LA VIE D'ADÈLE
Beauté, magistral.
Voilà, deux définitions de la Vie d'Adèle. L'histoire est éprouvante, dense, un concentré de pur jeu d'acteur et d'émotions.
La caméra de Kechiche filme magistralement les visages, les sentiments, les chorégraphies des acteurs, tous d'un niveau exceptionnel. L'émotion qui ressort de l'Histoire d'Adèle est simplement inexplicable, comme un plaisir solitaire.
Les préjugés feraient craindre l'ennui dans un film sentimental de 3h. Le film ne compte aucune longueur, toutes les scènes présentes ont une utilité, ce qui n'est pas forcément le cas de la majorité des films d'1h20, toutes les scènes qui peuvent paraître secondaire prennent sens au fil du récit.
3 heures sans ennui ? Oui, pour le bonne raison, que l'histoire est l'Histoire d'Adèle de ses 15 à 25 ans (environ), l'histoire sentimentale, amicale et professionnel d'Adèle, on est pas dans un film dicté par la nécessité d'abréger les scènes, par la dictature du temps, de la rapidité, on est là dans un roman visuel.
Pas d'ennui ? Oui, car l'attachement du spectateur à Adèle et à son destin est réel, grâce au réalisme saisissant des scènes. Réalisme des scènes sexuelles, plus proches d'un porno sensuel, que d'un film érotique, des scènes belles et longues. Réalisme des émotions. Réalisme des situations.
Le passage en douceur, du monde scolaire au monde éducatif que fréquente Adèle est fait en 1 seconde. L'effet est incroyable, c'est surement un sentiment personnel, mais ce passage d'au moins 4 ou 5 ans, ce fait sans réalité visuelle, les actrices ne paraissent pas plus âgées, mais un sentiment de continuité est présent, on ne sait rien de ce qui c'est passé durant, ces années mais un sentiment de continuité, de fluidité sort de l'écran.
Le thème éternel de la lutte des classes est également abordé, expliquant l'issue de la relation.
Un film parfait, tout y est, sauf une scène où Adèle pleure dans la rue durant 4 secondes, qui sonne étrangement fausse.
Les querelles entre les actrices et Kechiche nous privent, sans doute, du chapitre 3 et 4 de cette Histoire des émotions.