendu dans ma vie des personnes me répondre, quand je leur racontais un fait divers quelconque : « Ce n'est pas de l'information, c'est un fait divers. » Sous-entendant en quelque sorte que nous n'avons pas à en débattre car il s'agit d'un phénomène isolé, qui n'est évocateur de rien et qui n'a donc pas à être commenté.

 

Je ne suis pas d'accord avec ce genre de réactions et ce film est certainement celui qui argumente le mieux mon désaccord. En présentant ces diverses personnes, qui vivent au sein d'une même ville, prises dans la même réalité (la nôtre, pas celle du film), on arrive à percevoir comment, derrière chaque information jetée de manière anodine par le présentateur ou la présentatrice télé, se cache la souffrance profonde d'une société (ici principalement l'Europe de l'est) que Haneke semble presque juger incurable (un pessimisme assez fatal se dégage de son œuvre). En transformant même l'histoire de son film en fait divers du film (mise en abime), suivant et précédant ceux qu'on a déjà vus (il insiste là-dessus en réutilisant deux fois la même bande informative), il nous montre comment toute cette décadence collective, en apparence éclatée, est reliée par un même mal profond, rongeant la société et toutes les personnes qui la composent, sorte de maladie transmissible à laquelle personne ne pourrait échapper. C'est un film sur la contagion, la contagion du crime, de la souffrance, de la violence, qui peut naître en à peu près tout le monde (le tueur n'a rien d'un tueur).

 

C'est finalement moins l'acte de tuer que Haneke pointe du doigt mais ce qui en est la cause, ce qui a nourri cet acte, à une plus grande échelle. On en revient ici clairement à la sensation ressentie durant Benny's Video, où la monstruosité du meurtrier s'effaçait pour faire naître une monstruosité encore plus inquiétante (celle des parents). Ici le message est encore plus global, plus précis, et le montage ambitieux aussi bien que la poignée de personnages présents dans le film montre que cette fois le visage des parents c'est celui de la société toute entière. Au « jeu » de la réécriture d'un fait divers, auquel d'autres s'adonneront plus tard (Gus van Sant : Last Days, Elephant), Michael Haneke transmet un message fort, qui sonde le mal d'une société mais aussi d'une époque. Un mal qui, en 2013, n'a malheureusement pas pris une ride. Comme la filmographie de Haneke en somme, éternellement moderne.

 

Modifié par Best_07

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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Revu Night of the Living Dead dernièrement, en version couleurs, rah toujours aussi bon comme ciné :wub:

 

Du coup je me suis refais la trilogie, petite préférence pour Day of the Dead, on fait plus des films comme ca maintenant :(

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En tout cas je ne te conseille pas Warm Bodies... :^:

Je suis un moi-même préfabriqué, je suis une aberration. Un être non-contingent. Ma personnalité est une ébauche informe, mon opiniâtre absence profonde de cœur. Il y a longtemps que la conscience, la pitié, l'espoir m'ont quitté, s'ils ont jamais existé.

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